Les délégués à la 14e Assemblée plénière et aux célébrations du Jubilé d’or de la Rencontre interrégionale des évêques d’Afrique australe (IMBISA) ont été exhortés à exiger la responsabilité des gouvernements face à la situation des pauvres dans leurs pays respectifs.
Dans son homélie prononcée lors de la messe de clôture le dimanche 28 septembre des six jours d’activités débutant le 24 septembre, Mgr Raymond Tapiwa Mupandasekwa a utilisé l’histoire de Jésus du riche anonyme et de Lazare, telle que lue dans l’Évangile du jour, pour inciter les membres de l’IMBISA à s’engager à bâtir une société où personne ne vit comme un « Lazare ».
« Nous devons relever le défi de rendre nos gouvernements plus responsables », a déclaré Mgr Tapiwa, s’adressant aux évêques catholiques des pays membres de l’IMBISA – Angola, Botswana, Eswatini, Lesotho, Mozambique, Namibie, São Tomé-et-Príncipe, Afrique du Sud et Zimbabwe.
L’ordinaire du lieu du diocèse catholique de Masvingo au Zimbabwe a ajouté : « Certains de nos dirigeants sont aveugles à la détresse de nos populations et à la situation des Lazares qui gisent peau et os dans les rues, incapables d’accéder même aux ressources destinées à leurs foyers. »
Ce qui rendait le riche aveugle à la souffrance de Lazare dans l’Évangile selon Luc, a-t-il expliqué, était son absorption dans la mode, son souci de paraître, son amour de la bonne nourriture et des festins somptueux, tout en restant indifférent à la situation de Lazare.
« En tant que peuple de Dieu, nous sommes soit du côté des victimes, soit du côté des agresseurs ; il n’y a pas de neutralité. À quel camp appartenons-nous ? », a-t-il interrogé.
Il a poursuivi : « Le problème mis en lumière dans l’Évangile d’aujourd’hui ne se limite pas à ce riche particulier. Plus inquiétante est la société qui engendre des personnes insensibles à la souffrance des autres. »
Mgr Tapiwa déplore que l’histoire de Lazare n’ait pas de fin heureuse, puisque ce dernier meurt de faim sans obtenir justice sur cette terre.
« Notre travail au sein de l’IMBISA consiste à bâtir une société où il n’y a pas de Lazares, où les gens ne doivent pas mourir de faim. Il s’agit de former des hommes et des femmes qui ne sont pas aveugles aux besoins des autres », a-t-il affirmé dans son homélie du 28 septembre.
Pour réduire la souffrance liée à la pauvreté dans la région IMBISA, le prélat zimbabwéen a appelé à un esprit de compassion, en accord avec l’Année jubilaire 2025 de l’Église catholique.
« Dans notre prière jubilaire, nous prions pour la compassion. Face à un monde sans cœur, nous sommes appelés à être prophétiquement compatissants », a-t-il déclaré.
Selon lui, les membres de l’IMBISA doivent « témoigner de l’Évangile du Christ par des vies guidées par la miséricorde et la compassion. Aujourd’hui, nous prions pour être fidèles à ce mandat ».
Il a également encouragé les délégués à renforcer les appels contre la corruption, fléau qui a détruit les économies et transféré la richesse des pays à de nombreux agents étrangers.
L’Eswatini a accueilli du 24 au 29 septembre cette double célébration de la 14e Assemblée plénière et du Jubilé d’or, organisée sur le thème : « Jubilé d’or de l’IMBISA : un chemin synodal, nourri par la compassion et épanoui dans la foi en tant que pèlerins de l’espérance. »
Avant le début des célébrations, Mgr José Luís Gerardo Ponce de León du diocèse catholique de Manzini avait annoncé le 27 août qu’environ 120 délégués issus des neuf pays membres de l’IMBISA, y compris cardinaux, archevêques, évêques, clergé, religieux et laïcs, prendraient part au Jubilé.
Dans son homélie, Mgr Tapiwa a souligné que le Jubilé d’or n’était pas seulement « la célébration de cinquante ans écoulés, mais la joie de croire en un Dieu vivant qui a guidé nos pères fondateurs à travers les épreuves jusqu’à ce moment jubilaire, afin de nous engager plus profondément à Le servir ».
Il a rappelé que « ce Jubilé est un moment de redédication à la vie de foi, pour reconnaître que la liberté politique obtenue grâce à la fondation de l’IMBISA n’a pas produit les résultats escomptés ».
En lien avec le thème du Jubilé, il a ajouté : « Le chemin synodal auquel nous sommes invités exige que nous discernions comment être plus efficaces. Il n’y a pas de place pour l’apathie ou la complaisance. C’est le moment d’agir vigoureusement et positivement. Comment l’IMBISA peut-elle être plus active au service de la réconciliation, de la paix et de la justice ? Nous approchons l’autel de la vie non seulement comme citoyens, mais comme hommes et femmes de foi. »