El Obeid, 26 août, 2025 / 11:00 PM
Les entités catholiques au Soudan, où de violents combats se poursuivent, interviennent avec prudence, a déclaré un responsable de l’Agence catholique pour le développement à l’étranger (CAFOD), notant que l’Église est particulièrement soucieuse de ne pas s’engager dans des initiatives de consolidation de la paix qui pourraient être mal interprétées alors que la guerre fait encore rage.
Pour l’instant, l’agence caritative de l’Église catholique en Angleterre et au Pays de Galles, ainsi que d’autres organisations humanitaires au Soudan, se concentrent principalement sur l’aide humanitaire aux communautés. CAFOD mène actuellement des initiatives pour sauver les victimes de la guerre de la dévastation du choléra, en plus de ses autres interventions humanitaires dans le pays en guerre.
Dans un entretien avec ACI Africa, Telley Sadia, représentant pays de CAFOD au Soudan, a parlé de l’intervention de l’organisation dans la crise humanitaire, mais est resté réservé concernant le rôle de l’Église dans la consolidation de la paix et la réconciliation dans ce pays d’Afrique de l’Est et du Centre.
Il a expliqué que lancer une initiative de paix est perçu comme un alignement, soit du côté des Forces de soutien rapide (RSF), soit de celui des Forces armées soudanaises (SAF), qui s’affrontent depuis le 15 avril 2023.
« L’Église s’engage, mais avec prudence, en raison du contexte et de raisons historiques que je ne peux détailler. Tout ce que je peux dire pour l’instant, c’est que le christianisme est ici minoritaire, et qu’il faut être très prudent », a déclaré Sadia à ACI Africa le 20 août.
Il a ajouté : « Parfois, même si vous agissez de bonne foi, vos actions sont mal interprétées. Dans ce pays, on ne peut même pas organiser un programme de consolidation de la paix. Si vous tentez de le faire, vous êtes perçu comme prenant parti pour l’un ou l’autre camp. »
Le responsable de CAFOD a toutefois précisé qu’au niveau communautaire, « l’Église, les leaders locaux et la population s’entendent bien ».
« Mais le contexte ne permet aucune initiative de paix pour le moment », a-t-il insisté.
Sadia a indiqué avoir vu les évêques catholiques du Soudan s’engager dans des efforts de guérison au niveau local, parfois via la nonciature.
« Nous avons deux évêques et un archevêque dans le pays. Nous avons aussi une poignée de prêtres. Ces ministres de l’Église ne sont pas nombreux, mais ils accompagnent leurs communautés là où ils sont », a-t-il expliqué, ajoutant : « Au niveau national, les responsables de l’Église expriment leurs préoccupations par le biais du nonce, sur le plan diplomatique. »
Le responsable ougandais de CAFOD, qui réside actuellement à Kosti, dans l’État relativement calme du Nil Blanc, a indiqué qu’au milieu de la crise humanitaire, la vie ecclésiale se poursuit dans cette région pastorale rattachée à l’archidiocèse catholique de Khartoum.
« Nous sommes peu nombreux, car la majorité de la population est musulmane. Mais nous avons plusieurs paroisses. Le dimanche, nous célébrons la messe, et d’autres dénominations chrétiennes tiennent leurs offices », a-t-il dit, ajoutant : « Nous avons aussi de solides Petites Communautés Chrétiennes (PCC) qui prennent soin de leurs membres. Les PCC sont particulièrement essentielles dans notre travail à CAFOD. »
Dans l’entretien avec ACI Africa, Sadia a longuement décrit la dégradation de la situation humanitaire dans plusieurs régions du Soudan, la propagation du choléra en particulier frappant durement la population déjà éprouvée par l’une des pires crises humanitaires au monde.
Le Nil Blanc, où il réside, est l’un des États les moins touchés par les combats, mais « nous subissons parfois des attaques de drones », a-t-il dit. « Avec l’arrivée des réfugiés et le coût de la vie qui augmente, la situation humanitaire se dégrade, comme ailleurs. Nous recevons de plus en plus de déplacés internes venant du Kordofan, où les combats se poursuivent. En plus, environ 500 000 réfugiés sud-soudanais vivent dans cette région. »
Il a affirmé que la situation humanitaire au Soudan reste dramatique, notamment dans le Darfour et le Kordofan. « À cause des combats, des vies sont perdues. Les infrastructures sont détruites. Les gens n’ont pas de nourriture. Dans le Kordofan, on a même vu des personnes se nourrir de feuilles. Au Darfour, la situation est la même », a expliqué le responsable de CAFOD.
Il a souligné que l’accès aux zones de combats reste un défi, ce qui complique l’acheminement de l’aide aux populations piégées.
Parmi les lieux inaccessibles, il a cité la ville d’El Fasher. « Pour y parvenir, il faut d’abord passer par le Tchad, puis voler vers l’Égypte ou l’Éthiopie, avant de rejoindre N’Djamena. À la frontière, on rencontre d’autres difficultés. Il faut obtenir un visa, ce qui prend parfois des jours, avant d’entrer au Soudan », a-t-il décrit.
Malgré ces obstacles, CAFOD continue d’intervenir, notamment dans la lutte contre le choléra. Là où les centrales électriques ont été détruites par la guerre, l’agence transporte l’eau manuellement, avec des camions, depuis les sources jusqu’aux points de distribution, en particulier dans les camps de déplacés.
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