vendredi, 05 décembre 2025 Faire un don
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Un évêque catholique kenyan appelle à l'unité entre les communautés en conflit après le meurtre d'un prêtre

Les communautés de la vallée de Kerio au Kenya, infestée de bandits et où le Père Allois Cheruiyot Bett a été assassiné, ont davantage de points qui les unissent que de facteurs qui les divisent, a déclaré l’évêque du diocèse catholique d’Eldoret, en charge de cette région.

Dans un appel empreint d’émotion en marge de la messe de requiem du Père Allois le lundi 2 juin, Mgr Dominic Kimengich a affirmé que, s’il n’y avait qu’une seule chose qui unit les habitants de la vallée de Kerio, c’est bien la langue. Il a lancé un appel à mettre fin aux décennies de violence et de divisions qui secouent cette région.

« Nous parlons la même langue… Alors, qu’est-ce que c’est ? Où est le problème ? », a interrogé Mgr Kimengich. Il a ajouté : « Ne pouvons-nous pas nous asseoir et être sérieux une bonne fois pour toutes ? »

La vallée de Kerio est la région où le Père Allois était prêtre responsable de la nouvelle paroisse Saint Matthias Mulumba Tot du diocèse d’Eldoret, avant d’être brutalement assassiné le 22 mai.

La mort du jeune prêtre reste entourée de mystère, beaucoup l’associant à des enquêtes policières sur le banditisme dans la région. Selon un article publié le 25 mai par le journal The Standard, des agents de la Direction des enquêtes criminelles (DCI) du Kenya s’étaient rendus à la paroisse pour rencontrer le prêtre catholique deux jours de suite avant sa mort. Les agresseurs du Père Allois l’ont attaqué par surprise alors qu’il descendait d’une colline après avoir célébré la messe avec les membres d’une petite communauté chrétienne (PCC).

Dans son intervention du 2 juin, Mgr Kimengich a révélé que les appels à la paix lancés par l’Église catholique dans la vallée de Kerio n’avaient pas abouti, à commencer par ceux de son prédécesseur, feu Mgr Cornelius Korir, dont les supplications pour mettre fin à la violence étaient restées lettre morte.

L’évêque a exhorté les dirigeants locaux, en particulier les chefs communautaires, à « aller en profondeur » pour comprendre ce qui mine cette région rongée par les vols de bétail et les tueries qui ont coûté de nombreuses vies et provoqué le déplacement de milliers de personnes.

« Le défunt Mgr Cornelius Korir a œuvré dans cette région, et l’on m’a dit qu’avant de partir, quelque chose s’est passé. L’évêque a abandonné les gens, et depuis ce temps, nous n’avons jamais eu la paix ici », a témoigné Mgr Kimengich, évêque d’Eldoret depuis février 2020, en parlant de son prédécesseur décédé en octobre 2017 à l’âge de 67 ans.

« Il est important d’approfondir cette affaire », a-t-il insisté, avant d’ajouter : « Pouvons-nous aller au fond des choses et chercher une solution qui apportera la paix ici ? Ce n’est plus une affaire banale. Car si un prêtre a été tué, nous avons franchi la ligne rouge. Et plus personne n’est en sécurité ici. »

« Peuple Marakwet », a supplié l’évêque, en s’adressant à cette communauté historiquement en conflit armé pour les terres et le bétail avec les Pokot dans la vallée de Kerio, « je suis votre évêque. Et à nos leaders, cherchons une solution durable à ce problème. »

« En tant qu’Église, nous ne recherchons rien ici. Nous ne cherchons pas le pouvoir. Nous venons simplement servir le peuple de Dieu », a déclaré l’évêque, dont le ministère épiscopal a commencé en mai 2010 en tant qu’évêque auxiliaire du diocèse de Lodwar au Kenya.

Il a également dénoncé l’inaction de la communauté après l’assassinat du Père Allois. « La communauté a dit qu’elle avait besoin de trois jours. Nous avons tous accepté de leur accorder ces trois jours. Mais ces criminels n’ont pas été arrêtés. Nous nous demandons même s’ils sont encore dans les environs, car en trois jours, personne n’a été interpellé », a déploré Mgr Kimengich.

Ses propos ont été appuyés par Mgr John Kiplimo Lelei, son auxiliaire, qui a appelé à identifier les assassins du Père Allois.

Dans son homélie du mardi 3 juin, lors de l’inhumation du prêtre catholique kényan décédé à l’âge de 33 ans, Mgr Lelei a déclaré : « Nous savons que le gouvernement travaille sur cette affaire, mais nous prions pour qu’il accélère les enquêtes. Nous voulons que les bandits soient identifiés et que justice soit faite. »

Mgr Lelei a rendu hommage au Père Allois, qu’il a décrit comme un prêtre obéissant.
« Le Père Allois était toujours joyeux et aimable. Il possédait de nombreuses vertus », a déclaré l’évêque lors de la messe de funérailles célébrée sur le terrain du collège St. Michael Terige, ajoutant que le défunt prêtre « était très proche des enfants de son village natal, qui l’entouraient toujours lorsqu’il rendait visite à ses parents. »

Il a affirmé que l’assassinat du Père Allois avait plongé tout le diocèse dans une profonde tristesse et un grand choc. « Beaucoup continuent de se demander pourquoi notre prêtre a été tué. Personne ne nous a donné de réponse, alors nous remettons tout entre les mains de Dieu », a-t-il déclaré.

Selon Mgr Lelei, le prêtre assassiné possédait un don particulier pour rassembler les gens. C’est ce trait de caractère qui avait motivé sa nomination comme premier curé de la paroisse de Tot. « Il avait été envoyé pour rapprocher les gens les uns des autres et pour prêcher la paix. Et il a très bien rempli cette mission. »

L’évêque s’est souvenu du slogan du Père Allois à Tot : « nous sommes ici pour désarmer l’esprit, et pour désarmer le cœur ».

Invitant le peuple de Dieu du diocèse d’Eldoret à « lâcher prise », Mgr Lelei a dit : « Nous avons pleuré et posé beaucoup de questions. Mais il est temps de tourner la page. Il est temps de rester calmes et d’essayer d’accepter ce qui est arrivé. Il est temps de se rendre. Il est temps de croire en Dieu et de croire en la résurrection. »

Il a exprimé sa conviction que, malgré la mort du Père Allois, la mission dans la vallée de Kerio se poursuivra. « Ceux qui ont tué le Père Allois pensent qu’il est mort. Mais il est vivant. Ils croient que sa mission s’est arrêtée. Mais non. Cette mission n’est pas la sienne. C’est la mission de Dieu », a affirmé Mgr Lelei.

Il a repris les paroles de Mgr Kimengich qui, dans un discours précédent, avait déclaré que le sang versé du prêtre catholique serait « une semence de vie nouvelle » pour cette communauté affligée depuis des décennies par le vol de bétail et les tueries.

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