Caxito, 21 octobre, 2025 / 6:25 PM
Mgr Maurício Agostinho Camuto, évêque du diocèse catholique de Caxito en Angola, a attribué au système judiciaire du pays la responsabilité de perpétuer un cycle d’impunité, de corruption et de dégradation nationale.
Dans son homélie à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale des missions 2025, Mgr Camuto a dénoncé les injustices auxquelles font face les citoyens ordinaires, affirmant que la défaillance de la justice continue de miner la confiance du public et l’intégrité morale.
« L’Angola est ce qu’il est aujourd’hui parce que la justice ne fonctionne pas. L’inopérabilité du système judiciaire entretient l’impunité, la corruption et la souffrance du peuple », a déclaré l’évêque angolais lors de la célébration eucharistique du 19 octobre à la paroisse Saint-Jean-Paul II du diocèse de Caxito.
Il a déploré le sort des Angolais innocents croupissant dans les prisons tandis que « de nombreux coupables circulent librement », dénonçant ce qu’il a qualifié de « complicité d’une société qui regarde en silence ».
« Combien d’Angolais sont injustement emprisonnés ? Combien passent des années à chercher la justice ? Il y a beaucoup d’innocents en prison et beaucoup de coupables en liberté », a regretté le membre angolais de la Congrégation du Saint-Esprit (CSSp/Pères du Saint-Esprit/Spiritains).
Il a décrit le système judiciaire de l’Angola comme l’un des plus grands obstacles au développement du pays. « La justice est pour les gens au cœur noble, pas pour les corrompus », a-t-il déclaré. « Il est inacceptable qu’un juge soit impliqué dans la corruption. Quand la justice échoue, le pays échoue », a-t-il averti.
Mgr Camuto a établi un lien entre la corruption judiciaire, la pauvreté, la frustration des jeunes et la décadence sociale, soutenant que « les effets d’un système judiciaire corrompu se manifestent dans la misère généralisée, l’abandon des faibles et le désespoir des jeunes ».
« La justice est le fondement de la confiance dans une nation. Sans elle, règnent la peur, la violence et l’injustice — et le peuple souffre », a-t-il déclaré.
L’évêque de Caxito a également dénoncé ce qu’il a appelé la perte de la honte dans la vie publique : « Nous n’avons plus honte. Il semble normal de voler, de mentir, de nuire aux autres, d’être juge et d’agir avec corruption. Retrouver le sens de la honte est la première étape vers la restauration de la dignité nationale. »
Il a exhorté les responsables publics à retrouver leur intégrité morale et à se rappeler que « la honte est une grande vertu ».
Tout en reconnaissant les efforts du gouvernement dans la lutte contre la corruption, Mgr Camuto a estimé que les résultats demeurent limités.
« Le président a lancé une vaste campagne de diplomatie économique, mais les investisseurs ne viennent pas, car ils savent que là où il n’y a pas de justice, il n’y a pas d’investissement », a-t-il affirmé.
L’évêque catholique de 61 ans a offert un message d’espérance et de responsabilité, appelant à un renouveau moral, spirituel et institutionnel, et exhortant les Angolais — en particulier les chrétiens — à être des agents de transformation.
« Nous avons besoin de chrétiens engagés pour la justice, la paix et le changement social. Ce ne seront pas les politiciens qui construiront une nouvelle Angola ; ce sera nous, les chrétiens, éclairés par la Parole de Dieu », a-t-il déclaré.
Mgr Camuto a conclu : « Sans justice, l’Angola continuera à sombrer. Le silence des chrétiens face à la souffrance des innocents est en lui-même un péché d’omission. La nouvelle Angola commence avec toi, avec moi — avec notre engagement quotidien pour la vérité, la justice, l’amour et la solidarité. »
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