Juba, 18 août, 2025 / 9:59 PM
Le 16 août au petit matin, un affrontement entre des soldats des Forces de défense du peuple du Soudan du Sud (SSPDF) et des forces alliées au Mouvement de libération du peuple du Soudan en opposition (SPLM-IO), également appelées forces anti-gouvernementales (AGF), dans les zones de Lasu et Libogo, a provoqué des perturbations, a déclaré l’ordinaire local du diocèse catholique de Yei.
Dans un enregistrement vocal partagé avec ACI Afrique, Mgr Alex Lodiong Sakor Eyobo raconte l’incident et déplore la recrudescence de la violence dans l’État de l’Équatoria central, soulignant que les confrontations armées ne font qu’accentuer la souffrance des civils, en particulier des enfants et des femmes.
Les affrontements ont eu lieu tôt le matin du samedi 16 août, lorsque des combattants d’un groupe d’opposition armé ont attaqué des détachements des Forces de défense du peuple du Soudan du Sud (SSPDF) dans la région de Laso. L’évêque, qui se trouvait à Laso pour une visite pastorale à la paroisse de l’Assomption, a raconté que lui et son équipe pastorale ont été réveillés vers 4h30 par ce qu’il a comparé à des « popcorn », faisant référence aux rafales de tirs.
« Nous étions dans l’église, et soudain nous avons vu des gens courir, bien sûr pour se mettre en sécurité, et par panique vers l’église, tandis que d’autres se réfugiaient profondément dans les buissons », a expliqué Mgr Lodiong, décrivant comment des familles avec enfants fuyaient les combats. « Des enfants de cinq ans ou moins entraient dans ces buissons pour se cacher. Imaginez cela. »
Mgr Alex Lodiong Sakor Eyobo a exprimé sa gratitude qu’aucun civil n’ait été tué dans l’échange de tirs, attribuant cette retenue aux soldats du gouvernement. « Dieu merci, aucun civil n’a été tué. Je pense que cette fois, nos hommes et femmes armés se sont comportés, dans cet incident particulier, sans tourner leurs canons ou leur colère contre les civils, à l’exception de quelques pillages ici et là, ce qui arrive dans toute guerre », a-t-il précisé.
Pour autant, l’évêque a souligné le lourd tribut payé par la population civile. « Il y avait une famille qui a perdu ses enfants ; ils ne savent pas où ils sont allés. Les enfants se sont dispersés chacun de leur côté, et quand la mère s’est levée pour les chercher, elle n’a pas pu les retrouver », a-t-il relaté, déplorant le traumatisme infligé aux enfants contraints de fuir dans les buissons à l’aube.
Mgr Lodiong a insisté sur le fait que la lutte armée n’est pas une solution viable pour le Soudan du Sud. « Nous avons dit à plusieurs reprises que la guerre n’est pas bonne, et parlons de nos problèmes s’il y a des problèmes. Mais si nous avons pris la lutte armée ou la confrontation armée comme unique solution pour résoudre le problème de ce pays ; emmenez-moi à la banque, c’est un mensonge », a-t-il souligné.
Le chef catholique a lancé un appel aux forces gouvernementales et d’opposition pour qu’elles renoncent à la violence et choisissent le dialogue. « Au bout du compte, que vous le vouliez ou non, nous viendrons à la table pour discuter, et nous trouverons un accord. Plus nous le ferons rapidement, mieux ce sera que de prolonger la guerre, et nous mettrons fin à l’histoire à la table », a-t-il déclaré.
Appelant les Sud-Soudanais à reconnaître leur dignité donnée par Dieu, Mgr Lodiong a exhorté : « Ne nous comportons pas comme des animaux. Comportons-nous comme des êtres raisonnables, car Dieu nous a créés à son image. Rien ne peut nous vaincre par la parole. Les armes, lorsqu’elles parlent, détruisent… Mais lorsque nous parlons, nos bouches parlent, nous résolvons les problèmes. Que ce ne soient pas les armes qui parlent, mais la bouche et le cœur. »
L’évêque du diocèse de Yei a conclu en assurant que les paroissiens ayant trouvé refuge dans l’église étaient en sécurité et commençaient à rentrer chez eux. Il a prié pour ceux qui sont morts lors de la confrontation et pour les blessés, afin qu’ils se rétablissent et participent à la construction de la paix dans le pays.
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