Abuja, 01 septembre, 2025 / 11:20 AM
Mgr Matthew Ishaya Audu, archevêque de l’archidiocèse catholique de Jos au Nigeria, a qualifié sa distribution de vivres aux survivants de l’attaque meurtrière du 15 juillet, vivant dans un camp de déplacés internes, de prolongement de son ministère auprès du peuple de Dieu.
Dans une interview accordée à ACI Afrique lors de la remise des aides, Mgr Audu est revenu sur l’attaque du 15 juillet qui a coûté la vie à des dizaines de personnes, soulignant la nécessité pour l’Église de dénoncer les agressions contre son peuple. Il a également averti que le silence face à la violence équivaut à une complicité.
« Nous sommes venus ici en solidarité avec ce qui s’est passé le 15 juillet 2025. C’était un événement très triste. Malheureusement, ce n’est pas la première fois qu’une telle tragédie se produit. Nous avons déjà connu des incidents — deux personnes tuées à Atar, trois dans une autre communauté. Mais c’est le pire incident de ces cinq dernières années, avec environ 30 vies perdues », a déclaré l’archevêque catholique nigérian à ACI Afrique le jeudi 28 août.
Il a ajouté : « Nous faisons face à une situation où des innocents ne peuvent plus aller dans leurs champs, où les enfants ne peuvent plus aller à l’école, et où les familles ne peuvent plus dormir paisiblement chez elles. »
« En tant que pasteurs, nous ne pouvons détourner le regard lorsque notre troupeau est dispersé et détruit. Notre voix doit se faire entendre, même si elle dérange certains », a insisté le prélat.
Il a déploré que les auteurs de l’attaque n’aient toujours pas été arrêtés, ajoutant : « Cela continuera tant que rien ne sera fait. Personne n’a été arrêté. C’est très triste. C’est pourquoi j’appelle le gouvernement à intensifier ses efforts pour que cela cesse. »
Mgr Audu a expliqué que l’Église alerte régulièrement sur l’insécurité, mais que les réponses gouvernementales restent insuffisantes. Il a reconnu les efforts de l’armée et de la police, mais a souligné que la persistance des attaques exige des actions plus décisives. Il a appelé les dirigeants politiques à aller au-delà des promesses et à protéger véritablement la vie des citoyens.
« La vie de chaque Nigérian compte, qu’il soit riche ou pauvre, chrétien, musulman ou adepte de religions traditionnelles. L’incapacité à protéger la vie sape les fondements mêmes de notre société. Nous devons rejeter l’idée que la violence devienne normale », a-t-il poursuivi.
L’archevêque a également mis en garde contre la tentation des communautés de se faire justice elles-mêmes, rappelant que la vengeance engendre uniquement des cycles de violence.
« Nous ne pouvons résoudre l’insécurité par davantage d’insécurité. Les communautés doivent résister à l’envie de riposter, aussi douloureuses que soient leurs pertes. Seule la justice, le dialogue et la responsabilité peuvent ouvrir le chemin de la paix », a-t-il insisté.
Il a exhorté les chrétiens à renforcer leur confiance en Dieu et à ne pas céder à la peur ou au désespoir.
« La prière est essentielle, mais elle ne doit pas exclure l’action. Nous devons allier foi et efforts pour éduquer notre peuple à la vigilance, à la résolution des conflits et à la coexistence pacifique », a précisé Mgr Audu.
Le silence face à la violence, a-t-il souligné, envoie le mauvais message que la vie humaine n’a plus de valeur.
« Notre rôle prophétique exige que nous parlions vrai aux pouvoirs. Se taire lorsque des gens sont massacrés revient à nier l’Évangile. Jésus s’est tenu aux côtés des opprimés et a donné sa vie pour les faibles. En tant que ses disciples, nous ne pouvons agir autrement », a-t-il déclaré.
Mgr Audu a rappelé que l’Église continuera à dialoguer avec le gouvernement et la société civile pour promouvoir la paix, encourageant la collaboration interreligieuse comme outil vital pour l’unité nationale.
« Chrétiens et musulmans doivent travailler ensemble pour isoler les marchands de violence. Les terroristes et les bandits ne représentent aucune religion. Nous ne devons pas les laisser nous diviser selon des lignes religieuses ou ethniques », a conclu l’archevêque à ACI Afrique le 28 août.
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