Istanbul, 28 novembre, 2025 / 3:44 PM
Vendredi, le pape Léon XIV a encouragé la petite communauté catholique de Turquie à redécouvrir ce qu'il a appelé la « logique de la petitesse » de l'Évangile, les exhortant à ne pas se laisser décourager par leur faible nombre, mais à reconnaître en eux la force d'un témoignage chrétien authentique.
Le pape s'est adressé aux évêques, prêtres, religieux, agents pastoraux et laïcs à la cathédrale du Saint-Esprit à Istanbul, lors de son deuxième jour dans le pays. Les catholiques représentent environ 0,05 % des 85 millions d'habitants que compte la Turquie.
Qualifiant la Turquie de « terre sainte » où se rencontrent l'Ancien et le Nouveau Testament, le pape a rappelé les profondes racines chrétiennes de la région : le voyage d'Abraham à Harran, les premières communautés chrétiennes d'Antioche et d'Éphèse, et la longue et influente histoire du christianisme byzantin. Il a notamment souligné que le patriarcat œcuménique de Constantinople, actuellement dirigé par le patriarche Bartholomée Ier, reste « une référence » tant pour les fidèles grecs que pour les autres Églises orthodoxes.
Le pape a mis en garde les chrétiens contre le risque de considérer cet héritage comme un simple souvenir de la grandeur passée. Il les a plutôt exhortés à adopter « une vision évangélique » qui leur permette de voir leur réalité actuelle à la lumière du Saint-Esprit.
« Lorsque nous regardons avec les yeux de Dieu, nous découvrons qu'il a choisi la voie de la petitesse », a-t-il déclaré, en évoquant le grain de moutarde, les petits loués par Jésus et la croissance silencieuse du royaume de Dieu. La véritable force de l'Église, a-t-il expliqué, « ne réside pas dans ses ressources ou ses structures », ni dans son nombre ou son influence, mais dans le fait de rester rassemblée autour du Christ et envoyée par le Saint-Esprit.
Citant les paroles de Jésus, « Ne craignez pas, petit troupeau », le pape a encouragé les chrétiens de Turquie à cultiver l'espérance. Il a souligné le nombre croissant de jeunes qui se rapprochent de l'Église catholique comme un signe prometteur et a demandé aux communautés de continuer à les accueillir et à les accompagner.
Il a exhorté à un engagement particulier en faveur du dialogue œcuménique et interreligieux, de la transmission de la foi aux communautés locales et du service pastoral aux réfugiés et aux migrants, dont beaucoup font partie des personnes les plus vulnérables du pays. Le pape a également noté que de nombreux catholiques en Turquie viennent de l'étranger, une réalité qui appelle un processus d'inculturation plus profond afin que la langue et la culture du pays deviennent « de plus en plus les vôtres ».
Le pape a souligné le rôle unique de la Turquie dans l'histoire de l'Église, rappelant que les huit premiers conciles œcuméniques se sont tenus sur son sol. À l'occasion du 1700e anniversaire du premier concile de Nicée, il a déclaré que ce concile continue de poser trois questions aux chrétiens d'aujourd'hui : quelle est l'essence de la foi ? Qui est Jésus pour nous ? Et comment la doctrine doit-elle être exprimée pour parler à la culture contemporaine ?
Il a mis en garde contre ce qu'il a qualifié de « nouvel arianisme », une version de l'hérésie qui a divisé le christianisme au cours de ses premiers siècles, qui réduit Jésus à un maître moral ou à une figure héroïque tout en niant sa divinité et sa seigneurie sur l'histoire.
Avant de conclure, le pape a évoqué la mémoire de saint Jean XXIII, qui a servi en Turquie et a écrit avec affection sur son peuple. S'inspirant de l'image que le saint avait des pêcheurs du Bosphore travaillant toute la nuit, il a encouragé les catholiques turcs à persévérer dans le même esprit : travailler fidèlement, joyeusement et courageusement « dans la barque du Seigneur ».
La cathédrale du Saint-Esprit, où s'est tenue la réunion, a été construite en 1846 et abrite les reliques des premiers papes, dont saint Lin. Une statue du pape Benoît XV se dresse dans sa cour, érigée en signe de gratitude pour ses efforts en faveur des victimes de la guerre de 1915-1918. L'inscription le rend hommage en tant que « bienfaiteur des peuples, sans distinction de nationalité ou de religion ».
Regardez ici l'homélie complète du pape Léon XIV.
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