Abuja, 18 décembre, 2025 / 6:45 PM
L'évêque catholique du diocèse de Katsina-Ala au Nigeria a réfléchi aux meurtres incessants dans l'État de Benue, qui relève de son évêché, soulignant que ce qui se passe dans son diocèse ne peut être qualifié que de génocide.
Dans son message de Noël 2025 daté du mardi 16 décembre, Mgr Isaac Bundepuun Dugu, tout en soulignant la nature du génocide, a précisé que les violences qui se produisent dans sa juridiction ne sont pas un conflit religieux entre chrétiens et musulmans.
« Avec le massacre horrible d'innocents Nigérians sans défense par les bergers armés dans l'État de Benue, et en particulier dans la juridiction pastorale du diocèse catholique de Katsina-Ala, et en ma qualité de berger en chef, il n'y a pour l'instant aucun mot qui décrive mieux notre situation déchirante que le terme génocide », déclare Mgr Dugu.
Il ajoute : « Il est important de noter ici que dans l'État de Benue, il n'y a aucun cas ni aucun acte de guerre religieuse entre les musulmans et les chrétiens qui vivent ensemble dans nos communautés. Nous avons des mosquées situées dans nos principales villes, à côté des églises chrétiennes. »
Il précise en outre que ce qui se passe à Benue est un génocide ethnique, tribal et économique. « Ces activités malsaines ont continué à avilir et à appauvrir les citoyens de l'État », déclare l'ordinaire local de Katsina-Ala.
L'évêque nigérian explique en outre qu'il existe « des tendances au génocide parmi les groupes terroristes à mentalité djihadiste dont le but et l'objectif sont d'exterminer les autochtones chrétiens de leurs terres ancestrales et de les occuper ».
Pour confirmer que ce qui se passe dans l'État de Benue équivaut à un génocide, Mgr Dugu s'appuie sur la définition du terme donnée dans l'article II de la Convention des Nations unies sur le génocide.
Le génocide, dit-il en référence à la définition de l'ONU, « est tout acte commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».
Il poursuit : « Ces actes comprennent le meurtre de membres du groupe, le fait de leur infliger des dommages physiques ou mentaux graves, le fait de les soumettre à des conditions de vie destinées à les détruire physiquement, le fait d'imposer des mesures visant à empêcher les naissances au sein du groupe et le transfert forcé d'enfants vers un autre groupe, ce qui constitue un génocide. »
Mgr Dugu explique que depuis plusieurs décennies, les civils de l'État de Benue subissent les attaques des éleveurs fulani qui, selon lui, ont pillé et déplacé des communautés dans la ceinture centrale, détruit des terres agricoles, assassiné d'innombrables agriculteurs et « saisi des terres qui ne leur appartiennent pas légitimement ».
Il réfléchit aux conséquences des actes des éleveurs en déclarant : « Dans ma juridiction, entre le 29 mai 2023 et le 30 septembre 2025, on a dénombré 335 morts, 203 enlèvements, 104 blessés à des degrés divers, ainsi que l'incendie de 917 maisons en zinc et 917 maisons en chaume. »
« Le conflit a entraîné la fermeture de 21 écoles, la destruction de 206 postes avancés et la fermeture de trois paroisses principales ; sept cliniques ont été fermées et environ 12 472 habitants ont été déplacés », explique Mgr Dugu.
Il ajoute que de nombreux habitants de son évêché « ont été chassés de leurs maisons ancestrales et que ces lieux ont été pratiquement occupés par les éleveurs armés ».
L'évêque catholique nigérian affirme que l'Église chrétienne réformée universelle, connue sous le nom de NKST, qui relève de la juridiction de son diocèse, a également été touchée par cette tendance génocidaire, de nombreux autres endroits ayant enregistré un bilan total d'environ 874 morts.
Au milieu de ce qu'il décrit comme une tendance génocidaire dans sa juridiction, Mgr Dugu encourage les Nigérians à rester fermement enracinés dans le Christ, en particulier pendant la période de Noël qui célèbre sa naissance, et à placer leur espoir non pas dans les biens matériels, mais dans la foi.
« L'Avent est un moment où nous nous préparons à célébrer l'événement solennel de la naissance de Jésus. Cette période annonce un sentiment de dévotion et d'anticipation », dit-il, ajoutant : « Pendant l'Avent, nous contemplons la fin des temps et annonçons pourtant le début d'une nouvelle ère d'incarnation. »
Il explique : « Au cours de l'Avent, la couronne de l'Avent, qui comporte quatre bougies, Espérance, Paix, Joie et Amour, ainsi que la bougie blanche centrale du Christ, qui retrace l'histoire biblique du salut, nous invite à entrer dans un rythme d'attente et de souvenir.
« En allumant chaque bougie, nous transformons la flamme visible en refuge spirituel, laissant la lumière croissante nourrir la patience, la paix et une confiance renouvelée dans le fait que le chagrin, la dépression, la tristesse et la crise ne sont pas la fin de l'histoire », dit-il.
Mgr Dugu explique que la fête de l'Incarnation ne doit pas être célébrée dans le vide, ajoutant : « La naissance du Christ dans le monde est l'histoire de notre salut humain. Cela doit être vécu dans notre monde et notre existence concrets. Toute l'humanité est appelée à cette réalité. »
Il exhorte les responsables politiques à œuvrer pour un bon ordre social, et les chefs traditionnels à veiller au respect des valeurs traditionnelles africaines, telles que le respect des aînés, l'entraide, l'hospitalité et la justice.
« Les chefs religieux doivent veiller à ce que le christianisme ne soit pas seulement prêché, mais aussi vécu, en commençant tout d'abord par le témoignage de leur propre vie », déclare Mgr Dugu.
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