Cité du Vatican, 31 juillet, 2025 / 3:55 PM
Le Vatican connaît un boom des demandes de bénédictions du nouveau pape, avec une augmentation d’au moins 30 % durant le premier mois du pontificat de Léon XIV, témoignant de l’enthousiasme suscité par ce début et mettant en lumière une pratique traditionnelle mêlant dévotion et collecte de fonds pour des œuvres caritatives.
En juin, le Vatican a accordé 20 000 demandes de bénédiction papale — contre 12 000 à 15 000 parchemins distribués habituellement chaque mois — un phénomène « qui n’est jamais arrivé dans l’histoire », a déclaré le cardinal Konrad Krajewski à CNA cette semaine.
Le cardinal polonais, responsable des activités caritatives du Vatican et de la délivrance des certificats de bénédiction, a expliqué qu’à la réouverture des bureaux en mai après l’interrègne papal et l’élection de Léon XIV, une file d’attente longue d’un dixième de mile s’était formée, serpentant à l’extérieur du bâtiment, dans la rue, et presque jusqu’à la porte Sant’Anna du Vatican.
Le bureau des œuvres caritatives papales a dû suspendre les commandes en ligne pendant environ deux semaines en juin, car il ne pouvait pas suivre le rythme des demandes, a-t-il ajouté. « Tout le monde voulait la bénédiction du nouveau pape. »
Il a également précisé que le début du pontificat coïncidait avec une période de l’année où beaucoup reçoivent des sacrements comme la confirmation, la première communion ou l’ordination sacerdotale, ce qui a contribué à la hausse de la demande.
La signification d’une bénédiction
Selon le Catéchisme de l’Église catholique, les bénédictions — des personnes, des repas, des objets et des lieux — glorifient Dieu et prient pour ses dons.
« En Christ, les chrétiens sont bénis par Dieu le Père ‘de toute bénédiction spirituelle’. C’est pourquoi l’Église transmet les bénédictions en invoquant le nom de Jésus, généralement en traçant le signe de croix », indique le catéchisme.
Pour les catholiques, la bénédiction du pape a une signification particulière, puisqu’il est leur père spirituel.
« Nous voulons demander la bénédiction du pape, que nous accrochons chez nous et qui nous aide à traverser les moments difficiles », a expliqué le cardinal Krajewski. Cela aide à savoir « qu’il y a quelqu’un qui porte le nom de Jésus, qui entre sous mon toit et me bénit ; c’est quelque chose de normal, de très humain. »
Les fidèles peuvent recevoir la bénédiction du pape lors d’une rencontre en personne ou désormais via les réseaux sociaux ou la télévision. Mais avoir sa bénédiction apostolique sur papier, affichée à la maison, permet de se sentir « fortement uni au pontife, qui représente Notre Seigneur », a ajouté le cardinal.
Il a comparé la bénédiction au baiser d’une mère sur le genou blessé de son enfant : elle ne supprime pas forcément la douleur, mais l’expression de la proximité du pape peut apporter un grand réconfort aux croyants qui essaient de vivre leur foi chrétienne.
Comment est fabriquée une bénédiction ?
Depuis la fin du XIXe siècle, le Vatican délivre des certificats signés et tamponnés conférant des bénédictions apostoliques aux catholiques, généralement à l’occasion d’événements particuliers tels que baptêmes, mariages, anniversaires, premières communions, etc.
Pendant un temps, le Vatican avait autorisé certains magasins de souvenirs proches de la basilique Saint-Pierre à vendre ces bénédictions, mais cette pratique a cessé en 2014. Désormais, la seule manière de demander un parchemin de bénédiction apostolique est en ligne ou en personne au bureau des œuvres caritatives papales au Vatican.
Les commandes en ligne doivent correspondre à des catégories limitées et nécessitent une simple déclaration personnelle d’éligibilité. Toutefois, les demandes en personne peuvent être faites pour d’autres motifs, par exemple en cas de maladie, et dans ces cas, le bureau des œuvres caritatives exige qu’un curé de paroisse ou un nonce apostolique (ambassadeur du pape) se prononce sur la pertinence de l’octroi.
Cette mesure vise à éviter que des bénédictions soient utilisées à des fins scandaleuses, comme être affichées dans un hôpital pratiquant des avortements, ce qui pourrait donner une fausse impression d’approbation papale, a expliqué le cardinal.
Après réception d’une demande, il faut entre deux et trois semaines pour traiter la commande, créer le parchemin (en réalité un papier épais) et le préparer à être retiré ou expédié.
Une partie de la préparation comprend la calligraphie des certificats — pour laquelle le bureau emploie 11 calligraphes.
Le cardinal a précisé que certains parchemins sont encore réalisés entièrement à la main, mais que la majorité des personnes préfèrent aujourd’hui l’impression plus lisible par ordinateur. Tous contiennent cependant des éléments manuscrits, comme la lettre initiale ornée de certains mots.
À quoi servent les fonds ?
Le Vatican facture environ 23 à 35 dollars pour chaque certificat de bénédiction — un don suggéré — et chaque centime des recettes est reversé aux personnes souffrant de pauvreté, guerre ou catastrophe.
(L'histoire continue ci-dessous)
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« Nous disons que la vraie bénédiction, ce sont les aumônes », a déclaré Krajewski. « Parce que chaque don issu des bénédictions va aux pauvres. »
Nommé aumônier papal par le pape François en 2013, le cardinal a insisté sur l’importance des dons pour les œuvres caritatives menées par son bureau. Il n’a pas donné de chiffres exacts, mais a indiqué qu’en 2024, la majeure partie des 8 millions de dollars dépensés dans le monde provenait de ces dons.
« Nous sommes les premiers secours du pape Léon », a-t-il affirmé. « Quand quelque chose arrive dans le monde, nous sommes les premiers secours... l’ambulance qui accourt au secours. »
Un projet récent financé par ces dons a permis d’aider les victimes du typhon à Taïwan. Grâce au nonce apostolique, le Vatican peut envoyer des fonds à un pays dans le besoin en quelques heures.
« Le Saint-Père nous rappelle qu’il ne suffit pas de dire ‘je suis désolé’, ‘je suis uni à vous’, mais qu’il faut aussi envoyer une aide concrète. »
Un autre don récent de l’organisme caritatif du Vatican a été un four à pain pour la ville en guerre de Kharkiv, en Ukraine. Pendant la guerre, le Vatican a fourni nourriture, soins médicaux et même de l’argent aux personnes en difficulté, souvent livré dans un camion conduit par le cardinal Krajewski lui-même, âgé de 61 ans.
« Le pape François m’a dit un jour que si cet argent ne va pas aux pauvres, j’irai en enfer », a raconté le cardinal. « Il a été très, très direct. Et il demandait toujours si notre compte bancaire était vide, car si c’était le cas, cela voulait dire que nous avions beaucoup aidé. »
« Mais les bénédictions nous assurent d’avoir les ressources nécessaires pour aider, et c’est une belle chose », a-t-il conclu.
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