Mgr David Ajang de la diocèse catholique de Lafia au Nigeria a mis en garde les fidèles contre la réduction du christianisme à de simples apparences religieuses, les exhortant plutôt à embrasser un véritable discipulat fondé sur les enseignements de Jésus-Christ.
Dans une interview accordée à ACI Afrique à l’occasion de la consécration de la paroisse Saint-Matthieu de Kuchikau dans le diocèse de Lafia, Mgr Ajang a souligné que le salut est ouvert à tous et n’est pas réservé à un groupe particulier.
« Il y a de bons chrétiens et de mauvais chrétiens. Il y a aussi de bons musulmans et de mauvais musulmans. Le salut est pour tous, mais il faut s’en efforcer. Être chrétien de nom ne suffit pas ; il faut être un chrétien exemplaire dont la vie est modelée sur le Christ », a déclaré l’évêque nigérian le 24 août.
Il a déploré ce qu’il appelle le « christianisme théorique », où de nombreux chrétiens participent à la messe et aux associations paroissiales sans vivre les valeurs de l’Évangile dans leur quotidien.
« Ne soyez pas un bon pratiquant et un mauvais chrétien. Vous pouvez assister à toutes les fonctions de l’Église sans être chrétien », a-t-il insisté.
Mgr Ajang a également dénoncé l’obsession contemporaine pour la prospérité et les apparences religieuses, affirmant que la foi doit se vivre concrètement : « Aller à l’Église ne fait pas de vous un chrétien. Même le baptême vous qualifie techniquement comme membre de l’Église, mais ce n’est que lorsque vous façonnez votre vie selon celle du Christ que vous pouvez être considéré comme chrétien. »
Il a rappelé que la foi dépasse les simples déclarations et a appelé les chrétiens à revenir à une pratique authentique de l’Évangile. « Très peu de personnes s’efforcent de vivre selon le christianisme, mais la plupart se contentent de lire la Bible, de se déclarer sauvés et d’insulter leurs ennemis », a-t-il déclaré.
Concernant l’insécurité dans le centre-nord du Nigeria, où des églises ont dû fermer, il a décrit la crise comme multifactorielle, enracinée dans le terrorisme, la criminalité et la précarité socio-économique, précisant qu’il ne s’agissait pas uniquement d’une attaque contre l’Église.
Mgr Ajang a aussi condamné l’usage abusif des vêtements sacerdotaux dans des vidéos en ligne, qu’il considère comme une déformation de l’identité sacerdotale : « Dans chaque douze, il doit y avoir un Judas », a-t-il observé.
Enfin, il a souligné l’importance de l’éducation parentale, regrettant que de nombreux parents ne soient pas préparés à élever des enfants disciplinés : « Chaque enfant a besoin d’un niveau de discipline de base pour rester sur la bonne voie, mais aujourd’hui, si vous disciplinez un enfant, on vous juge méchant. Les parents doivent apprendre à être parents. J’y crois vraiment », a conclu Mgr Ajang.