Johannesburg, 17 septembre, 2019 / 6:37 PM
La vague d'attaques meurtrières visant des ressortissants africains étrangers en Afrique du Sud a attiré l'attention des dirigeants nationales et régionales de l’eglise catholique et les pays touchés ont commencé à rapatrier leurs citoyens respectifs d'Afrique du Sud.
"C'est avec consternation que nous prenons acte de la récente recrudescence des violence contre les ressortissants étrangers", ont déclaré les évêques catholiques de la Conférence épiscopale catholique d'Afrique australe (SACBC).
"Nous sommes confrontés à une montée de la haine et de l'intolérance, aucune différence avec la montée de la haine dans l'Allemagne nazie", ont déclaré les prélats de la SACBC avant d’averti : "Si nous ne prenons pas des mesures urgentes pour y mettre fin (aux attaques xénophobes), il ne restera plus rien".
Dans leur déclaration adressée à ACI Afrique, les dirigeants constitués par les Ordinaires locaux du Botswana, de l'Afrique du Sud et du Swaziland ont contesté les informations selon lesquelles les attaques visant des ressortissants étrangers de certains pays africains en Afrique du Sud constituent une activité criminelle en disant : "Ce n'est pas l'œuvre de quelques éléments criminels".
"C'est de la xénophobie pure et simple", ont déclaré les responsables de l'Église dans leur déclaration signée par Mgr Buti Tlhagale, responsable du bureau de la SACBC pour les migrants et réfugiés.
Le Président du Comité épiscopal panafricain pour les communications sociales (CEPACS), Mgr Emmanuel Badejo a apprécié l'intervention de la SACBC et a ajouté : " Nous, Africains, ne devons pas perdre notre amour caractéristique de l'humanité, le respect du caractère sacré de la vie et la solidarité ".
"Le Nigéria et l'Afrique du Sud doivent résoudre pacifiquement ce malheureux incident et mettre fin à son aggravation ", a déclaré Mgr Badejo, un ressortissant nigérian, dans une note adressée à ACI Afrique.
La Conférence des évêques catholiques de Zambie (ZCCB) a mis en garde contre les représailles visant les Sud-Africains en Zambie et a exhorté " tous les Zambiens à s'abstenir de tout acte de violence et de vengeance contre les ressortissants sud-africains et leurs biens ou entreprises ".
La rencontre interrégionale des évêques d'Afrique australe (IMBISA), l'ensemble des responsables ecclésiaux d'Afrique australe, a ajouté sa voix à la question, exprimant sa déception face à la situation dans un des pays les plus industrialisés d'Afrique.
"Les actes déplorables dont nous avons été témoins ne peuvent en aucun cas être tolérés et ne peuvent être cachés derrière des mots qui cachent la terreur réelle de la xénophobie", ont déclaré les prélats de l'IMBISA.
"Nous implorons les pays d'origine des personnes touchées de ne pas aggraver la situation en réagissant par la violence pour se venger", ont déclaré les dirigeants de l'IMBISA constituée par l'Angola, le Botswana, le Mozambique, la Namibie, l'Afrique du Sud, le Swaziland, le Zimbabwé.
La préoccupation des évêques de l'IMBISA pour les attaques de vengeance arrive à un moment où les informations faisant état d'attaques de représailles contre les Sud-Africains dans les pays touchés font surface et où certains pays ont commencé à rapatrier leurs citoyens d'Afrique du Sud.
Au Nigeria, des citoyens sud-africains ont été attaqués et leurs entreprises vandalisées, selon les médias.
Le haut-commissariat de l'Afrique du Sud à Abuja, au Nigéria, et sa mission à Lagos ont été fermés car le personnel diplomatique se sent menacé.
Le Mozambique, le Zimbabwé et le Nigéria font partie des pays africains qui ont envisagé de rapatrier leurs citoyens d'Afrique du Sud, des centaines de Nigérians ayant été rapatriés avec succès.
Ce n'est pas la première fois que l'Afrique du Sud connaît une telle violence. Xenowatch African Centre for Migration & Society, qui surveille la xénophobie dans le pays, indique qu'il y a eu un pic d'attaques xénophobes en 2008 et 2015.
La xénophobie en Afrique du Sud est souvent déclenchée par des accusations selon lesquelles les migrants privent les Sud-Africains de leur emploi. En conséquence, des étrangers, en particulier des Africains, ont été pris pour cible, avec des rapports faisant état de quelques morts et de destructions de biens.
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