Advertisement

SCEAM se joint à l’appel en faveur de systèmes alimentaires valorisant la richesse du régime et des traditions africaine

Les membres du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM) se sont joints à d’autres entités catholiques pour en appeler à l’Union africaine (UA) et à l’Union européenne (UE) afin de promouvoir des systèmes agricoles et alimentaires ancrés dans le savoir, les valeurs et la sagesse traditionnels de l’Afrique.

Dans leur appel, en vue du 7ᵉ Sommet UA-UE prévu les 24 et 25 novembre en Angola, les évêques catholiques d’Afrique, aux côtés des membres de la Commission des Conférences épiscopales de l’Union européenne (COMECE), de la Coopération internationale pour la solidarité au développement (CIDSE), ainsi que de diverses organisations Caritas, demandent un partenariat UA-UE qui s’éloigne de l’agriculture industrielle, qu’ils jugent éloignée des régimes alimentaires africains traditionnels et diversifiés et nuisible à la santé humaine.

Dans leur déclaration du lundi 10 novembre, les dirigeants catholiques soulignent que l’agriculture industrielle, caractérisée par la production à grande échelle, l’usage de technologies avancées, d’intrants chimiques, de semences génétiquement modifiées et hybrides, et d’engrais synthétiques, ne vise qu’à accroître la production alimentaire pour maximiser les retours économiques, au profit des grandes entreprises agricoles.

Cette pratique contribue, selon eux, aux émissions de gaz à effet de serre, à la pollution de l’eau et de l’air, à la perte de biodiversité et à la dégradation des sols. Elle s’écarte des méthodes de production alimentaire africaines et « ignore les connaissances ancestrales, les expériences locales diverses, les visions du monde et les traditions ».

Les chefs d’Église indiquent également que l’agriculture industrielle fragilise la souveraineté alimentaire et semencière ainsi que l’autonomie des communautés locales. Elle favorise en outre la concentration et l’abus de pouvoir par les grandes entreprises agricoles, excluant ainsi les petits exploitants des processus décisionnels.

Dans leur déclaration conjointe, les entités catholiques proposent de s’éloigner de la production industrielle pour promouvoir l’agroécologie, un modèle éprouvé pour la résilience climatique des communautés rurales.

Ils soulignent que la faim n’est pas un problème de production, mais une question de justice, liée au partage des ressources et à l’accès aux finances. « La faim, la malnutrition et l’insécurité alimentaire persistent en Afrique aujourd’hui en grande partie à cause des priorités d’un modèle de développement conçu pour maximiser la croissance économique », affirment-ils.

Les dirigeants appellent à protéger les systèmes semenciers gérés par les paysans afin de préserver les espèces traditionnelles, développer des variétés locales adaptées aux besoins spécifiques des agriculteurs, garantir l’autosuffisance et protéger l’environnement.

Selon eux, les systèmes agricoles traditionnels africains « sont fondés sur un savoir, des valeurs et une sagesse accumulés depuis des millénaires et offrent une base solide pour répondre aux besoins alimentaires sains et culturellement adaptés ».

Ils dénoncent également la criminalisation des paysans pour la conservation et l’échange de semences, et l’imposition de régimes de propriété intellectuelle rigides ou d’agendas corporatifs, qui violent à la fois leurs droits et les besoins de la planète.

Appelant à la fin des « doubles standards », les dirigeants catholiques estiment que les pesticides interdits en Europe pour des raisons sanitaires ou environnementales ne devraient plus être produits pour l’exportation vers l’Afrique ou d’autres régions hors UE.

Enfin, ils se disent optimistes que le sommet UA-UE constituera « une occasion de travailler ensemble à la construction d’un partenariat équitable entre les deux régions ».

« En nous basant sur les expériences directes de nos communautés et des personnes que nous servons — parmi elles celles confrontées à la pauvreté et à la faim, les paysans, les pêcheurs, les pasteurs, les peuples autochtones, les femmes et les jeunes — nous saisissons cette occasion pour plaider en faveur d’un partenariat UA-UE juste et responsable », concluent les dirigeants catholiques dans leur déclaration, également signée par Caritas Africa, Caritas Moyen-Orient et Afrique du Nord, et Caritas Europa.

Agnes Aineah