Luanda, 10 juillet, 2025 / 8:38 (ACI Africa).
Les évêques catholiques d’Angola ont exprimé leur inquiétude face à la détérioration des conditions sociales dans les zones reculées du pays et ont dénoncé la persécution des catéchistes accusés de sorcellerie.
Dans plusieurs diocèses, les responsables de l’Église catholique appellent également le gouvernement à remédier de toute urgence aux manques dans des secteurs clés comme les infrastructures, la santé et l’éducation.
Dans le diocèse catholique de Benguela, Mgr António Francisco Jaca a condamné ce qu’il a qualifié d’« actes alarmants de persécution » contre des catéchistes dans la municipalité de Balombo, particulièrement dans les zones reculées où la croyance en la sorcellerie reste très répandue.
« Beaucoup de nos frères, y compris des catéchistes, vivent sous le poids d’une mentalité dangereuse », a déclaré Mgr Jaca aux journalistes, mardi 9 juillet, à l’issue d’une visite pastorale dans des zones isolées de Balombo.
Il a ajouté : « Ils sont accusés par leurs propres communautés d’être des sorciers et soumis à des jugements sans aucune base légale. Personne n’a le droit de se faire justice soi-même. »
L’évêque angolais, membre de la Société du Verbe Divin (SVD), a critiqué le silence des autorités civiles et religieuses face à de tels abus.
« Ils se sentent abandonnés. Ni les autorités civiles, ni la police, ni même leur propre communauté ecclésiale ne viennent à leur défense », a-t-il déploré.
Mgr Jaca s’est également inquiété de l’état des routes reliant Balombo à Ganda : « Les routes sont dans un état déplorable. Nous espérons que les autorités se tourneront vers l’intérieur de la province et assumeront leurs responsabilités. »
Pendant ce temps, dans l’archidiocèse catholique de Saurimo, l’archevêque métropolitain a exprimé des préoccupations similaires lors d’une visite pastorale d’une semaine à la paroisse du Sacré-Cœur de Jésus, couvrant les municipalités de Muriege et Chiluanji.
« La route vers Chiluanji est dans un état catastrophique. De Tambu à Humbieji, elle est pratiquement impraticable », a déclaré Mgr José Manuel Imbamba aux journalistes, mardi 8 juillet.
Mgr Imbamba a rapporté que les communautés situées près de la frontière se sentent complètement oubliées par les autorités.
« Ils m’ont demandé d’interpeller les députés provinciaux pour qu’ils leur rendent visite. Ils se sentent utilisés pour leurs votes, puis abandonnés », a-t-il dit.
Il a également soulevé la question du manque d’enregistrement civil : l’absence d’actes de naissance touche plusieurs générations — des aînés aux arrière-petits-enfants — et rend difficile l’accès aux droits fondamentaux, y compris les déplacements.
« J’ai évoqué ce problème il y a des années et on m’avait promis l’envoi d’équipes mobiles. Mais rien n’a été fait », a déploré l’archevêque, qui est également président de la Conférence épiscopale d’Angola et de São Tomé et Príncipe (CEAST).
L’archevêque a également dénoncé l’état déplorable des soins de santé dans des villages comme Kahunguenji, où une infirmière, pourtant en charge d’une épidémie de gale, perçoit le salaire d’un agent d’entretien.
« Il m’a demandé de faire connaître sa situation », a rapporté Mgr Imbamba.
Dans le secteur de l’éducation, il a fait état de plaintes concernant des actes de corruption dans l’attribution des primes d’isolement.
« Les véritables bénéficiaires n’en ont pas profité. Les primes ont été attribuées à des noms sans lien avec les écoles locales », a-t-il précisé.
Mgr Imbamba a ajouté : « Les gens se sentent abandonnés, oubliés, livrés à eux-mêmes. Beaucoup se tournent désormais vers la République Démocratique du Congo pour se soigner ou pour l’éducation. »
Il a exhorté les autorités à tous les niveaux à prendre « des mesures urgentes et concrètes pour soulager les souffrances des communautés les plus négligées de l’Angola ».

