Les évêques catholiques du Ghana ont réitéré leur inquiétude face à la prolifération de l’exploitation minière illégale dans le pays et ont exhorté le gouvernement à déclarer l’état d’urgence dans les « zones minières » afin de répondre à ce défi récurrent, déjà dénoncé par d’autres institutions de l’Église.
Dans un communiqué daté du lundi 15 septembre, les membres de la Conférence des évêques catholiques du Ghana (GCBC) décrivent l’exploitation minière illégale et non réglementée, communément appelée Galamsey, comme un « cancer » qui constitue actuellement l’une des afflictions les plus graves pour la nation ouest-africaine.
Selon les évêques, le Galamsey « ravage nos rivières et nos forêts, empoisonne nos sols, met en danger la santé publique, corrompt la gouvernance, érode nos valeurs morales et détruit les moyens de subsistance ».
« Ce n’est pas un défi ordinaire à gérer avec des demi-mesures ; c’est une urgence nationale nécessitant une réponse décisive et extraordinaire », affirment les membres de la GCBC, ajoutant : « Nous exhortons donc le Président et son gouvernement à déclarer sans hésitation l’état d’urgence dans les zones minières les plus touchées et autour des plans d’eau menacés ».
Selon les évêques, cette déclaration « permettrait des interventions extraordinaires : couvre-feux dans les zones instables, sécurisation des terres dévastées, démantèlement des réseaux criminels enracinés et arrêt des complicités administratives corrompues. L’ampleur de la crise ne justifie rien de moins ».
Citant les Écritures, les évêques rappellent que l’humanité a été chargée de la gestion de la terre et expliquent que « profaner la création par le galamsey n’est pas seulement une offense envers le prochain ; c’est un péché grave contre Dieu lui-même, Créateur et Maître de tout ».
En profanant la création, soulignent les évêques, les conséquences sont graves : « les agriculteurs ne peuvent plus faire confiance à la terre pour nourrir leurs familles et notre capacité à alimenter la nation diminue ».
Ils soulignent également que l’entreprise nationale des eaux s’efforce à grands frais de rendre l’eau à peine potable, alors que des traces de mercure, d’arsenic, de cyanure et de chlore persistent dans ce qui est fourni à la population.
Les évêques catholiques du Ghana s’inquiètent surtout du fait que des enfants, séduits par l’illusion d’un enrichissement rapide, abandonnent l’école pour les puits miniers dangereux, et que beaucoup perdent tragiquement la vie dans des effondrements évitables.
« Les poisons issus de l’exploitation minière s’infiltrent silencieusement dans notre chaîne alimentaire, provoquant cancers, maladies de la peau, insuffisances rénales et troubles neurologiques », affirment-ils, ajoutant : « Mais la pourriture n’est pas seulement écologique. Le Galamsey est devenu un cancer dans notre âme nationale ».
Ils avertissent que l’exploitation minière illégale corrode la politique, la gouvernance et la conscience morale, notant que certains politiciens, députés, chefs municipaux et de district, chefs traditionnels, leaders religieux et même membres des forces de sécurité ont été impliqués.
Les évêques déplorent que certains dirigeants protègent les exploitants illégaux pour un gain personnel, accordant des concessions illicites ou restant silencieux lorsque le devoir exige une parole courageuse.
« Cette trahison de la confiance atteint la moelle de notre identité nationale. Nous appelons ces dirigeants à se repentir sans délai », affirment-ils, regrettant que le galamsey soit devenu une menace pour la sécurité nationale.
Ils jugent regrettable que, même si cette activité enrichit des cartels criminels, engendre l’anarchie et fomente des conflits violents dans les communautés minières, le président du pays, John Dramani Mahama, « semble ne pas saisir l’ampleur existentielle de cette menace ».
Faisant référence à leurs préoccupations antérieures sur la même question, les évêques notent que le président a ignoré leurs appels « avec des réponses insatisfaisantes centrées uniquement sur le gain économique ».
Ils qualifient la réponse du président de « profondément préoccupante » et affirment : « L’heure est tardive. Le retard est une trahison. Maintenant, pas demain, pas plus tard, c’est le moment d’agir ».
Dans le communiqué de deux pages signé par leur président, l’évêque Matthew Kwasi Gyamfi du diocèse de Sunyani, les évêques affirment qu’au-delà de l’état d’urgence, le pays nécessite également une stratégie nationale intégrée et holistique.
« Les lois régissant l’exploitation minière doivent être révisées, renforcées et strictement appliquées, avec des sanctions plus sévères pour les contrevenants », affirment les évêques, ajoutant que des tribunaux spécialisés devraient être créés pour accélérer les poursuites.
Ils proposent également « la constitution d’une task force permanente, bien financée et à l’épreuve de la corruption, composée des forces de sécurité, d’experts environnementaux et des autorités locales, pour garantir l’application constante des lois au-delà des interventions ponctuelles ».
Soulignant que la justice doit être tempérée par la miséricorde, les évêques suggèrent que ceux poussés au galamsey par le désespoir bénéficient d’alternatives durables, y compris la création de zones minières à petite échelle correctement régulées, avec des garanties environnementales et un soutien technique.
Les agriculteurs déplacés, précisent-ils, devraient être rétablis avec des terres, du crédit et une formation. Ils recommandent en outre le lancement d’un programme national de reboisement et de restauration « non seulement pour réparer les cicatrices de la destruction, mais aussi pour offrir un emploi digne, en particulier pour les jeunes ».
« Nous appelons le président Mahama à faire preuve du courage du leadership », affirment-ils, ajoutant : « Son gouvernement doit poursuivre non seulement les pauvres mais aussi les puissants ; non seulement les faibles mais aussi les influents. Sans courage, aucune politique ne tiendra, aucune loi ne sera respectée, aucune déclaration ne réussira ».
Les évêques exhortent tous les Ghanéens à résister à l’attrait de l’enrichissement rapide, qui laisse à leurs enfants un désert à la place de leur patrie.
Ils appellent les chefs à se souvenir de leur responsabilité sacrée en tant que gardiens de la terre ; les politiciens à placer le Ghana au-dessus de tout intérêt personnel ou partisan ; les leaders religieux à parler prophétiquement sans peur ni faveur et les forces de sécurité à agir avec intégrité, en défenseurs du peuple et non complices de sa trahison.