Le pape Léon XIV exhorte les législateurs catholiques à s’inspirer de la « Cité de Dieu » de saint Augustin

Fondé en 2010 par le cardinal autrichien Christoph Schönborn et le pair britannique David Alton, le Réseau international des législateurs catholiques réunit chaque année à Rome des parlementaires catholiques pour discuter de la liberté religieuse, des relations Église-État, de la protection de la vie et du rôle de la pensée catholique en politique.

La rencontre de quatre jours, organisée cette année à Rome, avait pour thème : « Le nouvel ordre mondial : grandes puissances, empires économiques et avenir de l’épanouissement humain ».

Dans son discours, le pape a évoqué saint Augustin d’Hippone, auteur de La Cité de Dieu au moment de l’effondrement de l’Empire romain.

« Pour trouver nos repères dans les circonstances actuelles — en particulier vous, législateurs et responsables politiques catholiques —, je suggère de nous tourner vers le passé, vers cette figure imposante qu’est saint Augustin », a-t-il dit.

« Comme grande voix de l’Église à la fin de l’ère romaine, il a été témoin de bouleversements immenses et de désintégration sociale. En réponse, il a rédigé La Cité de Dieu, une œuvre qui offre une vision d’espérance, une vision de sens qui peut encore nous parler aujourd’hui. »

Le pape a rappelé comment Augustin enseignait qu’il existe deux « cités » entremêlées dans l’histoire humaine et qui révèlent deux orientations du cœur : « La Cité de l’homme, fondée sur l’orgueil et l’amour de soi, se caractérise par la recherche du pouvoir, du prestige et du plaisir ; la Cité de Dieu, fondée sur l’amour de Dieu jusqu’au don de soi, est marquée par la justice, la charité et l’humilité. »

Le pape Léon a affirmé que les législateurs sont appelés à agir comme « bâtisseurs de ponts entre la Cité de Dieu et la Cité de l’homme ».

« Augustin encourageait les chrétiens à imprégner la société terrestre des valeurs du Royaume de Dieu, orientant ainsi l’histoire vers son accomplissement en Dieu, tout en permettant un véritable épanouissement humain dans cette vie », a-t-il poursuivi.

« L’avenir de l’épanouissement humain dépend du type d’‘amour’ sur lequel nous choisissons de bâtir notre société — un amour égoïste, l’amour de soi, ou l’amour de Dieu et du prochain. »

Le pape Léon a également remis en question les conceptions dominantes du progrès et du développement. « Nous devons clarifier le sens de l’épanouissement humain. Aujourd’hui, une vie épanouie est souvent confondue avec une vie matériellement riche ou une vie d’autonomie et de plaisir illimités », a-t-il dit.

« L’avenir soi-disant idéal qui nous est présenté est souvent celui de la commodité technologique et de la satisfaction consumériste. Or, nous savons que cela ne suffit pas. Nous le voyons dans les sociétés prospères où beaucoup luttent contre la solitude, le désespoir et l’absence de sens. »

Au contraire, il a insisté : le véritable épanouissement découle de ce que l’Église appelle « le développement humain intégral », c’est-à-dire « le plein développement de la personne dans toutes ses dimensions : physique, sociale, culturelle, morale et spirituelle ».

« Cette vision de la personne humaine s’enracine dans la loi naturelle, l’ordre moral que Dieu a inscrit dans le cœur humain et dont les vérités profondes sont illuminées par l’Évangile du Christ », a-t-il ajouté.

Le pape Léon XIV est le premier pape issu de l’Ordre de saint Augustin, également appelé les Augustins, un ordre religieux ancien qui compte des milliers de membres dans le monde. Il a dirigé cet ordre de 2001 à 2013.

Au cours des premiers mois de son pontificat, le pape Léon a cité à plusieurs reprises son père spirituel, saint Augustin, établissant une approche pastorale profondément enracinée dans la tradition augustinienne.

Avant de saluer un à un les parlementaires, le pape les a remerciés « d’apporter le message de l’Évangile dans l’espace public ».

« Soyez assurés de mes prières pour vous, vos proches, vos familles, vos amis, et surtout aujourd’hui pour ceux que vous servez », a-t-il conclu. « Que le Seigneur Jésus, Prince de la paix, bénisse et guide vos efforts pour le véritable épanouissement de la famille humaine. »