Un cardinal ghanéen conseille le pardon et justice en réponse à l'assassinat de George Floyd

Cité du Vatican, 05 juin, 2020 / 6:17 PM

Mercredi, le cardinal Peter Turkson a dénoncé l'existence du racisme dans le monde, exhortant les gens à rechercher la justice et la fraternité, et à pardonner à ceux qui leur ont fait du mal ou à d'autres.

S'exprimant à Vatican News le 3 juin, le cardinal ghanéen a déclaré que le racisme était un phénomène social répandu, et qu'on pouvait le trouver non seulement aux États-Unis mais aussi dans de nombreuses autres régions du monde.

"Pour nous, en tant qu'Eglise, cela va à l'encontre de la chose fondamentale que nous croyons sur la personne humaine dès la Création. Nous sommes créés à l'image et à la ressemblance de Dieu. Chaque personne est imprégnée de la dignité humaine qui est précieuse aux yeux de Dieu, qui ne vient d'aucune personne humaine", a-t-il déclaré.

Turkson a répondu à des questions sur le racisme dans le contexte des vastes manifestations qui ont eu lieu aux États-Unis après la mort de George Floyd en garde à vue. Certaines manifestations se sont transformées en nuits d'émeutes et en conflits avec la police. Au moins cinq personnes sont mortes au cours de ces manifestations.

Le cardinal, qui est le préfet du Dicastère pour la promotion du développement humain intégral, a parlé de la justice comme d'une "vertu positive".

"La justice est en fait le raccommodage des relations, la restauration des liens. Dans une situation comme celle-ci, le cri pour la justice signifie le cri contre ce qui blesse la fraternité, ce qui empêche la fraternité de se produire", a-t-il déclaré.

"Lorsque nous avons des situations qui vont radicalement à l'encontre de la dignité humaine, qui la contrarient ou la tuent, cela devient une grande source d'inquiétude", a-t-il poursuivi.

Turkson a cité deux exemples d'actes d'injustice envers Dieu et l'homme qui ont eu lieu peu après la création.

"La première était la désobéissance à la parole de Dieu. Le second était le meurtre d'un frère", a-til déclaré, faisant référence au meurtre de son frère Abel par Caïn. "Le premier cas de violence dans la personne humaine est le meurtre d'un frère."

Dans la vidéo de l'arrestation de George Floyd le 25 mai, on peut voir un officier de la police de Minneapolis agenouillé sur le cou de Floyd pendant plusieurs minutes après sa mise en détention.

On pouvait entendre Floyd dire "Je ne peux pas respirer". Il est mort peu après.

Face au racisme, l'Eglise doit promouvoir la dignité de la personne humaine, a déclaré le cardinal Turkson dans l'interview.

"C'est dans ce contexte", a-t-il déclaré, "que le Président de la Conférence des évêques américains, réfléchissant à cette situation, déclare que les émeutes dans les villes américaines reflètent la frustration justifiée de millions de frères et sœurs qui, même aujourd'hui, ne connaissent l'humiliation, l'indignité, l'inégalité des chances qu'à cause de la couleur de leur peau".

Le cardinal a également noté les louanges de l'Eglise catholique pour les appels du frère de George Floyd à une action civile non violente, et a déclaré "Je voudrais ajouter à l'appel à la non-violence l'appel au pardon. C'est, je pense, la façon dont nous pouvons rendre digne la mémoire de George Floyd".

Le cardinal a également exhorté les évêques, les prêtres et les autres responsables catholiques des États-Unis à s'unir dans la prière, en particulier dans les nombreuses villes en proie à la violence, en leur proposant d'organiser un événement de prière œcuménique ou interreligieux dans un parc ouvert.

"En tant qu'Église catholique, c'est ce que nous pouvons faire : prier pour George maintenant. Et ce serait formidable si l'on pouvait organiser un grand événement de prière pour rassembler les gens", a-t-il ajouté. "Cela leur donnerait la possibilité d'exprimer leur colère refoulée, mais d'une manière qui soit saine, d'une manière qui soit religieuse, d'une manière qui soit curative".