vendredi, 05 décembre 2025 Faire un don
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«Il y a déjà beaucoup de succès» : un évêque sur les efforts de paix menés par l’Église dans le Nord Rift du Kenya

Mgr John Mbinda du diocèse catholique de Lodwar au Kenya a qualifié de « réussies » les initiatives menées par l’Église en faveur d’une paix durable dans la région du North Rift, en proie aux conflits, ainsi que dans les diocèses voisins en Ouganda, au Soudan du Sud et en Éthiopie.

Dans un entretien accordé à ACI Afrique en marge de l’ordination diaconale du 19 septembre de 12 membres de la Congrégation du Saint-Esprit (Spiritains/Pères du Saint-Esprit/CSSp) et de trois de la Congrégation du Très Saint Rédempteur (Rédemptoristes/CSsR), Mgr Mbinda a souligné la valeur de la paix.

« Il y a déjà beaucoup de succès », a-t-il déclaré en faisant référence à la North Rift Peace Initiative lancée en juin 2023 par les membres de la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB), qui rassemble les diocèses de Nakuru, Eldoret, Kitale, Lodwar, Nyahururu et Maralal, « pour endiguer la violence récurrente et unir leurs forces afin de transformer les causes profondes du conflit ».

L’évêque spiritain kényan a confié à ACI Afrique que les Ordinaires des six diocèses avaient convenu de faire de leur mieux, individuellement et en étroite collaboration, pour relever les défis sécuritaires communs.

« Quand il y a la paix, cela apporte développement, stabilité et progrès. Elle assure l’utilisation adéquate des rares ressources et renforce la collaboration entre communautés voisines pour le bien de tous », a-t-il affirmé.

L’Église a « l’obligation de garantir une vie fraternelle » parmi les communautés en conflit, a déclaré Mgr Mbinda, ajoutant : « Nous reconnaissons que la paix est essentielle pour le bien-être du peuple, pour notre mission et notre travail d’évangélisation, et même pour le fonctionnement du gouvernement. »

Dans le cadre de cette initiative de paix menée par l’Église, Mgr Mbinda a rappelé que le 13 septembre, il avait accueilli dans son diocèse des représentants du peuple de Dieu du diocèse voisin de Kitale et du diocèse catholique de Moroto en Ouganda pour prier pour une paix durable dans les trois juridictions ecclésiastiques.

« C’est pour cette raison que nous nous sommes récemment rendus à Lorengkipi, situé à la frontière des trois diocèses », a-t-il expliqué, ajoutant que l’événement avait réuni des fidèles des trois diocèses, dont des coordinateurs Justice et Paix, des responsables civiques et des politiciens.

La rencontre du 13 septembre avait « un objectif commun : prier pour la paix », a-t-il souligné, au sujet de cette initiative spirituelle présidée par lui-même, Mgr Henry Juma Odonya du diocèse de Kitale et un représentant de Mgr Damiano Giulio Guzzetti du diocèse de Moroto.

« Je crois que la prière est puissante, qu’elle est efficace et qu’elle peut faire progresser la paix, afin que nos communautés voisines puissent commercer ensemble, contracter des mariages entre elles, se rendre visite et permettre la libre circulation des personnes et des biens à travers les frontières », a confié Mgr Mbinda à ACI Afrique, en marge de l’ordination diaconale du 19 septembre qu’il a présidée à la paroisse Saint-Jean l’Évangéliste – Saint-Esprit de Karen, dans l’archidiocèse catholique de Nairobi (ADN).

L’évêque spiritain, qui dirige le diocèse de Lodwar depuis son ordination épiscopale en juin 2022, a indiqué que des événements similaires avaient eu lieu à Kainuk, une zone limitrophe de son diocèse et de celui de Kitale.

« Nous en avons eu un autre à Kapedo, bien connu pour ce qui s’y est passé et pour les nombreuses pertes de vies humaines », a déclaré Mgr Mbinda en référence à ce centre commercial de son diocèse, souvent associé à des conflits liés au vol de bétail et aux frontières administratives contestées.

En 2014, des voleurs de bétail présumés avaient tendu une embuscade dans la zone de Kapedo, tuant 20 policiers kényans, dont des réservistes, dans ce que les responsables gouvernementaux avaient décrit comme « l’un des pires massacres de forces de l’ordre en une seule attaque » depuis le massacre de 42 policiers à Baragoi en 2012, dans le diocèse de Maralal.

Dans l’entretien du 19 septembre, Mgr Mbinda a déclaré que l’Église catholique avait « tenté d’entrer même dans ces zones de conflit, sans crainte, simplement pour promouvoir la paix et dialoguer avec les parties prenantes, les guerriers, les anciens, et tous ceux avec qui nous pouvons parler afin de restaurer la paix ».

« Le gouvernement est aussi présent avec ses moyens, et nous apprécions son soutien à sa manière. Mais pour nous, nous voulons privilégier la voie de la prière et celle du plaidoyer afin que nous puissions instaurer la paix parmi ces communautés en guerre », a-t-il ajouté.

Il a ensuite attribué les conflits persistants dans le North Rift à la marginalisation historique, au manque d’éducation et à des pratiques culturelles profondément enracinées.

Le premier évêque spiritain kényan a confié à ACI Afrique : « Un facteur clé que nous devons reconnaître est que ces zones périphériques ont longtemps été isolées et ont manqué le développement observé ailleurs au Kenya. L’éducation n’est presque pas arrivée dans ces lieux, de sorte que beaucoup de gens ont eu peu d’opportunités pour gagner leur vie. »

« En conséquence, les raids sont devenus un moyen de survie. Par exemple, un homme qui n’avait pas de bétail pour payer une dot pouvait voler un voisin afin de se marier », a-t-il expliqué.

 

(L'histoire continue ci-dessous)

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Mgr Mbinda a également relevé que « des cycles de vengeance » et « des rôles traditionnels entrent en jeu, la culture guerrière incitant les jeunes hommes à se déplacer entre communautés pour provoquer des réactions et voler du bétail ».

Pour briser ce cycle, il a souligné la nécessité de l’éducation formelle, du plaidoyer et d’un réexamen des traditions néfastes. Il a lancé un appel aux anciens et aux leaders de la région du North Rift en proie aux conflits afin qu’ils assument la responsabilité de guider leurs communautés vers la paix.

Pour lui, « si nous collaborons pour aborder ces questions, nous pouvons identifier les traditions qui doivent être ajustées ou totalement abandonnées, en particulier celles qui ne favorisent pas la paix, afin de construire et de maintenir une harmonie durable ».

 

« La paix est primordiale (et) bénéfique pour chacun de nous », a insisté Mgr Mbinda, exhortant le peuple de Dieu du Turkana, du West Pokot et des diocèses voisins en Ouganda, au Soudan du Sud et en Éthiopie à donner la priorité à la paix plutôt qu’au conflit.

Il a conclu : « Chacun de nous doit être un ambassadeur de paix, prêchant la paix à partir de son propre cœur, et ensuite en étant aussi ambassadeur de paix là où il se trouve, afin que nous puissions coexister et marcher ensemble, comme le Synode nous y a invités. »

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