Mgr Séamus Patrick Horgan, premier Nonce Apostolique résident au Soudan du Sud, a rappelé la visite du défunt Pape François dans ce pays en 2023 et a appelé à la réalisation de la “paix véritable et durable” souhaitée par le regretté Pontife.
Représentant du Saint-Père dans la plus jeune nation du monde depuis sa nomination en mai 2024, Mgr Horgan a souligné que le Pape François a laissé un riche héritage au Soudan du Sud, invitant les citoyens à “s’en inspirer”.
S’exprimant lors de la première journée de l’Assemblée plénière annuelle de la province ecclésiastique de Juba, qui se tient du 7 au 11 juillet et réunit les évêques catholiques du Soudan du Sud, l’Archevêque Horgan a affirmé que “l’intérêt et la préoccupation profonds du Pape François pour le Soudan du Sud et son peuple”, notamment exprimés par sa visite personnelle, “restent gravés à jamais dans l’histoire de cette jeune nation”.
“Il est émouvant d’entendre les nombreux hommages rendus au défunt Pontife. Mais si nous voulons vraiment honorer le Pape François maintenant et à l’avenir, nous devons concrétiser dans la vie quotidienne du Soudan du Sud son ardent souhait de voir s’établir une paix véritable et durable”, a-t-il déclaré.
L’Archevêque d’origine irlandaise, assigné au siège titulaire d’Árd Sratha, a insisté sur le fait que le peuple sud-soudanais doit “considérer le dialogue comme la condition de cette paix” tant souhaitée par le Pape, et que “le silence des armes doit en être le fruit”.
Malgré les appels au dialogue, Mgr Horgan a déploré la persistance des conflits dans le pays, qui, selon lui, se sont intensifiés depuis le début de l’année.
“Depuis quelques mois, nous constatons douloureusement une certaine détérioration. Depuis mars, avec la réapparition des tensions politiques, le pays est à nouveau troublé par le spectre du conflit. Une forme de guerre de basse intensité est déjà en cours”, a-t-il dit.
Il a dénoncé les bombardements, les attaques armées, les mobilisations paramilitaires, les agressions sur les routes et l’insécurité généralisée, qu’il qualifie d’“inquiétudes majeures”.
“Le Pape François a adressé des messages au Président et au Vice-Président en mars, les exhortant au dialogue pour parvenir à la paix”, a rappelé le Nonce, faisant référence à l’appel lancé par le Saint-Père après l’Angélus du 30 mars.
Depuis la signature de l’Accord de paix revitalisé (R-ARCSS) en septembre 2018 à Addis-Abeba, la paix au Soudan du Sud reste fragile. Les tensions entre les forces armées du gouvernement (SSPDF) et celles de l’opposition (SPLM-IO) persistent, aggravées par des rivalités politiques, des divisions ethniques et des retards dans l’application intégrale de l’accord.
La situation s’est détériorée début 2025, avec des affrontements ayant entraîné de nombreuses pertes humaines et déplacements. L’arrestation du Premier Vice-Président, Dr. Riek Machar, et d'autres dirigeants de l’opposition a intensifié les tensions.
Lors de l’ouverture de la Plénière, Mgr Horgan a évoqué ses efforts pour promouvoir la paix, notamment en transmettant l’inquiétude du Saint-Siège au ministre des Affaires étrangères et au Président Salva Kiir.
“J’ai dit au Président combien le Pape est préoccupé par la paix au Soudan du Sud, attristé par les pertes humaines, les blessures causées par les armes et le déplacement de dizaines de milliers de personnes”, a-t-il confié.
Il a également suggéré au Président de proclamer un “cessez-le-feu unilatéral”, ce qui, selon lui, “pourrait changer toute la dynamique du pays”.
Réaffirmant son engagement à plaider en faveur de la paix, Mgr Horgan a déclaré : “L’Église ne doit pas se lasser de répéter ce message.”
Il a salué les efforts du Cardinal Stephen Ameyu Martin Mulla, Archevêque de Juba, ainsi que de l’Église anglicane, qui œuvrent à la réconciliation. Il a aussi félicité les paroisses et les fidèles pour leurs prières et initiatives en faveur de la paix.
“Sans prendre parti, nous pouvons exprimer notre désarroi face aux souffrances causées par ce conflit”, a-t-il ajouté. “Il serait opportun que les évêques fassent entendre un tel appel.”
Le Nonce a conclu en reconnaissant que ces appels constants à la paix et au dialogue “font partie des quelques développements positifs” depuis la dernière Assemblée plénière.