Johannesburg, 13 août, 2025 / 11:55 (ACI Africa).
Le Préfet du Dicastère pour la Communication du Vatican a appelé à la régulation de l’Intelligence Artificielle (IA) et a invité les participants au Congrès de l’Union Catholique Africaine de la Presse (UCAP), qui se tient dans la capitale ghanéenne Accra, à œuvrer pour que l’IA soit mise au service des valeurs humaines.
Dans son message lu lors de la cérémonie d’ouverture du Congrès de l’UCAP, qui se déroule du 10 au 17 août, le Dr Paolo Ruffini a déclaré que la régulation de l’IA permettrait à cette technologie de servir l’humanité dans la vérité et l’honnêteté, tout en protégeant les valeurs humaines.
« La question que nous nous posons de façon réaliste est la suivante : comment les algorithmes, et les machines qui les traitent, peuvent-ils servir l’humanité, dans la vérité, la connaissance, la conscience et la beauté, et partager ces valeurs ? » a affirmé le Dr Ruffini dans son message adressé aux participants réunis à l’Institut ghanéen de Management et d’Administration Publique (GIMPA).
Pour lui, « la réponse réside dans le fait d’empêcher que les algorithmes et leurs processeurs ne créent un système de domination qui pulvérise tout, ignorant le vrai, le juste et le beau ».
Afin que l’IA préserve les valeurs humaines, le responsable du Vatican a également plaidé pour « un système qui empêche l’effacement des responsabilités, qui au contraire simule des émotions, et finit par tisser une toile où l’unicité et la dignité de chaque individu sont sacrifiées ».
Perçue comme un système de domination, a-t-il poursuivi, « l’IA est à tort considérée comme infaillible, invulnérable et omnisciente — en contradiction même avec le postulat scientifique qui la sous-tend — à savoir que la machine peut décomposer des fonctions cognitives complexes en simples éléments mécanistes. Nous sommes à un carrefour. »
Le Dr Ruffini, dans son message lu par Mgr Janvier Yameogo, a souligné que « si l’impact à court terme de l’intelligence artificielle dépend de ceux qui la contrôlent, l’impact à long terme dépend de sa capacité ou non à être contrôlée ».
Il s’est interrogé : « Le développement de l’intelligence artificielle nous aidera-t-il à devenir plus humains ou nous fera-t-il déprécier notre humanité, et comment ? Dans quelle mesure renforcera-t-il la vérité et la solidité des relations entre les individus, la cohésion des communautés ? Dans quelle mesure augmentera-t-il la solitude de ceux qui sont déjà seuls, nous privant encore plus de la chaleur que seule une communication authentique peut offrir ? »
Pour lui, « la question fondamentale ne porte pas sur les machines mais sur les personnes — la relation entre les humains et les algorithmes. Et ce n’est pas une question abstraite. Il s’agit précisément de nos vies, de notre liberté et de notre libre arbitre. »
Il a ajouté : « Cela concerne le pouvoir de ceux qui contrôlent les systèmes de calcul. Cela concerne aussi la relation entre ceux qui effectuent les calculs et ceux sur qui ces calculs sont réalisés, ainsi que les critères de calcul. »
Selon le Préfet, « le contrôle de l’IA touche à la limite entre ce qui peut être calculé (un nombre) et ce qui ne peut pas l’être, parce que ce n’est pas un nombre mais la vie, qui est unique et infinie ».
Face à toutes les incertitudes suscitées par l’IA, le responsable du Vatican a affirmé : « Ce qu’on nous demande, c’est de vivre pleinement nos vies, non pas de manière mécanique, et sans craindre les défis et les dons qu’elles apportent. »
« Nous devons lire et raconter l’histoire avec l’intelligence du cœur, avec la sagesse de l’amour, sans confondre moyens et fins, vérité et mensonge, intuition et calculs. Ce qu’on nous demande, c’est de rester humains, et de le devenir toujours davantage », a-t-il insisté.
Organisé sous le thème « Équilibrer le progrès technologique et la préservation des valeurs humaines à l’ère de l’intelligence artificielle », le Congrès du 10 au 17 août réunit universitaires, experts, décideurs politiques, dirigeants d’entreprise et journalistes venus de tout le continent.
L’objectif est d’examiner comment les nouvelles technologies médiatiques et l’intelligence artificielle transforment la communication et influencent la vie quotidienne. Les discussions portent sur les stratégies pour préserver l’éthique, la dignité et la justice dans la pratique médiatique.
Les participants, en débattant d’un large éventail de questions, formuleront des recommandations à l’intention des gouvernements, des organisations médiatiques et de la société dans son ensemble. Les conclusions du Congrès orienteront les futurs programmes de formation et les lignes directrices professionnelles de l’UCAP.
Dans son message lu aux participants le lundi 11 août, premier jour des travaux, le Dr Ruffini a exprimé l’espoir que l’objectif fixé par le thème du Congrès soit atteint.
Pour l’Église en Afrique, a-t-il souligné, « ce congrès continental est aussi une occasion privilégiée de témoigner de notre foi en Jésus-Christ, qui crée l’unité dans la diversité ».
Il a conclu : « Je souhaite que les travaux du Congrès se déroulent harmonieusement, tant au niveau des discussions sur les questions actuelles que des rapports sur les activités de l’UCAP au sein des entités nationales, et bien sûr dans l’esprit de l’Église Famille de Dieu. »
Et d’implorer : « Que l’esprit de pardon mutuel, de réconciliation, d’inclusion et de participation nourrisse vos efforts pour relever les défis et pour choisir les responsables appelés à diriger l’UCAP au niveau continental afin de toujours favoriser la communion. »

