vendredi, 05 décembre 2025 Faire un don
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Un chercheur africain primé appelle au mentorat et à une critique constructive entre théologiens hommes et femmes

Les théologiens hommes en Afrique peuvent parfois se montrer très condescendants vis-à-vis des idées de leurs homologues féminines, a déclaré le P. Prof. Paul Béré, appelant au respect, au mentorat et à une critique constructive des théologiennes.

Dans une interview accordée à ACI Afrique en marge de la deuxième Conférence des femmes théologiennes africaines, qui s’est tenue à Nairobi du 2 au 6 septembre, le théologien burkinabè primé a confirmé les propos de participantes selon lesquels une théologienne n’est pas prise au sérieux et est traitée comme « une amatrice qui s’essaie à la théologie ».

« Il est vrai que parfois, nous, théologiens hommes, pouvons rejeter les positions des femmes simplement parce qu’elles sont femmes. Ce n’est pas bien », a confié le lauréat du Prix Ratzinger 2019, le 5 septembre à l’Université Hekima (HUC) au Kenya.

Il a ajouté : « Si une théologienne a une intuition que je ne comprends pas, je ne devrais pas la rejeter trop vite. Je devrais pouvoir dire : regarde, je ne comprends pas, peux-tu m’expliquer ? »

« Si nous nous retrouvons dans le même espace que des théologiennes qui sont encore doctorantes, nous devons les accompagner avec respect », a encore affirmé le P. Béré.

Évoquant sa propre expérience en théologie, le membre de la Compagnie de Jésus, doyen de la Faculté de sciences bibliques de l’Université pontificale grégorienne à Rome, a indiqué : « J’ai quelques doctorants que j’essaie de former pour qu’ils tiennent debout, qu’ils fassent entendre leur propre voix, non pas la mienne en tant que directeur, mais la leur. »

Il a suggéré aux étudiantes en théologie de chercher un mentor qui lise et critique positivement leurs travaux : « Elles n’écrivent pas pour les femmes ; elles écrivent pour l’ensemble de l’Église. »

Soulignant l’importance de la diversité en milieu académique, le P. Béré a déclaré lire des théologiens venus d’horizons variés. « Je lis des théologiennes, africaines ou non, parce que j’ai personnellement besoin du regard de l’autre. Et pour moi, l’autre peut être l’Européen, l’Asiatique, la femme, la femme africaine, occidentale ou asiatique. »

Organisée par HUC en partenariat avec Watawa wa Taa (Femmes consacrées de la lumière), la conférence du 2 au 6 septembre visait à créer une plateforme pour que les voix des théologiennes africaines soient entendues dans le débat théologique et ecclésial mondial. Elle avait aussi pour but de canaliser les capacités intellectuelles, le leadership et les contributions des religieuses africaines au service de la croissance de l’Église en Afrique et au-delà.

Dans son entretien du 5 septembre, le P. Béré a salué la qualité des échanges, relevant « la sérénité avec laquelle les participantes abordent des questions lourdes » et notant que « la sororité est réellement vécue dans cette conférence ».

Décrivant l’événement comme une expérience d’apprentissage, il a affirmé : « Si nous voulons voir l’autre face de la médaille, il faut le vivre dans un contexte comme celui-ci. C’est difficile de regarder la réalité du point de vue des femmes à moins qu’elles agissent et que vous soyez là pour observer, expérimenter et ressentir. »

Encourageant les théologiennes africaines à continuer de se réunir, il a ajouté : « Je crois que lorsque le groupe des femmes sera bien enraciné et consolidé, et que les hommes dialogueront aussi avec elles sur la base de nos différentes perspectives du monde, ce sera enrichissant. »

À propos de l’intégration des contributions de la conférence dans les programmes des séminaires et institutions supérieures, il a affirmé : « J’y suis absolument favorable. Et je pense que c’est indispensable. Les idées de cette conférence doivent entrer dans les curricula afin que nos étudiants en Afrique poursuivent la conversation. »

Selon lui, il est essentiel que les écoles de théologie en Afrique s’approprient ces réflexions : « Les théologiennes africaines parlent ici de questions vitales pour notre vie de chrétiens, de communautés et d’Église en Afrique, mais nous formons des étudiants avec des livres qui n’ont rien à voir avec notre propre contexte. Pour moi, c’est un énorme problème. »

« Je suis très heureux de cette proposition. Les idées de cette conférence doivent entrer dans les curricula, pas comme de simples notes de bas de page, mais pour que les étudiants s’y engagent réellement », a-t-il conclu.

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