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Les parents des séminaristes enlevés au Nigeria mis en garde contre « la peur, les menaces et l'intimidation »

Les familles des trois séminaristes enlevés du Petit Séminaire Immaculée Conception, dans le diocèse catholique d’Auchi au Nigeria, lors de l’attaque du 10 juillet au cours de laquelle Christopher Aweneghieme, agent de sécurité du séminaire, a été tué, ont été exhortées à demeurer fermes dans la foi.

Dans un entretien avec ACI Afrique, l’Ordinaire du lieu, Mgr Gabriel Ghiakhomo Dunia, s’est adressé aux parents des séminaristes en déclarant : « Ne vous laissez pas écraser par la peur, les menaces ou l’intimidation. »

« Ces choses ne se produisent pas seulement au séminaire. Certains séminaristes ont même été enlevés à leur domicile pendant les vacances. Nous devons rester vigilants et faire tout notre possible pour les protéger », a poursuivi l’évêque, dans l’entretien accordé le dimanche 13 juillet.

S’adressant à la famille et aux proches de l’agent de sécurité tué, l’évêque nigérian a déclaré : « Nous adressons nos plus sincères condoléances à la famille de cet agent courageux tombé au service. »

Depuis le Royaume-Uni où il se trouve actuellement, Mgr Dunia s’est dit profondément bouleversé par l’attaque du 10 juillet et la recrudescence des violences ciblant les institutions catholiques dans l’État d’Edo.

« J’ai été informé de l’attaque vers 23 h. À partir de ce moment, je n’ai pas dormi. J’ai passé toute la nuit à passer des appels pour alerter les autorités concernées et les contacts de l’Église à travers le pays », a-t-il confié, revenant sur les événements survenus au Petit Séminaire Immaculée Conception.

Selon lui, l’attaque a eu lieu alors qu’un petit groupe de séminaristes — probablement les sacristains — se préparait dans la chapelle pour la messe du matin. L’agent de sécurité, en poste à l’intérieur de la chapelle, a été tué par les assaillants.

« Contrairement à ce qui a été rapporté au départ, l’agent n’était pas à la porte », a précisé Mgr Dunia à ACI Afrique. « Il se trouvait bien dans la chapelle avec les séminaristes. C’est là qu’il a été tué. »

Alors que quatre séminaristes étaient présents sur les lieux, trois ont été confirmés comme ayant été enlevés, a-t-il ajouté.

Mgr Dunia a exprimé son incompréhension face au dispositif sécuritaire défaillant ce soir-là. Plus de 50 agents, y compris des membres de la défense civile et des vigiles locaux, étaient censés être déployés dans l’enceinte du séminaire.

« Il devait y avoir cinq agents de la défense civile et dix vigiles autour du périmètre, aux portails et à l’arrière du séminaire. Je ne comprends pas pourquoi ils n’étaient pas là. Nous avions même payé pour le déploiement d’unités de police mobile (MOPOL) censées assurer une sécurité permanente, mais elles n’ont jamais commencé leur mission », a-t-il déploré.

L’évêque, en poste depuis sa consécration épiscopale en février 2003, a rappelé un incident similaire survenu en octobre 2024, lorsque le recteur du séminaire mineur avait été enlevé pendant la prière du soir. Cet événement avait déjà conduit le diocèse à renforcer la sécurité sur les lieux.

« Nous avions pris des mesures, en collaboration avec les autorités locales et les agences gouvernementales, pour sécuriser le site. Nous ne nous attendions vraiment pas à ce que cela se reproduise. C’est une grande déception », a confié Mgr Dunia à ACI Afrique.

L’évêque a estimé que cette attaque pourrait être le résultat d’un « complot interne », une réalité devenue fréquente dans les zones rurales en proie à l’insécurité.

« Il y a toujours des soupçons d’implication interne. Une opération de cette ampleur ne peut réussir sans complicité. Ce n’est pas uniquement notre séminaire ; c’est une réalité dans de nombreuses communautés de la région », a-t-il souligné.

Concernant les motivations des ravisseurs, Mgr Dunia estime qu’elles sont purement financières. « Les séminaristes et les prêtres n’ont offensé personne. Les agresseurs recherchent simplement une rançon. C’est injustifiable. Ce séminaire est situé dans une zone paisible et isolée, et n’aurait jamais dû devenir une cible. »

Il a précisé que ce séminaire revêt une importance historique et spirituelle, car il est construit sur le site même où fut fondé en 1908 le premier grand séminaire d’Afrique de l’Ouest, Saint-Martin. Celui-ci avait ensuite été transféré à Asaba, dans le diocèse d’Issele-Uku, dans l’État du Delta, en 1922.

Quant aux séminaristes enlevés, Mgr Dunia a indiqué n’avoir reçu aucune communication directe de leurs ravisseurs. « À ma connaissance, le diocèse n’a pas été contacté pour une demande de rançon », a-t-il affirmé, tout en précisant qu’il restait en contact permanent avec les prêtres sur le terrain.

L’évêque catholique a appelé les autorités à tous les niveaux — local, étatique et fédéral — à agir de manière décisive face à l’insécurité. Il a décrit une vaste forêt entre les États d’Edo et de Kogi comme étant le repaire de ces criminels.

« Le gouvernement sait comment faire face à cette menace. Il dispose du renseignement et des moyens nécessaires, mais il doit agir », a-t-il exhorté.

Il a mis en garde : « Si rien n’est fait, des communautés entières seront abandonnées et ces criminels prendront le contrôle de nos terres. Nous ne devons pas permettre cela. »

Afin de garantir la sécurité des autres séminaristes et de prévenir d’autres traumatismes, le diocèse a pris la décision de transférer temporairement les élèves et de mettre en place un accompagnement psychologique.

Les étudiants passeront leurs examens de fin d’année dans un lieu sécurisé, a précisé l’évêque, rappelant qu’après l’attaque d’octobre 2024, les élèves avaient été déplacés avant de revenir brièvement au séminaire sous haute surveillance pour composer.

« Un soutien psychosocial et émotionnel est également en cours de mise en place pour les étudiants affectés. Nous ne négligerons pas cet aspect », a-t-il assuré.

Malgré cette situation douloureuse, Mgr Dunia garde l’espérance : « Nous prions pour que cette tempête passe et que le séminaire retrouve la vie. Cela affecte notre mission d’évangélisation, mais nous croyons que Dieu soutiendra Son Église », a-t-il conclu dans son entretien du 13 juillet avec ACI Afrique.

Abah Anthony John