Antananarivo, 18 novembre, 2025 / 5:50 PM
Les membres de la Conférence Épiscopale de Madagascar (CEM) ont appelé à une « transformation vraie et authentique » de la nation, exhortant les dirigeants politiques à rompre définitivement avec les échecs passés de gouvernance et à s’engager dans des réformes centrées sur le bien commun.
Dans un communiqué publié à l’issue de leur Assemblée Plénière du 4 au 14 novembre, tenue dans l’Archidiocèse catholique d’Antananarivo, les évêques rappellent que les récentes manifestations dans le pays révèlent « une aspiration profonde du peuple à un vrai changement » et à un modèle de gouvernance orienté vers le bien commun plutôt que les intérêts personnels.
« La population malgache ne pouvait plus supporter les souffrances causées par le manque d’eau, les coupures d’électricité fréquentes — des besoins essentiels — qui ont conduit aux manifestations dans les rues. À cela s’ajoutaient la corruption sans fin, les abus de pouvoir et l’incompétence des responsables publics en qui le peuple avait confiance pour le servir et le protéger », écrivent les évêques dans leur message du 15 novembre.
Ils ajoutent : « Les jeunes ont joué un rôle majeur dans ces mouvements. La répression exercée par les forces de sécurité n’a pas suffi à arrêter leur lutte. »
« Ces événements montrent clairement que le peuple malgache, blessé et épuisé, aspire à une transformation vraie et authentique du pays et de la gouvernance », soulignent-ils.
Selon les membres de la CEM, les Malgaches attendent des politiques sociales et publiques orientées vers le bien commun et le développement durable, et non « une politique déformée où les dirigeants ne cherchent que leurs intérêts personnels ou ceux de leurs alliés ».
Ils avertissent toutefois que les craintes croissantes existent que le processus politique s’éloigne déjà des attentes du peuple.
« Beaucoup craignent le retour des anciennes pratiques et des mêmes acteurs qui ont plongé la nation dans la crise », préviennent-ils, citant des inquiétudes concernant des infiltrés payés pour saboter les réformes.
Le 17 octobre, le Colonel Michael Randrianirina a été investi en tant que nouveau Chef d’État de Madagascar, lors d’une cérémonie organisée par la Haute Cour Constitutionnelle. Le colonel Randrianirina a déclaré que son investiture marquait « un tournant historique » pour le pays et a ajouté : « Avec un peuple en plein ferveur, animé par le désir de changement et un amour profond pour sa patrie, nous ouvrons joyeusement un nouveau chapitre de la vie de notre nation. »
Le leader militaire a exprimé sa gratitude envers les jeunes pour avoir mené les manifestations qui ont conduit au départ du président Andry Rajoelina. L’inauguration du 17 octobre à la Cour Constitutionnelle à Antananarivo faisait suite à la prise de pouvoir militaire du 14 octobre, le même jour où les parlementaires ont destitué le président Rajoelina, qui avait fui le pays deux jours plus tôt, le 12 octobre.
Dans leur déclaration du 15 novembre, les membres de la CEM insistent sur le fait que les dirigeants doivent prioriser les réformes exigées par les citoyens, éradiquer les pratiques destructrices qui ont conduit à l’extrême pauvreté et placer les souffrances du peuple au-dessus des intérêts d’une minorité.
Les évêques catholiques appellent à une transformation radicale de la culture politique à Madagascar, soulignant que la politique doit être « un service pour le peuple », et non un outil de gain personnel.
« Le peuple malgache ne doit plus être comme des propriétaires quémandant leur juste part, mais doit enfin bénéficier d’un développement vrai, juste et durable », affirment-ils.
Ils exhortent en outre les dirigeants à supprimer les privilèges excessifs et à gérer les ressources nationales de manière équitable, démantelant les réseaux qui traitent Madagascar « comme leur propriété privée ».
« Un dialogue national inclusif, commençant à la base, est nécessaire pour avancer dans cette direction et préparer un État stable et solide », soulignent les évêques.
Ils ajoutent : « Que cesse la politique qui détruit la nation ! Mettons fin à la politique de pillage et à la quête du pouvoir pour lui-même, ainsi qu’à la cupidité envers les richesses nationales. Ne manipulez pas le désir de renouveau des jeunes ni la volonté du peuple de reconstruire son histoire. »
Les évêques rappellent que les « priorités urgentes » du peuple doivent passer en premier, en distinguant le court terme et le long terme.
Ils demandent également que les deux années prévues pour la transition soient respectées, soulignant qu’une faiblesse majeure du développement de Madagascar a été le manque d’écoute mutuelle et de confiance réciproque.
« Nous réaffirmons que la violence et la vengeance, sous quelque forme que ce soit, ne peuvent jamais conduire au développement ni apporter la paix et la stabilité. Le chemin à suivre est celui de la réconciliation, de la communion, de la vérité et de la miséricorde. Rendre justice pour des crimes commis, des vols ou des formes de corruption ne doit jamais être confondu avec la vengeance politique », indiquent les responsables de l’Église catholique.
Ils expriment également leur admiration pour le courage et le patriotisme des jeunes Malgaches, affirmant que leur mobilisation a donné au pays « une nouvelle vision ».
Ils encouragent les jeunes à rester unis, à éviter la corruption, à accueillir les conseils et à devenir des bâtisseurs d’une nation renouvelée.
Les membres de la CEM insistent sur le fait que l’espoir n’est pas vain, même face aux défis du pays.
Ils rappellent que l’Année Jubilaire 2025 de l’Église catholique renforce la confiance en Christ et inspire la persévérance.
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