Cité du Vatican, 29 octobre, 2025 / 10:56 (ACI Africa).
Le pape Léon XIV a reconnu avec gratitude la foi dynamique et le dynamisme missionnaire de l’Afrique, qualifiant l’Église sur le continent de « don de vie » pour l’ensemble de l’Église universelle.
Le Saint-Père a fait cette remarque en réponse à une présentation du Secrétaire général du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), le Père Rafael Simbine Junior, lors du Jubilé des Équipes Synodales et des Organismes Participatifs à Rome, qui s’est tenu du 24 au 26 octobre et s’est conclu le 26 octobre.
Dans sa présentation, le Père Simbine a décrit l’expérience africaine vécue de la synodalité, soulignant comment, conformément au thème de la XVIe Assemblée générale ordinaire pluriannuelle du Synode des évêques, prolongée par le défunt pape François jusqu’en 2024, les Églises locales continuent de favoriser le dialogue, la responsabilité partagée et la participation à la mission.

À la fin de son intervention, le Secrétaire général de SCEAM a demandé au pape Léon XIV comment l’Église en Afrique pourrait continuer à marcher en communion avec l’Église universelle « sans imposer des modèles uniformes ni compromettre les initiatives locales ».
Il a demandé : « Pendant la phase de mise en œuvre, comment les Églises locales, particulièrement en Afrique, peuvent-elles à la fois recevoir le soutien de l’Église universelle et l’inspirer, en travaillant ensemble dans un esprit d’échange de dons, en respectant le principe de subsidiarité et le discernement local, sans imposer des modèles uniformes ni compromettre les initiatives locales ? »
Le Saint-Père a répondu chaleureusement, reconnaissant la contribution dynamique de l’Afrique à l’identité missionnaire de l’Église.
Il a loué la vitalité juvénile de l’Afrique et le témoignage du continent en matière de famille, de communauté et de foi vécue dans la diversité. « L’Église en Afrique nous offre à tous un don : le don de la vie, de la jeunesse, de la famille et de la construction de ponts entre cultures et religions », a-t-il déclaré.
Soulignant la nécessité « d’être missionnaire », le pape Léon XIV a déclaré : « La synodalité n’est pas une campagne. C’est une manière d’être, et une manière d’être Église. C’est un moyen de promouvoir une attitude, qui commence par apprendre à s’écouter les uns les autres. »

Il a exhorté tous les délégués à résister à la tentation de l’uniformité et à adopter un esprit d’écoute permettant à chaque Église locale de vivre la synodalité de manière authentique.
« Nous ne cherchons pas un modèle où tout le monde fait la même chose. La synodalité est une conversion du cœur, pour écouter, construire la communion et être missionnaire », a déclaré le pape Léon XIV.
Le Jubilé des Équipes Synodales et des Organismes Participatifs, du 24 au 26 octobre, qui s’inscrit dans le cadre de l’Année jubilaire 2025 de l’Église catholique, a réuni quelque 2 000 membres venus du monde entier, pour marquer une étape clé dans la mise en œuvre des orientations du Synode pluriannuel sur la synodalité, conclu le 27 octobre 2024 à Rome.
L’objectif de ces trois jours était d’approfondir le chemin de communion, de participation et de mission de l’Église, éléments centraux du thème du Synode sur la synodalité.

La première session du Synode pluriannuel sur la synodalité s’est tenue du 4 au 29 octobre 2023, et s’est conclue par un rapport sommaire de 42 pages. Un document final de 67 pages a suivi la deuxième session du 2 au 27 octobre 2024.
Parmi les délégués du Jubilé des Équipes Synodales figuraient trois membres de la Commission pour la mise en œuvre de la synodalité de la Conférence des évêques catholiques d’Afrique australe (SACBC) : le Père Nhlanhla Mchunu, secrétaire pour la mise en œuvre de la synodalité ; Laurika Nxumalo, secrétaire adjointe représentant les laïcs ; et Kati Dijane, représentant la jeunesse.
Les trois ont rejoint les délégués du monde entier pour trois jours de réflexion, dialogue, prière et célébration, alors que l’Église continue de vivre les fruits du Synode sur la synodalité.
Un Jubilé d’espérance et de communionLe jubilé a débuté le 24 octobre avec les inscriptions et les présentations du matin, suivies de la prière d’ouverture et de l’allocution du Secrétaire général du Synode des évêques, le cardinal Mario Grech. Sa réflexion, inspirée de La Porte du Mystère de l’Espérance de Charles Péguy, a donné le ton aux trois jours de rassemblement.

« La foi voit ce qui est, l’espérance voit ce qui sera, et l’amour aime ce qui est », a déclaré le cardinal Grech, invitant les délégués à contempler ces trois vertus théologales comme fondement d’une Église synodale.
Il a décrit l’amour comme le moteur de la mission de l’Église et le ciment qui soutient la communion même dans la tension et l’incertitude. L’amour, a-t-il dit, « est la décision de rester présent, le refus de se retirer face aux tensions, la volonté d’écouter lorsque les voix s’affrontent et le courage de rester à la table quand le consensus semble lointain ».

Le deuxième jour du Jubilé a commencé par un pèlerinage et le passage par la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre. Les délégués ont ensuite été répartis en petits groupes pour participer à 24 ateliers et six séminaires sur des thèmes clés tels que le dialogue, l’inculturation et le leadership participatif.

Mgr Timothy Costelloe a mis en garde contre le risque de créer de nouvelles formes de cléricalisme, déclarant : « Nous ne sommes pas une multinationale. Nous sommes le Corps du Christ, le sacrement universel du salut. Le renouveau commence non par les structures mais par une culture de l’Évangile. »

Au cœur de sa réflexion, il a appelé à une écoute profonde, ce qu’il a décrit comme « entendre la voix de l’Esprit dans ce que disent les autres ». Il a insisté sur le fait que cette posture attentive doit guider chaque conseil paroissial, organe diocésain et assemblée épiscopale.
La voix des jeunes : une vocation à la saintetéUn autre temps fort fut l’atelier « Jeunesse et Synodalité : une perspective vocationnelle », animé par le Père Clemens Blattert, qui a invité les délégués à réfléchir sur les jeunes qui inspirent la foi par la manière dont ils vivent leur vocation.

Le Père Blattert a expliqué que « la synodalité signifie marcher ensemble, écouter l’Esprit et aider les jeunes à entendre comment Jésus les appelle à servir et à vivre dans l’amour ».
Homélie du pape Léon XIV : « Une Église qui marche ensemble »Le Jubilé s’est achevé le dimanche 26 octobre par la célébration eucharistique à la basilique Saint-Pierre, présidée par le pape Léon XIV.
Le Saint-Père a invité les fidèles à redécouvrir l’Église comme un mystère de communion soutenu par l’Esprit Saint. « L’Église n’est pas seulement une institution religieuse, ni simplement des hiérarchies et des structures », a-t-il déclaré, ajoutant que l’Église « est le signe visible de l’union entre Dieu et l’humanité, une famille d’enfants bien-aimés unis dans l’unique étreinte de l’amour de Dieu ».
Il a insisté sur le fait que les relations au sein de l’Église doivent suivre la logique de l’amour et non du pouvoir. « La règle suprême dans l’Église est l’amour. Personne n’est appelé à dominer ; tous sont appelés à servir. Personne ne doit imposer ses idées », a-t-il déclaré, ajoutant : « Nous devons tous nous écouter les uns les autres. »
S’inspirant de l’Évangile du trentième dimanche du temps ordinaire, la parabole du pharisien et du collecteur d’impôts, le Saint-Père a mis en garde contre l’orgueil et l’individualisme qui détruisent la communion. « La prière du pharisien était un miroir d’auto-justification. Quand l’ego prévaut, nous perdons le sens de marcher ensemble. »
Au contraire, il a appelé le peuple de Dieu à imiter l’humilité du collecteur d’impôts, reconnaissant sa dépendance envers Dieu et envers autrui. « Le Christ appartient aux humbles, pas à ceux qui s’élèvent », a-t-il déclaré.
Le pape Léon XIV a félicité les équipes synodales et les organismes participatifs pour incarner une Église qui écoute, discerne et cherche la vérité ensemble.
« Vous nous aidez à comprendre qu’avant toute différence, nous sommes appelés à marcher ensemble dans la poursuite de Dieu. En nous vêtant des sentiments du Christ, nous élargissons l’espace ecclésial pour qu’il devienne collégial et accueillant », a déclaré le Saint-Père.
Il a exhorté le peuple de Dieu à laisser l’Esprit Saint transformer les tensions en sources d’harmonie plutôt qu’en polarisation. « La vérité n’est pas possédée mais cherchée ensemble à travers la prière, l’humilité et la confiance mutuelle », a-t-il dit.
En conclusion, le pape Léon XIV a prié pour une Église humble et servante : « Rêvons et construisons une Église qui ne se tient pas droite comme le pharisien, mais qui se penche pour laver les pieds de l’humanité ; une Église qui accueille tous, écoute chacun et reste enracinée dans l’amour. »
Invoquant l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, il a conclu par une prière de Don Tonino Bello : « Sainte Marie, femme de convivialité, nourris dans nos Églises le désir de communion… éteins les feux du factionnalisme et réconcilie nos cœurs. »

Dans une interview avec ACI Afrique, le cardinal Grech a exprimé sa joie devant la participation remarquable au Jubilé des Équipes Synodales et des Organismes Participatifs à Rome, déclarant : « C’est merveilleux, non seulement par le nombre de participants mais aussi par la diversité et les nombreuses nations représentées. Cela donne de l’espoir. »
Le Secrétaire général du Synode des évêques a souligné que le chemin de la synodalité repose sur le dialogue et l’ouverture à l’autre, même parmi les évêques qui, selon lui, peuvent encore hésiter à l’adopter.
« La synodalité est, avant tout, une conversion du cœur avant une conversion des structures », a déclaré le cardinal Grech, ajoutant : « Je comprends que certains aient des questions ou des doutes, et c’est normal. Avançons et apprenons les uns des autres. C’est une nouvelle culture pour l’Église, et j’en comprends le défi. »
Kati Dijane a contribué à cet article.

