La Côte d'Ivoire a besoin d'une « Église prophétique » avant le scrutin présidentiel d'octobre : les évêques catholiques

Abidjan, 27 mai, 2025 / 4:50 PM

La Côte d'Ivoire, pays d'Afrique de l'Ouest, a besoin d'un peuple de Dieu « prophétique » avant l'élection présidentielle prévue en octobre 2025, ont déclaré les évêques catholiques du pays.

Les évêques catholiques de Côte d'Ivoire ont appelé l'Église à jouer un rôle audacieux et prophétique, en se présentant comme un phare de la justice, de la paix et de l'unité nationale dans un contexte d'incertitude politique.

Dans une déclaration publiée à l'issue de leur 127e Assemblée plénière dans le diocèse catholique de Grand-Bassam, les membres de la Conférence épiscopale de Côte d'Ivoire (CECCI) exhortent les chefs religieux à aller au-delà du leadership spirituel au niveau des sacrements et de la prédication et à lancer des initiatives qui peuvent réaliser une société juste et inclusive.

« Le pays a besoin d'une Église prophétique, d'une Église qui éduque à la citoyenneté responsable, à la non-violence, au dialogue, d'une Église qui ne s'allie pas à des intérêts partisans, mais qui se tient aux côtés des petits, des oubliés, des expulsés et des faibles », affirment les membres de la CECCI dans leur déclaration du 25 mai.

Ils appellent à une institution qui « invite les jeunes à croire en la paix et à rejeter la manipulation », une institution qui « pratique la justice, la vérité et la transparence dans sa gouvernance pastorale, économique et financière ».

Les membres de la CECCI rappellent le rôle historique de l'Eglise dans l'accompagnement de la nation ivoirienne en période de turbulences, depuis ses racines missionnaires jusqu'à ses interventions prophétiques lors des crises nationales. « Nous nous souvenons du rôle de l'Eglise en période de crise, lorsque des voix prophétiques appelaient à la réconciliation, à la vérité, à la justice et à la non-violence. »

Les responsables de l'Église catholique affirment que ce souvenir doit servir de base à un engagement renouvelé, car « se souvenir, c'est s'engager à pardonner, à réparer, à reconstruire l'unité ecclésiale et nationale ».

Dans cet esprit, les membres de la CECCI lancent un appel à la réconciliation entre les membres de l'Église, à commencer par le clergé, les membres des Instituts de vie consacrée et des Sociétés de vie apostolique (ICLSAL) et les laïcs « pour les manquements dans nos actions et dans notre être ».

Dans la perspective du scrutin présidentiel d'octobre, les évêques catholiques de Côte d'Ivoire s'engagent à continuer à prier pour la nation, à guider les consciences et à offrir des « espaces de dialogue et de réconciliation ».

Ils appellent les Ivoiriens à « rejeter les discours de haine et à embrasser les valeurs de paix et de fraternité » et soulignent : « En tant que pasteurs, nous demandons à tous d'être des artisans de paix ».

Les évêques catholiques soulignent la nécessité de construire « une Église plus synodale ; une Église qui marche ensemble, qui écoute profondément et qui donne une voix à ceux qui sont en marge ».

« Une Église synodale en Côte d'Ivoire est une Église qui préserve la paix, sème l'unité et promeut une gouvernance fraternelle et une gestion transparente », affirment-ils.

Réfléchissant à 50 ans de témoignage catholique dans le pays, les membres de la CECCI notent que le Jubilé d'or n'est pas simplement une célébration mais un « appel à continuer à servir l'Église et la Côte d'Ivoire avec le cœur du Christ ».

En allant de l'avant, disent-ils, l'Église restera « une mémoire vivante des grâces reçues et des blessures à guérir ; une mission fervente, fidèle à l'Évangile et attentive aux souffrances du peuple et une communauté synodale, prête à relever les défis de la mission ».