Nairobi, 13 août, 2025 / 9:43 PM
La contribution du clergé africain ainsi que des religieuses et religieux à l’Occident n’est pas le signe d’une faiblesse de ce dernier, mais le fruit d’une foi partagée, a déclaré le Secrétaire du Dicastère pour l’Évangélisation du Vatican. Il a mis en garde les missionnaires africains contre la tentation de se présenter comme des « agents de sauvetage » pour l’Église que l’on dit en déclin en matière de vocations sacerdotales.
Les Églises d’Occident, a-t-il poursuivi, doivent également accueillir « sans gêne » les fruits de leur premier travail missionnaire en Afrique « et dans d’autres Églises plus jeunes », a affirmé Mgr Fortunatus Nwachukwu lors du IIIᵉ Congrès panafricain catholique sur la théologie, la société et la vie pastorale, tenu à Abidjan, en Côte d’Ivoire.
En accueillant des missionnaires issus d’Églises plus jeunes, a-t-il expliqué, les Églises d’Occident « ne perdent pas leur identité mais approfondissent leur communion ».
« Les Églises d’Occident sont invitées à accueillir, avec clarté et sans gêne, le fruit de leur passé missionnaire », a déclaré le responsable du Vatican lors de cette rencontre organisée du 5 au 10 août par le Pan-African Catholic Theology and Pastoral Network (PACTPAN).
Il a ajouté : « En revanche, les Églises du Sud ne doivent pas se présenter comme des agents de sauvetage. »
« L’évangélisation ne doit plus être décrite dans un langage de conquête ou de supériorité. L’Afrique ne vient pas résoudre les problèmes de l’Église en Occident, mais marcher avec elle, comme une sœur, dans un service partagé », a affirmé le prélat nigérian dans sa présentation intitulée L’Église des gerbes : la mission de l’Afrique pour elle-même et pour le monde dans une Église synodale.
Il a expliqué que, pour l’Afrique, l’image de la gerbe, telle que présentée dans les Psaumes, reflète la réalité d’un continent qui a reçu autrefois l’Évangile grâce au don de soi de missionnaires, et qui est désormais arrivé à maturité.
Selon l’archevêque, l’Afrique est une Église en pleine croissance et répond aux besoins pastoraux des pays occidentaux, lesquels traversent, selon lui, « une profonde crise démographique ».
Il a souligné que, dans l’Église en Occident, la sécularisation, la domination des valeurs consuméristes et « l’affaiblissement de l’imaginaire religieux » ont entraîné une baisse des vocations sacerdotales et religieuses.
Le Secrétaire du Dicastère pour l’Évangélisation a relevé qu’en Occident, des paroisses fusionnent, un seul prêtre dessert plusieurs communautés, des séminaires ferment et des monastères sont vendus.
À l’inverse, a-t-il ajouté, la croissance de l’Église en Afrique est sur une trajectoire ascendante : « À la fin de 2021, la population catholique mondiale atteignait 1 375 852 000, soit une augmentation de 16 240 000 par rapport à l’année précédente. Cette croissance n’a pas été uniformément répartie : l’Europe a reculé de 244 000 fidèles, tandis que l’Afrique a progressé de 8 312 000. L’Amérique a suivi avec 6 629 000, l’Asie avec 1 488 000, et l’Océanie avec 55 000. »
Ces chiffres montrent, selon lui, que l’Afrique n’est pas seulement réceptrice de mission, mais aussi source : « Ses séminaires sont pleins, ses vocations augmentent, ses communautés sont dynamiques. »
En Occident, a-t-il observé, des noms africains apparaissent désormais dans les registres paroissiaux, les séminaires et les institutions religieuses.
Malheureusement, « des résistances subsistent », a-t-il noté, précisant que certaines Églises en Occident ne sont pas prêtes à mettre en place une réponse coordonnée à leurs défis pastoraux.
« Certains invoquent un décalage culturel, d’autres nient même le besoin d’aide extérieure », a-t-il expliqué, ajoutant que, dans certaines régions occidentales, les pénuries pastorales sont requalifiées en “innovations stratégiques”, suggérant que les fusions paroissiales et l’autonomisation des laïcs sont des signes de renouveau, et non de déclin.
« Les statistiques ne mentent pas », a affirmé le responsable du Vatican, avant d’ajouter : « Nier le besoin pastoral en Occident, c’est ignorer les faits. Ce n’est pas de l’humilité, mais de l’évitement. Ce qu’il faut, ce n’est pas de l’improvisation, mais une réponse coordonnée impliquant les conférences épiscopales, des accords pastoraux clairs et des structures d’accueil et de formation. »
Mgr Nwachukwu a souligné que recevoir de l’aide de « l’Église des gerbes » ne signifie pas perdre sa dignité, mais approfondir la solidarité. « L’Église en Occident doit avoir l’humilité de reconnaître que l’accueil d’un soutien missionnaire venu d’Afrique ou des Églises plus jeunes n’est pas un signe de faiblesse, mais une reconnaissance de la responsabilité mutuelle au sein du Corps du Christ. »
« La collaboration n’est pas une substitution », a-t-il précisé le 7 août, ajoutant que l’Église africaine qui évangélise en Occident ne cherche « ni à remplacer, ni à dominer, mais à servir et à partager la vie de la vigne ».
Le prélat nigérian a observé que ce qui est nécessaire, c’est une imagination ecclésiale renouvelée, « qui ne conçoive pas la mission comme un mouvement des puissants vers les pauvres, mais comme un échange réciproque de dons, chaque Église donnant selon sa force et recevant selon son besoin ».
L’ancien diplomate du Saint-Siège, en poste comme nonce apostolique de novembre 2012 jusqu’à sa nomination comme Secrétaire du Dicastère pour l’Évangélisation en mars 2023, a conclu en disant que la vitalité pastorale de l’Afrique doit désormais être partagée « non pas comme un triomphalisme, mais comme une gérance ».
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