Les enfants rappellent aux dirigeants du Soudan du Sud le baiser du pape François, exigant la paix

Nairobi, 11 octobre, 2019 / 10:17 PM

Quelque six mois après que le pape François ait fait preuve d'un "geste théâtral" d'humilité en s'agenouillant et en embrassant les pieds des dirigeants du Soudan du Sud, une partie des enfants catholiques de ce pays vivant au Kenya ont utilisé leur rencontre avec le Nonce apostolique à Nairobi pour rappeler aux dirigeants politiques du pays l'acte du 11 avril, demandant la paix par un service qui démontre l'amour.

"Pourriez-vous s'il vous plaît nous apporter la paix en nous servant avec amour, de la même manière que vous avez été servis par Sa Sainteté le Pape François qui embrassait vos pieds ? C'est ce que nous appelons l'amour ", ont dit les enfants du Soudan du Sud dans un poème récité devant le Nonce apostolique au Kenya et au Soudan du Sud, Mgr. Bert van Megen après la une Messe à l'aumônerie du collège Hekima, à Nairobi, au Kenya, dimanche le 6 octobre.

Les adolescents qui se sont présentés comme " ambassadeurs de paix du Soudan du Sud " ont appelé les dirigeants politiques du Soudan du Sud, tant au gouvernement que dans l'opposition, à les écouter et à écouter leurs appels.

"Nous ne vous demandons pas d'embrasser nos pieds, mais d'arrêter la guerre et les conflits et de mettre de côté vos différences ", ont souligné les enfants dans leur poème.

"Nous demandons à nos dirigeants de nous servir avec amour, de la même manière qu'ils ont été servis par le Saint-Père en embrassant leurs pieds ", ont-ils dit à des centaines de catholiques du Soudan du Sud, dont des prêtres, des religieux et religieuses, des séminaristes et des laïcs.

Les enfants ont en outre appelé les dirigeants à " apporter la lumière et laisser la paix briller " dans la plus jeune nation du monde, faisant écho au message du Pape François aux dirigeants de leur pays après avoir participé à une retraite au Vatican en avril.

Au cours de la rencontre du 11 avril, le pape François a supplié le président du Soudan du Sud Salva Kiir, le chef rebelle Riek Machar et d'autres dirigeants politiques présents de cultiver la paix en disant : "Je vous demande en tant que frère de rester en paix. Je vous le demande de tout mon cœur, allons de l'avant. Il y aura beaucoup de problèmes, mais ils ne nous surmonteront pas. Résolvez vos problèmes."

On espérait que le geste et l'appel sans précédent du pape François inciterait les dirigeants politiques du Soudan du Sud à respecter l'échéance de l'armistice qu'ils avaient précédemment signé et à former un gouvernement d'union nationale en mai 2019 dans le cadre de l'Accord revitalisé pour le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (R-ARCSS).

Cependant, un peu plus de deux semaines après la retraite spirituelle et la rencontre avec le pape François au Vatican, les dirigeants politiques du Soudan du Sud ont décidé de reporter de six mois, du 12 mai au 12 novembre, la formation d'un gouvernement d'unité, laissant place à une instabilité politique persistante et à la violence dans certaines parties du pays.

"Nous sommes les enfants de cette terre, nous sommes les enfants du Soudan du Sud ", ont dit les enfants catholiques du Soudan du Sud vivant à Nairobi dans leur dernier poème du dimanche en recevant leur invité, Mgr van Megen.

S'adressant à ACI Afrique en marge de la réunion de dimanche, la représentante des femmes catholiques Anna Itwari Felix a décrit le geste du Pape -baiser les pieds des dirigeants du Soudan du Sud- comme un "acte d'humilité sans précédent (qui) n'est jamais arrivé à personne auparavant".

"Jusqu'à présent, nous sommes touchés par le baiser que le pape François a donné à nos dirigeants dans leur quête de justice et de paix ", a déclaré Mme Itwari.

Suzan Lomoro, responsable de la jeunesse du Soudan du Sud, a interprété le baiser du Pape François comme un signe de la proximité du Pontife avec le Soudan du Sud.

"Nous sommes consolés par la proximité de l'Église par rapport à nos souffrances en temps de guerre et par le succès de notre processus indépendant et de l'accompagnement du peuple du Soudan du Sud et du Soudan dans les moments les plus difficiles ", a déclaré Mme Lomoro en faisant référence à la contribution de l'Église avant et après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011.

Pour sa part, le Dr Chol O. Giel, qui représentait les anciens à l'événement dominical, a reconnu l'engagement du Saint-Siège et a déclaré : "Nous n'avons aucun doute que l'engagement du Vatican a été rendu encore plus clair pour nous tous en invitant nos dirigeants politiques à aller au Vatican".

Selon Mgr van Megen, en embrassant les pieds des dirigeants politiques du Soudan du Sud, le pape François " s'humiliait lui-même pour que les dirigeants comprennent que la seule façon d'avancer est de s'humilier, de sauter par-dessus son ombre, d'oublier sa négativité ".