vendredi, 05 décembre 2025 Faire un don
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Les Nigérians « meurent pour survivre » : un évêque catholique dénonce la violence persistante

Mgr Matthew Hassan Kukah du diocèse catholique de Sokoto au Nigeria a dénoncé la vague de tueries et l’insécurité dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, qualifiant la situation de « tragédie nationale ».

S’exprimant lors du lancement du Rapport mondial 2025 sur la liberté religieuse d’Aide à l’Église en Détresse au Pontifical Augustinian Patristic Institute de Rome, Mgr Kukah a déploré que les Nigérians « meurent pour vivre » dans un contexte d’attaques continues, qui, selon lui, ont estompé la frontière entre criminalité et persécution religieuse.

Le rapport présenté, a souligné Mgr Kukah, « révèle un déclin inquiétant » du respect mondial de la liberté religieuse, avec « plus de 5,4 milliards de personnes vivant dans des pays dépourvus de liberté religieuse ».

L’ordinaire du diocèse de Sokoto, depuis son ordination épiscopale en septembre 2011, a regretté que depuis plus de 15 ans, des groupes extrémistes comme Boko Haram et d’autres milices djihadistes aient « ravagé des communautés, déplacé des milliers de personnes et détruit des moyens de subsistance », laissant certaines régions du nord et du centre du Nigeria dévastées.

Alors que certaines analyses ont tenté de présenter le conflit comme des « affrontements entre agriculteurs et éleveurs ou de simples criminalités », Mgr Kukah a précisé que le ciblage délibéré d’églises, d’écoles, d’hôpitaux, de prêtres et de séminaristes montre que « nous sommes confrontés à une persécution religieuse, en particulier des chrétiens ».

Il a toutefois mis en garde contre une simplification excessive de la situation, expliquant que si les chrétiens sont menacés, de nombreux musulmans modérés sont également victimes de violences extrémistes.

« Les flots de sang au Nigeria n’ont pas de frontières. Les Nigérians meurent pour vivre », a-t-il déclaré lors de l’événement du 21 octobre.

Mgr Kukah a imputé la détérioration des relations interreligieuses à la négligence des gouvernements successifs, affirmant que l’inaction de l’État a encouragé les tueurs.

« L’incapacité des gouvernements fédéral et étatiques à mettre fin à ces tueries a créé les conditions d’un génocide qui s’est emparé de nombreuses communautés aujourd’hui », a-t-il dit, ajoutant : « Nous sommes à la limite d’un État faible, avec un manque évident de capacité à arrêter la descente vers l’anarchie. »

Il a critiqué l’administration de l’ancien président Muhammadu Buhari, la qualifiant de « pire phase de l’histoire des relations interreligieuses au Nigeria », et a allégué qu’elle « a donné de l’oxygène aux djihadistes » par des politiques favorisant l’islam et le Nord.

« Sous Buhari, pour accéder au pouvoir, il importait plus d’être un musulman du Nord que d’être citoyen du Nigeria », a déclaré Mgr Kukah.

Se tournant vers le gouvernement actuel, le prélat âgé de 73 ans a exprimé un « espoir prudent », soulignant que la famille interconfessionnelle du président Bola Ahmed Tinubu et la nomination de chrétiens à des postes clés sont des « mesures de confiance ».

« Le président étant musulman et son épouse pasteure pentecôtiste donne de l’espoir », a-t-il déclaré, ajoutant : « Les chrétiens ne se sont pas sentis marginalisés sous cette administration, et le gouvernement a fait preuve d’empathie en visitant les victimes et en soutenant les communautés touchées par la violence. »

Citant le Rapport 2025 sur l’Indice mondial du terrorisme, Mgr Kukah a noté une baisse de 37 % des attaques terroristes au Nigeria en 2024, mais a averti que la liberté religieuse « reste gravement menacée », avec des lois discriminatoires et des atrocités persistantes dans les États du nord.

S’adressant aux préoccupations internationales, Mgr Kukah a exhorté les pays occidentaux, en particulier les États-Unis, à ne pas reclasser le Nigeria en « pays de préoccupation particulière » (CPC) pour persécution religieuse, statut qu’il avait précédemment sous l’administration Trump.

« Une telle mesure nuirait au dialogue en cours avec le gouvernement actuel », a-t-il averti, ajoutant : « Cela ne ferait qu’accroître les tensions, semer la suspicion et permettre aux criminels d’exploiter la situation. Le Nigeria a besoin de soutien, pas de punition. »

Tout en reconnaissant l’impunité persistante, il a affirmé que la société civile et les partenaires internationaux comme Aide à l’Église en Détresse doivent « pousser au changement » et « travailler délibérément pour mettre fin à l’impunité » plutôt que d’isoler le pays.

Mgr Kukah a exhorté les dirigeants nigérians à aligner toutes les lois étatiques et religieuses sur la constitution nationale et à traiter la discrimination quotidienne dont sont victimes les minorités chrétiennes, allant du refus de terrain pour construire des églises à l’exclusion dans l’éducation et la fonction publique.

Il a également appelé à une coopération mondiale, y compris un accès renouvelé à l’équipement militaire pour lutter contre le terrorisme, et a salué les efforts du Saint-Siège sous le pape Léon XIV pour promouvoir « une option préférentielle pour les pauvres » comme voie de renouveau pour l’Église et la société.

« Avec plus de 200 millions de croyants, le Nigeria peut apporter une grande contribution à la paix mondiale si nous nous débarrassons du virus de l’extrémisme religieux. Nous devons être soutenus et encouragés dans cet effort, pas punis », a conclu Mgr Kukah.

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