Abuja, 02 juin, 2025 / 10:30 PM
Mgr David Ajang, de la diocèse catholique de Lafia au Nigeria, condamne la recrudescence des enlèvements et des meurtres visant le clergé catholique dans le pays.
Dans un entretien accordé à ACI Afrique en marge d’une messe d’action de grâce marquant la 59ᵉ Journée mondiale des communications sociales (JMC) 2025, Mgr Ajang a déclaré que les prêtres catholiques de la nation ouest-africaine sont confrontés à une insécurité croissante.
« Les prêtres au Nigeria sont devenus une espèce en voie de disparition à cause de l’insécurité généralisée. La plupart de ceux qui enlèvent des prêtres ne le font pas nécessairement pour attaquer la foi, mais plutôt en raison de la situation économique du pays », a confié le prélat nigérian à ACI Africa, dimanche 1ᵉʳ juin.
Il a ajouté : « Les prêtres vivent souvent dans des zones rurales, où ils sont parmi les rares à rester auprès des populations. Cela fait d’eux des cibles faciles. »
Mgr Ajang a cité des incidents récents dans l’État de Benue où un prêtre a été tué et un autre grièvement blessé, tout en soulignant que ces attaques ne traduisent pas une volonté réelle de faire taire le message de l’Évangile.
« Les attaques contre le clergé ne doivent jamais être interprétées comme une menace à la propagation de l’Évangile. Rien ne pourra jamais arrêter la diffusion de la Bonne Nouvelle du Christ. L’Église a survécu à des temps bien plus difficiles. Ce n’est pas la fin. Ces attaques confirment même la force de l’Évangile à s’épanouir dans l’adversité », a-t-il déclaré.
Il a expliqué que cette vulnérabilité accrue des prêtres est aussi liée à l’exode des élites locales, y compris des chefs traditionnels, qui quittent les zones rurales. Beaucoup de chefs vivent désormais en ville pour des raisons de sécurité, laissant le prêtre comme seul référent d’autorité et de soutien dans les communautés.
« Dans de nombreux villages, le seul notable qui vit encore avec le peuple est le prêtre. Les chefs sont partis. La présence de l’État est insignifiante. Le prêtre devient donc une cible facile. Pour beaucoup de ravisseurs, il s’agit d’argent facile », a expliqué l’évêque.
L’ordinaire du diocèse de Lafia, qui est aussi président de la Commission pour les communications sociales de la Conférence des évêques catholiques du Nigeria (CBCN), a affirmé que la dégradation économique du pays a transformé l’enlèvement en un commerce lucratif.
« Avec l’économie sans numéraire, les gens ont de plus en plus de mal à accéder légalement à l’argent. Le kidnapping est devenu une industrie qui, malheureusement, prospère. Et les prêtres sont perçus comme des relais directs vers l’argent. Les ravisseurs ne visent pas que la personne du prêtre, mais toute la communauté paroissiale, l’Église, voire même le gouvernement, sachant que tout le monde se mobilisera pour faire libérer le prêtre », a-t-il déclaré.
L’insécurité est omniprésente dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, où les enlèvements, les meurtres et d’autres formes de persécution contre les chrétiens sont fréquents, notamment dans le nord.
Malgré ces menaces, Mgr Ajang a insisté sur le fait que les prêtres ne peuvent pas abandonner leurs communautés.
« Le prêtre ne peut pas quitter le village. C’est là qu’est sa place. Contrairement à d’autres qui peuvent partir, lui doit rester auprès de son peuple. C’est un appel et un engagement, être là dans les bons comme dans les mauvais moments », a-t-il souligné.
En évoquant le thème de la JMCS, « Partager avec douceur l’espérance qui est dans vos cœurs », Mgr Ajang a réfléchi sur le rôle des journalistes au Nigeria.
« Le bien de l’humanité doit être au cœur de chaque récit. Il est essentiel de rapporter la vérité, mais il faut aussi considérer comment cette vérité favorise l’unité, la paix et la dignité humaine », a-t-il indiqué.
L’évêque catholique a salué le courage et le professionnalisme des journalistes nigérians qui, malgré le harcèlement et la censure, continuent de raconter des histoires qui tiennent les puissants responsables de leurs actes.
« Malgré les risques, de nombreux journalistes font du bon travail. Ils disent la vérité sans attiser la violence ni la division. Cet équilibre est essentiel, et ils méritent notre respect », a déclaré Mgr Ajang.
Il a appelé le gouvernement à soutenir un paysage médiatique sûr, indépendant et dynamique.
« Le gouvernement doit faciliter le travail des journalistes. Si les professionnels des médias ne se sentent pas en sécurité ou sont restreints, c’est toute la société qui en souffre. Mais nous devons aussi reconnaître que la désespérance politique conduit souvent à des tentatives de museler les médias », a conclu Mgr Ajang.
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