Abuja, 29 septembre, 2025 / 10:30 PM
Des chercheurs de l’International Society for Civil Liberties and Rule of Law (Intersociety) appellent le gouvernement nigérian à cesser de nommer des musulmans à des postes militaires de haut rang dans la région du Sud-Est du pays, qu’ils estiment être chrétienne à 95 %.
Les chercheurs expriment leur inquiétude face au fait que des officiers supérieurs de l’armée issus du nord du Nigeria, largement musulman, soient envoyés diriger des formations militaires dans les régions méridionales.
Cette tendance, affirme l’ONG chrétienne, prive les populations du Sud-Est d’un sentiment d’appartenance, de confiance et de sécurité quant à la protection de leur vie.
« L’armée doit mettre fin à la nordisation méfiante des formations militaires du Sud-Est », peut-on lire en partie dans la déclaration d’Intersociety partagée avec ACI Afrique le 28 septembre.
La déclaration poursuit : « Des inquiétudes croissantes s’expriment parmi les citoyens civils indépendants et non partisans du Sud-Est au sujet de l’affectation d’officiers militaires supérieurs pour diriger les formations militaires dans le Sud-Est. »
« Des officiers supérieurs d’extraction musulmane du Nord dominent les nominations dans la région, une région à plus de 95 % chrétienne », affirment les chercheurs d’Intersociety dans leur communiqué daté du 28 septembre.
Selon eux, le Nigeria est marqué par des « particularités ethno-religieuses profondes » et traverse une aggravation de « divisions ethno-religieuses profondes ».
Le pays ouest-africain, poursuivent-ils, connaît également depuis dix ans une « injustice, un déséquilibre et une quasi-absence de neutralité dans les opérations de sécurité et de défense menées par l’armée, la police et les forces alliées ».
Appelant à un rééquilibrage dans l’attribution des postes militaires, ils déclarent : « Les autorités militaires sont vivement appelées à revenir en arrière et à garantir un équilibre ethno-religieux lors de la nomination des officiers supérieurs à la tête des formations militaires du Sud-Est. »
« Cela donnera aux populations du Sud-Est un sentiment d’appartenance, de confiance et de sécurité quant à la protection de leurs vies, de leurs libertés et de leurs biens, en plus d’assurer leur bien-être psychologique et leur stabilité », ajoutent-ils.
D’après les enquêtes des chercheurs d’Intersociety, il y aurait au moins quatre hauts responsables militaires et policiers originaires du Nord musulman occupant actuellement des postes de commandement dans l’État d’Imo seulement.
Ces responsables comprennent : le Brigadier Général Ibrahim Abbas, commandant à Owerri, l’Air Commodore D.E. Bello, commandant de la base 211 du Nigerian Air Force Quick Response Group à Owerri, le Navy Commodore M.A. Alhassan, commandant de la base navale d’Oguta, État d’Imo, et Mallam Aboki Danjuma, commissaire de police de l’État d’Imo.
Par ailleurs, les chercheurs d’Intersociety appellent le quartier général de la Défense nigériane à revenir à l’époque où il bénéficiait encore de la confiance du peuple.
Ils rappellent qu’avant juin 2015, l’armée nigériane était reconnue pour sa « neutralité, sa laïcité et son semi-professionnalisme », des qualités qui renforçaient la confiance et le respect du public dans la nation la plus peuplée d’Afrique.
Au fil des années, cette confiance, qu’Intersociety estime à 45 %, « a drastiquement chuté à moins de 20 %… en particulier parmi les citoyens civils de l’Est et les membres de minorités ethniques et religieuses du Nord ».
Ils dénoncent le manque de neutralité des autorités militaires, une situation qu’ils caractérisent comme marquée par une « proximité avec les bandits jihadistes et leurs alliés dans le Nord ».
Les chercheurs d’Intersociety critiquent les « négociations et pacifications » entre l’armée et les bandits jihadistes, soulignant que cette situation empêche le gouvernement et les forces de sécurité du pays de se désengager des attaques, notamment celles visant les chrétiens.
Certaines attaques visent également des musulmans et des traditionalistes, ajoutent-ils, précisant que des dizaines de milliers de victimes ont été tuées, des millions de personnes contraintes de rejoindre des camps de déplacés et des dizaines de milliers transformées en réfugiés.
« C’est choquant et alarmant que le Nigeria soit le seul endroit où des jihadistes terroristes, sous les yeux de l’armée et de la police, sont autorisés à tenir des conférences de presse mondiales en brandissant des fusils d’assaut chargés et d’autres armes légères illicites, sans avoir été désarmés, démobilisés, réhabilités, déradicalisés et intégrés dans une vie civile légale et tolérante », déplorent les chercheurs.
Ils jugent inconcevable que, tandis que les jihadistes attaquent librement des populations largement chrétiennes en brandissant leurs armes, les chrétiens, eux, n’aient pas le droit de posséder des armes pour se défendre.
« La même armée qui fraye avec les bandits jihadistes et les apaise dans le Nord, se retourne contre l’Est avec une force et une brutalité maximales, y compris des raids incessants et la confiscation d’armes de ‘défense personnelle, de chasse et de loisirs’, pourtant classées dans les lois écrites du pays, telle que la loi de 2004 sur les armes à feu, comme armes non prohibées », affirment les chercheurs d’Intersociety dans leur rapport partagé avec ACI Afrique le 28 septembre.
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