Bamenda, 16 octobre, 2025 / 11:52 PM
Malgré les appels répétés des évêques catholiques en faveur de la paix et de la transparence avant les élections présidentielles au Cameroun, des manifestations ont éclaté dans certaines villes du pays.
Dans la capitale économique, Douala, des manifestants en colère ont accusé les autorités de fraude électorale lors du scrutin du 12 octobre.
Des vidéos partagées par des médias locaux sur diverses plateformes de réseaux sociaux montrent des manifestants affirmant que des responsables auraient manipulé le décompte des voix afin d’avantager le président camerounais de longue date, Paul Biya.
Un officier de police, ayant requis l’anonymat, a déclaré à un média basé en Chine que les forces de sécurité travaillent à rétablir le calme parmi les manifestants.
« Nous essayons de maintenir l’ordre et d’aider les manifestants à comprendre que la rue n’est pas le lieu approprié pour exprimer leurs revendications. Les forces de sécurité continueront à préserver la paix et la stabilité par tous les moyens nécessaires », a-t-il indiqué.
Des manifestations ont également été signalées à Dschang, où le siège du parti au pouvoir a été incendié.
Lors du scrutin du dimanche 12 octobre, le président Paul Biya, deuxième chef d’État en exercice le plus ancien d’Afrique après Teodoro Obiang de Guinée équatoriale, briguait un huitième mandat.
Président depuis 1982 dans cette nation d’Afrique centrale où le mandat présidentiel est de sept ans, le dirigeant camerounais, âgé de 92 ans, est le chef d’État le plus âgé du monde.
Les amendements constitutionnels initiés par le parti de Paul Biya, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), en 2008 — supprimant la limitation à deux mandats présidentiels — ont permis la prolongation exceptionnelle de son règne.
Après les élections, le candidat de l’opposition, Issa Tchiroma Bakary, s’est autoproclamé vainqueur.
Sa déclaration a immédiatement été rejetée par le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, qui l’a qualifiée d’illégale et « préoccupante ».
Le RDPC a également dénoncé les propos de M. Tchiroma, les qualifiant de « grotesque imposture », rappelant que seul le Conseil constitutionnel est habilité à proclamer officiellement les résultats.
L’annonce officielle des résultats est attendue pour le 26 octobre, après compilation des rapports par Elections Cameroon (ELECAM) et validation par le Conseil constitutionnel.
Cependant, de nombreuses inquiétudes persistent concernant la transparence, l’équité et l’intégrité du processus électoral. Des groupes d’opposition, des organisations de la société civile et des médias ont signalé d’éventuelles irrégularités.
Les évêques catholiques du Cameroun n’ont pas encore publié de déclaration officielle sur le déroulement du scrutin.
Cependant, les membres de la Conférence Épiscopale Nationale du Cameroun (CENC) s’étaient déjà montrés très actifs avant les élections, exhortant les citoyens à voter, appelant à la transparence, condamnant la violence et l’intimidation, et demandant aux autorités de garantir la sécurité électorale.
Dans une lettre pastorale publiée en avril, les membres de la CENC avaient exhorté les « autorités compétentes » à prévenir toute insécurité électorale susceptible de compromettre le bon déroulement du scrutin présidentiel.
Les évêques avaient exprimé leur crainte que les foyers de tension entretenus par des groupes armés dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ne menacent le climat de paix nécessaire au bon déroulement des élections.
« Toute vie humaine est sacrée et doit être protégée. Il est du devoir de chacun de veiller à ce que la sacralité de la vie soit préservée avant, pendant et après les élections », écrivaient-ils, avant d’ajouter : « Nous appelons les autorités compétentes de la République à user de leurs pouvoirs pour prévenir l’insécurité électorale et garantir un environnement favorable, libre de toute peur et intimidation. »
En août, les évêques de la Conférence Épiscopale Provinciale de Bamenda (BAPEC), tout en appelant les électeurs à participer activement à l’élection présidentielle, ont mis en garde contre l’abstention, la manipulation et la tentation des avantages matériels.
« L’exercice du droit de vote est un acte de grave responsabilité morale », ont souligné les membres de la BAPEC, qui regroupent les Ordinaires locaux de l’archidiocèse de Bamenda et des diocèses de Buea, Mamfe, Kumbo et Kumba.
Ils ont ajouté : « Nous appelons tous les électeurs dûment inscrits à exercer leur responsabilité civique lors de l’élection présidentielle, en votant selon les exigences de leur conscience. »
Individuellement, plusieurs évêques camerounais ont également exprimé leur désir de paix, dénonçant les comportements susceptibles de compromettre les efforts de réconciliation.
Dans une lettre pastorale partagée avec ACI Afrique le 12 août, Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala, a condamné ce qu’il a appelé des « actes contraires à l’Évangile », tels que la corruption et la mauvaise gouvernance, qui, selon lui, suscitent le mécontentement des Camerounais à l’approche des élections présidentielles d’octobre.
(L'histoire continue ci-dessous)
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Mgr Kleda a souligné que le Cameroun est « secoué par de multiples maux qui affectent toutes les couches sociales » et qu’il a un besoin urgent de paix, de justice et de réconciliation, particulièrement en cette période électorale.
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