Luanda, 23 juillet, 2025 / 6:14 PM
L’ancienne Secrétaire de la Commission pour l’Information du Synode sur la Synodalité a souligné la nécessité d’une formation continue à la synodalité pour tous les membres de l’Église, en particulier dans le contexte africain.
Dans une interview accordée à ACI Afrique le mardi 22 juillet, après avoir animé des sessions de formation pour des étudiants en théologie dans un séminaire en Angola, Sheila Leocádia Pires a affirmé que la formation est essentielle pour que l’Église incarne véritablement l’esprit de “marche ensemble” voulu par le Concile Vatican II et ravivé par le Pape François à travers le Synode 2021-2024.
Cette journaliste renommée, responsable de la communication de la Conférence des Évêques Catholiques d’Afrique australe (SACBC), a souligné qu’en période de cléricalisme persistant et d’exclusion des laïcs des processus décisionnels, « la synodalité rend à l’Église sa véritable identité : un peuple de Dieu dans la coresponsabilité ».
« On ne peut parler d’Église synodale sans investir dans la formation de ses membres, car une compréhension erronée de sa structure a engendré des pratiques pastorales d’exclusion, avec des décisions centralisées et une voix laïque – surtout féminine et jeune – ignorée », a-t-elle déclaré.
Elle a ajouté : « On ne peut bâtir une Église synodale avec des laïcs bien formés uniquement. Si les évêques et prêtres ne comprennent pas la synodalité, ne la vivent pas, elle ne deviendra jamais une réalité. »
La formation, dit-elle, « doit commencer par les responsables – non comme une imposition, mais comme une conversion pastorale ». Le Pape François parle de “conversion synodale”, et « cette conversion est urgente », a-t-elle insisté.
Évoquant l’insistance du pape à « surmonter le cléricalisme », Sheila a précisé que cela exige une éducation spirituelle, pastorale et théologique du peuple de Dieu tout entier. « Chaque baptisé a un rôle, un don à offrir. Et le droit d’être entendu dans les décisions pastorales. »
Du 15 au 20 juillet, Sheila a été formatrice au Séminaire sur les droits humains et la théologie, organisé à Lubango, en Angola, par Mosaiko – Institut pour la Citoyenneté. L’événement a réuni plus de 100 séminaristes de dernière année des cinq grands séminaires d’Angola (Luanda, Huambo, Benguela, Lubango et Kwanza-Sul).
Elle y a abordé les grands thèmes du document final du Synode publié en octobre 2024 : coresponsabilité, écoute active, inclusion, lutte contre le cléricalisme, valorisation des laïcs et rémunération équitable – avec une attention particulière portée aux femmes consacrées souvent invisibles dans les structures décisionnelles.
Dans l’interview, Sheila a insisté sur le besoin urgent de relancer les groupes synodaux paroissiaux créés en 2021, de leur offrir des formations actualisées et de les outiller pour former d’autres. « C’est ainsi qu’on crée un mouvement synodal, une vraie culture de synodalité », a-t-elle déclaré.
Elle a souligné que la formation doit être globale et multiforme : des évêques jusqu’aux enfants en catéchèse. « Tout le monde doit comprendre ce qu’est la synodalité, car elle concerne chacun. »
Dans une Église synodale, dit-elle, « les décisions ne viennent pas d’en haut, mais émergent de processus d’écoute et de consultation. Le prêtre ou l’évêque conserve la responsabilité finale, mais sa décision est éclairée par la communauté. Cela demande humilité, ouverture et un nouveau style de leadership ecclésial. »
Elle a aussi abordé la responsabilité des laïcs dans le cléricalisme, affirmant : « Ce n’est pas seulement un problème de prêtres. Le cléricalisme est aussi nourri par les laïcs qui traitent les prêtres comme des intouchables ou des surhommes. L’Église synodale remet cela en question. Nous sommes tous frères et sœurs, avec la même dignité baptismale. »
À propos des jeunes et des femmes, elle a affirmé : « Les jeunes ne sont pas l’avenir de l’Église, ils sont le présent. Et les femmes doivent être écoutées, reconnues, valorisées, non seulement dans la pastorale mais dans les espaces décisionnels, les conseils, les bureaux et les commissions. »
Dans le contexte africain, elle a souligné le rôle fondamental des catéchistes dans les zones rurales. « Là où les prêtres sont absents une grande partie de l’année, ce sont les catéchistes qui tiennent la foi vivante. Ils sont les véritables animateurs de foi dans les périphéries ecclésiales. »
Sheila fut l’une des deux seules femmes représentant les laïcs d’Afrique dans le Synode pluriannuel sur la synodalité, conclu le 27 octobre 2024 à Rome.
À l’intention des jeunes femmes désireuses de servir l’Église dans la communication, elle a conseillé : « Écoutez la voix de Dieu. Souvent, nous avons nos propres plans, mais Dieu a un plan bien meilleur. Le secret, c’est de se laisser guider par Lui, même dans l’incompréhension. Travaillez avec ardeur, mais placez toujours Dieu en premier. »
Elle a enfin encouragé les jeunes à s’engager activement dans l’Église : « L’Église a besoin de vous. Votre énergie, votre créativité, votre foi sont essentielles. N’attendez pas d’être appelés. Avancez. Et souvenez-vous : humilité, écoute et prière ouvrent toutes les portes. »
Pour conclure, elle a appelé les conférences épiscopales africaines à faire de la synodalité un axe transversal et permanent de leurs formations : « Ce ne doit pas être un projet ponctuel, mais un engagement durable, institutionnalisé. Il nous faut des centres de formation synodale, des séminaires qui enseignent la théologie de la synodalité, des universités catholiques qui promeuvent la participation, l’écoute et la diversité. »
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