Abuja, 25 juillet, 2025 / 5:30 PM
Alors que le Nigeria entame les préparatifs pour ses élections générales de 2027, les responsables catholiques du pays appellent les citoyens à jouer un rôle actif dans la protection de l’intégrité électorale, exprimant leur vive inquiétude face à l’apathie des électeurs, aux manipulations électorales et à la déception persistante des scrutins de 2023.
Dans une interview accordée à ACI Afrique en marge de l’Assemblée générale annuelle des Commissions Justice, Développement et Paix (JDPC) du 22 au 25 juillet, l'abbé Peter Babangida Audu, secrétaire de la JDPC et secrétaire exécutif de Caritas Nigeria, est revenu sur les insuffisances des élections générales de 2023.
« C’est un peu difficile de parler de 2023 maintenant car nos esprits sont déjà tournés vers 2027. Mais il est important de regarder en arrière », a déclaré le père Audu, le mercredi 23 juillet, lors de la rencontre organisée sous le thème : « Vers les élections générales de 2027 : Les impératifs de la protection du mandat et du développement durable. »
Il a exprimé sa déception envers la Commission électorale nationale indépendante (INEC) du Nigeria, qualifiant les élections passées de cas où « les règles du jeu ont été modifiées en plein match ».
« On nous avait promis l’utilisation de la technologie BVAS (Système bimodal d'accréditation des électeurs) et la transmission en temps réel des résultats, mais au final, on nous a dit que cela pouvait aussi se faire manuellement. Ce n’était jamais clairement établi auparavant. Ce n’était pas acceptable », a-t-il souligné.
Selon lui, de telles incohérences ont non seulement sapé la confiance du public, mais ont aussi découragé la participation électorale.
« Beaucoup de gens se sont sentis exclus, non pas parce qu’ils ne voulaient pas voter, mais parce que le système leur a fait croire que leurs votes ne compteraient pas. Nous devons restaurer cette confiance », a-t-il ajouté.
À l’approche du prochain cycle électoral, l’abbé Audu a précisé le rôle de l’Église dans l’éducation civique, le renforcement des capacités et le plaidoyer, via les structures JDPC présentes dans 60 diocèses à travers le pays.
« L’Église peut guider et mobiliser, mais les Nigérians doivent être prêts à défendre leur mandat. L’époque des fraudes et des manipulations est révolue », a-t-il déclaré.
Le prêtre a souligné que les élections devraient se décider dans les bureaux de vote, et non dans les tribunaux : « Les gens disent : “Allez en justice”. Mais le tribunal ne devrait pas toujours être l’arbitre final. Le bulletin de vote doit l’être. Le bureau de vote est l’endroit où les élections doivent être gagnées ou perdues. »
Il a également mis en garde contre une dépendance excessive aux litiges, ce qui nuit à la crédibilité du processus.
« Les contentieux sont toujours nombreux au Nigeria. Ce n’est pas sain. Pourquoi ne pas régler toutes les affaires judiciaires avant l’investiture des candidats ? Une fois en fonction, l’attention doit se porter sur la gouvernance, pas sur les batailles juridiques », a-t-il déclaré.
Concernant la participation électorale, il a déploré le taux élevé de votes nuls dû à une éducation électorale insuffisante : « Chaque bulletin annulé est une voix gaspillée. Nous ne pouvons plus nous le permettre. »
Il a exhorté les jeunes et les nouveaux électeurs à s’impliquer davantage : « Encourageons les nouveaux à s’inscrire et à participer. La démocratie est vide si la majorité reste spectatrice. »
Le père Audu a conclu en appelant tous les Nigérians à considérer l’élection de 2027 comme une opportunité de renouveau national : « Ne répétons pas 2023. Protégeons nos votes, éduquons notre peuple et exigeons des comptes. Le Nigeria peut aller mieux. Mais cela commence avec nous. »
Dans une autre interview avec ACI Afrique pendant le même événement, le secrétaire général du Secrétariat catholique du Nigeria (CSN), le père Michael Banjo, a déclaré : « Au Nigeria, notre démocratie a trop souffert de trahisons. En tant qu’agents de conscience, nous devons veiller à ce que les votes soient protégés et que les élections mènent à un véritable développement. »
« Chaque vote exprimé par un citoyen nigérian est une part de sa dignité et un engagement pour l’avenir de la nation. Protéger ce vote, c’est honorer cette dignité humaine », a-t-il poursuivi.
Le père Banjo a présenté une stratégie en cinq points pour la JDPC en vue du prochain cycle électoral, en mettant en priorité l’éducation des électeurs.
« Nous devons intensifier l’éducation électorale à la base, en particulier dans les zones rurales, auprès des femmes, des jeunes et des primo-votants. Les paroisses, marchés, émissions radio et réunions villageoises doivent devenir des plateformes d’éducation civique », a-t-il dit.
Il a insisté sur la nécessité de former et de déployer des observateurs électoraux compétents pour surveiller non seulement les bureaux de vote, mais aussi l’utilisation de la technologie et les processus de centralisation des résultats : « Leur présence et leur vigilance peuvent faire toute la différence. »
Le père Banjo a invité la JDPC à maintenir la pression sur l’INEC et les législateurs pour garantir la transparence du financement des campagnes et la transmission en temps réel des résultats.
« La JDPC doit surveiller l’environnement pré-électoral, repérer les signes avant-coureurs de violence ou de manipulation, et suivre les procédures judiciaires en cas de contestation des résultats », a-t-il ajouté.
Il a conclu : « À travers les homélies, les déclarations publiques et les interventions médiatiques, l’Église doit former les consciences et appeler tous les Nigérians à rechercher le bien commun et l’intégrité électorale, sans prendre parti. »
Selon lui, une élection réussie n’a de sens que si elle conduit à un développement concret : « Une élection crédible n’est pas une fin en soi. À quoi sert-elle si elle ne se traduit pas par plus de justice, d’emplois, de soins de santé, de sécurité et de meilleures conditions de vie ? »
(L'histoire continue ci-dessous)
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