Nairobi, 17 juin, 2025 / 11:03 PM
Mgr Stephen Dami Mamza, de l’Église catholique du diocèse de Yola au Nigeria, a lancé un appel aux dirigeants africains afin qu’ils s’inspirent des valeurs traditionnelles africaines, qu’il estime favorables à la liberté religieuse et à la coexistence pacifique sur le continent.
S’exprimant lors d’un panel pendant le tout premier Sommet africain sur la Liberté Religieuse (IRF), tenu à Nairobi, capitale du Kenya, Mgr Mamza a mis en avant la « profonde spiritualité » de l’Afrique et l’unité dans la diversité culturelle comme particulièrement inspirantes.
« Ce sommet arrive au bon moment, un moment dont nous avions réellement besoin, et j’espère et prie qu’il portera du fruit, et qu’il commencera bientôt à produire des effets progressivement », a déclaré l’évêque nigérian, représentant des membres du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM) lors du sommet d’une journée, tenu le mardi 17 juin.
Il a identifié certaines valeurs traditionnelles africaines favorables à la liberté religieuse, affirmant : « L’Afrique est un continent vaste, doté d’une profonde spiritualité, d’une riche culture et d’un esprit communautaire. Lorsqu’on parle de liberté religieuse en Afrique… si l’on considère cela d’un point de vue traditionnel, cela existe depuis les origines. »
Mgr Mamza a souligné que dans la religion traditionnelle africaine, il n’y avait pas d’imposition des croyances. « Il fait partie intégrante de l’adoration chez le traditionaliste africain de ne pas imposer sa religion ou sa culture à autrui », a-t-il affirmé.
Prenant l’exemple du Nigeria, avec ses plus de 400 langues et croyances traditionnelles différentes, l’évêque a soutenu que le modèle de liberté religieuse en Afrique moderne devait s’inspirer des valeurs traditionnelles africaines.
« Il existe de nombreuses valeurs dans les religions traditionnelles africaines que l’on ne retrouve même pas dans certaines des religions que nous pratiquons : la compassion, l’hospitalité, l’esprit communautaire — des valeurs profondément enracinées en Afrique », a expliqué le deuxième vice-président du SCEAM.
Mgr Mamza, largement reconnu pour ses initiatives de paix au Nigeria, a illustré : « Dans la société traditionnelle, quelqu’un peut quitter sa chambre pour aller dormir dehors, afin que des enfants qu’il n’a jamais rencontrés puissent s’installer dans sa chambre… même le meilleur repas que l’on ne mange pas habituellement, un Africain le préparera pour une fête. »
Il a cependant déploré le recul de ces valeurs face à la montée de la violence sur le continent, en particulier au Nigeria, son pays d’origine.
« Les choses ont changé, et nous voyons beaucoup de violence à travers l’Afrique. Je peux dire que nous devons blâmer les dirigeants des deux principales religions. Ceux qui infligent la violence sont peu nombreux, tandis que la majorité garde le silence », a-t-il affirmé.
Il a ensuite partagé son expérience personnelle de réponse à la crise de Boko Haram par des actes concrets de solidarité interreligieuse.
« J’ai construit une mosquée comme mission. J’ai pris soin des personnes déplacées dans mon quartier lorsque Boko Haram a pris le contrôle de la moitié de ma ville. J’ai construit une église, une école, et des maisons pour les chrétiens et les musulmans », a déclaré l’évêque de Yola, à propos de son initiative consistant à construire une mosquée pour les musulmans et des logements pour les déplacés dans son diocèse.
Mais ses actions ont suscité des critiques des deux camps, se souvient-il : « J’ai été persécuté par les musulmans. Pourquoi un infidèle construirait-il une mosquée pour que des musulmans viennent y prier ? J’ai aussi été persécuté par les chrétiens. Pourquoi construis-tu une mosquée au lieu d’une église ? Personne ne comprenait. »
Mgr Mamza a néanmoins reconnu le succès à long terme de ses efforts : « Au final, ces personnes vivent aujourd’hui en paix dans la même communauté. »
Il a lancé un appel à un engagement collectif des principales figures d’influence en Afrique pour mettre fin à l’intolérance religieuse : « Les personnes clés qui devraient être impliquées sont les dirigeants mondiaux, les chefs religieux, les chefs traditionnels et les leaders communautaires en Afrique. »
« Si ces quatre catégories s’accordent dans n’importe quelle partie de l’Afrique sur la liberté religieuse, il n’y aura pas de conflit, et chacun pourra pratiquer librement sa foi, car cela fait partie de notre culture », a-t-il affirmé.
Organisé sous le thème « L’Afrique ensemble : un appel continental à la liberté religieuse », le Sommet IRF visait à explorer « l’impact des actions gouvernementales sur la liberté religieuse ».
Lors de plusieurs sessions, les coprésidents du sommet et divers leaders de la société civile venus de tout le continent ont animé des discussions sur « le contexte, les défis et la voie à suivre pour la liberté de religion et de conviction » sur le deuxième plus grand et le deuxième plus peuplé des continents du monde après l’Asie.
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