Tombura-Yambio, 13 mai, 2025 / 3:53 PM
Mgr Eduardo Hiiboro Kussala, évêque du diocèse catholique de Tombura-Yambio (CDTY), a mis en garde contre la tentation de venger le meurtre d’un jeune responsable paroissial dans son diocèse épiscopal, soulignant que la vengeance ne ferait qu’aggraver « le cycle de destruction » dans ce diocèse catholique du Soudan du Sud.
M. Tamania, jeune coordinateur de l’Organisation catholique pour le développement et la paix (CODEP) et membre de la paroisse catholique Sainte Marie Auxiliatrice du CDTY, aurait été mortellement abattu le 8 mai.
Le meurtre de M. Tamania est le deuxième enregistré dans cette paroisse catholique sud-soudanaise, après celui du directeur de la chorale paroissiale, tué le 13 décembre 2024.
Dans une déclaration transmise à ACI Afrique le 10 mai, Mgr Hiiboro a lancé un appel au calme et exhorté à laisser la justice suivre son cours.
« Je lance un avertissement solennel », a-t-il déclaré, ajoutant : « Que personne ne laisse la soif de vengeance s’enraciner. Cette voie ne fait qu’approfondir le cycle de destruction. »
« Rejeter les représailles. Rejeter la haine. Choisir la paix. Que la miséricorde, la justice et la sagesse l’emportent sur la colère », insiste l’évêque catholique sud-soudanais dans sa déclaration partagée avec ACI Afrique.
Dans ce message, il qualifie les meurtres perpétrés dans la paroisse Sainte Marie Auxiliatrice de choquants, lâches et inacceptables.
« Ces attaques répétées contre des vies innocentes sont absolument inacceptables – elles sont profondément immorales et doivent cesser immédiatement », affirme-t-il.
Mgr Hiiboro rappelle que la paroisse catholique a, pendant plus de trois ans, été un refuge pour des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants déplacés dans ce jeune pays qui a connu des décennies de violences.
Ces personnes déplacées, dit-il, « sont venues chercher la sécurité et la paix dans la maison de Dieu ».
« Le fait qu’un tel sanctuaire soit profané par des actes de meurtre constitue un péché grave et une blessure pour notre humanité commune », déplore l’ordinaire local du CDTY depuis sa consécration épiscopale en juin 2008.
Condamnant ces meurtres qu’il qualifie de « barbares et incivilisés », Mgr Hiiboro déclare : « L’Église n’est pas un champ de bataille – c’est un lieu saint, un refuge, où les gens viennent chercher la paix de Dieu, non la cruauté des hommes. »
Il lance un appel au gouvernement sud-soudanais pour qu’il agisse « rapidement et fermement » afin de traduire les auteurs de ces meurtres en justice.
« Rétablissez la paix et la sécurité dans cette région. Sauvez votre peuple. C’est votre devoir solennel de protéger la vie et la dignité de tous les citoyens », a déclaré le prélat catholique aux autorités sud-soudanaises.
Il appelle ensuite à la conversion des cœurs de ceux qui sont derrière ces attaques contre la paroisse catholique Sainte Marie Auxiliatrice : « Aux auteurs et assassins, je dis ceci avec le cœur d’un pasteur : arrêtez ce que vous faites. Assez de violence. Ces actes ne sont pas bons – ils sont mauvais. Vous ne servez ni votre peuple ni votre cause ; vous êtes en train de détruire vos frères. Choisissez la paix. Déposez les armes. Nous sommes tous membres d’une même famille humaine. »
Mgr Hiiboro exprime sa proximité avec les réfugiés poursuivis jusque dans leur cachette dans les enceintes de l’Église.
Il déclare : « À nos frères et sœurs souffrants, déplacés dans les enceintes des églises. Vous avez cherché la maison de Dieu, et pourtant le mal vous y a poursuivis. En tant que votre évêque, je confesse mon impuissance à vous protéger autrement que par la prière et l’espérance. Mais sachez ceci : votre Dieu est avec vous, et votre sang innocent ne sera jamais versé en vain. »
Dans sa déclaration partagée avec ACI Afrique, Mgr Hiiboro invite le peuple de Dieu au Soudan du Sud à méditer le cri pour la paix du défunt pape François, lorsqu’il affirmait : « La paix est un don précieux qu’il faut promouvoir et protéger. Jamais l’usage de la violence n’a engendré la paix. La guerre engendre la guerre, la violence engendre la violence. »
Sabrine Amboka a contribué à cet article.
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