Johannesburg, 25 juin, 2025 / 6:45 PM
La présidence actuelle du G20 assurée par l’Afrique du Sud constitue une occasion pour « l’Afrique de faire entendre sa voix morale », a déclaré le président de la Commission Justice et Paix (JPC) de la Conférence des Évêques catholiques d’Afrique australe (SACBC).
Dans son discours d’ouverture, prononcé lundi 23 juin lors du Symposium international sur la justice mondiale et la solidarité, Mgr Thulani Victor Mbuyisa a qualifié cette rencontre de deux jours organisée sous le thème « Justice mondiale et priorités africaines du G20 – relier vision morale et stratégie politique » de « nécessité morale ».
« La présidence sud-africaine du G20 n’est pas seulement une opportunité diplomatique. C’est un appel pour que l’Afrique élève sa voix morale, enracinée dans notre réalité vécue et notre héritage spirituel », a déclaré Mgr Mbuyisa au premier jour de l’événement tenu à l’Université du Cap.
L’Ordinaire du diocèse catholique de Kokstad, en Afrique du Sud, a ajouté : « Nous devons parler non seulement avec des données économiques, mais aussi avec les cris de notre peuple et la force morale de notre foi. »
Il a souligné que cette réunion du G20, qui regroupe 19 pays souverains, l’Union européenne (UE) et, depuis 2023, l’Union africaine (UA), ne doit pas être perçue « comme une simple formalité, mais comme une nécessité morale. »
« En ce moment de fracture mondiale – alors que les inégalités se creusent, que la dette étouffe, que la création gémit et que l’avenir de millions d’enfants est en jeu – l’Afrique a un rôle prophétique à jouer », a-t-il insisté.
La présidence du G20, qui est tournante, donne au pays hôte la responsabilité d’organiser les sommets de haut niveau, de coordonner les discussions et de fixer l’ordre du jour. En tant que présidente du G20 en 2025, l’Afrique du Sud joue ce rôle central.
Organisé en partenariat avec le Réseau jésuite pour la justice et l’écologie – Afrique (JENA), le symposium vise à formuler des « propositions concrètes » comme la création d’un Fonds d’impact écologique (EIF) pour stimuler l’innovation climatique dans les pays du Sud.
L’événement vise aussi à promouvoir une architecture mondiale de la dette plus juste et responsable, centrée sur l’équité et le bien commun, ainsi qu’à encourager la mise en place d’un Programme universel de repas scolaires en tant qu’engagement mondial pour la nutrition et l’éducation des enfants.
Selon les organisateurs, les résultats du symposium seront rassemblés dans la Déclaration du Cap sur la justice et la solidarité mondiales, qui sera soumise aux Sherpas du G20 et aux dirigeants nationaux avant le Sommet du G20 de cette année.
Créé en 1999 après la crise financière asiatique de 1997-1998, le G20 réunit les plus grandes économies industrielles et émergentes. Il représente 85 % du PIB mondial, 75 % du commerce international et les deux tiers de la population mondiale.
Les membres incluent : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Turquie, ainsi que l’UE et l’UA.
Initialement centré sur les questions macroéconomiques, le G20 a élargi son champ d’action à des sujets comme le commerce, le changement climatique, le développement durable, la santé, l’agriculture, l’environnement et la lutte contre la corruption.
Dans son discours du 23 juin, Mgr Mbuyisa a fait référence à l’encyclique Laudato Si’ du défunt pape François pour justifier l’importance morale de la présidence sud-africaine du G20.
« Nous ne faisons pas face à deux crises distinctes – l’une environnementale et l’autre sociale – mais à une seule crise complexe, à la fois sociale et environnementale », a affirmé le membre sud-africain de la Congrégation des Missionnaires de Mariannhill (CMM), citant Laudato Si’.
Il a expliqué que « la dévastation écologique que nous observons reflète l’effondrement de la solidarité humaine. Ce sont les deux faces d’une même crise spirituelle. »
Mgr Mbuyisa a également cité le pape Léon XIV, affirmant qu’il « a déjà exprimé un profond engagement envers la mission de l’Église en Afrique, appelant à une nouvelle architecture de solidarité qui lie le destin des nations à la dignité de chaque personne. »
« Que signifie cela pour nous, réunis ici au Cap pendant ces deux jours ? », a-t-il demandé, avant de répondre : « Cela signifie que notre symposium ne doit pas simplement générer des discussions – comme d’autres intervenants l’ont déjà souligné – mais qu’il doit susciter une action morale. »
L’action morale, selon lui, exige de l’audace : « appeler, d’une seule voix, à une économie centrée non pas sur les profits de quelques puissants, mais sur la protection des pauvres et de notre maison commune, notre planète. »
Il a poursuivi : « L’action morale signifie aussi plaider pour l’allégement de la dette non comme un don, mais comme une question de justice. Faire des repas scolaires, de l’éducation et de la résilience climatique non des préoccupations secondaires, mais le cœur de l’agenda du G20. »
Il a conclu : « Ne laissons pas notre vision être limitée par ce qui est politiquement commode, mais inspirons-nous de ce qui est moralement juste. Portons, depuis cette ville du Cap, une nouvelle alliance de solidarité, liant la dignité de nos peuples aux décisions de nos dirigeants élus. »
« Que ce symposium porte des fruits durables, et que l’esprit de justice guide toutes nos délibérations », a imploré l’évêque catholique sud-africain, à la tête du diocèse de Kokstad depuis son ordination épiscopale en juin 2022.
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