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"Il y a un réel danger de guerre civile en Haïti" : L'archevêque catholique de Port-au-Prince

Des policiers haïtiens se déploient à Port-au-Prince, Haïti, le 9 mars 2024. | Crédit : CLARENS SIFFROY/AFP via Getty Images Des policiers haïtiens se déploient à Port-au-Prince, Haïti, le 9 mars 2024. | Crédit : CLARENS SIFFROY/AFP via Getty Images

L'archevêque de Port-au-Prince et président de la Conférence épiscopale d'Haïti, Mgr Max Leroy Mésidor, a fait part de son point de vue sur la situation difficile dans laquelle se trouve son pays et sur le travail pastoral de l'Église au milieu de la violence, des enlèvements et du chaos.

"Oui, il y a un réel danger de guerre civile dans le pays. Les bandes armées agissent comme une armée organisée. Ils sont très bien équipés et très bien armés. La police ne peut pas les suivre", a déclaré Mésidor à l'Aide à l'Église en détresse lors d'un entretien le 6 mars.

L'archevêque a noté que dans certaines régions, y compris la sienne, "il y a des groupes de citoyens qui essaient de s'opposer aux gangs. Il y a donc souvent des affrontements entre ces groupes et les gangs, et aussi entre la police et les gangs".

Haïti, pays en proie à l'instabilité depuis des années, est aujourd'hui confronté à ce que certains décrivent comme une "guerre civile de faible intensité". Le 3 mars, le gouvernement haïtien a déclaré l'état d'urgence pour 72 heures après que des gangs armés ont pris d'assaut la prison nationale de Port-au-Prince.

La violence s'est répandue dans tout le pays, en particulier dans les districts administratifs de l'Ouest, du Centre et de l'Artibonite. Le prélat a souligné qu'"il n'y a pas de zones sûres" car "les gangs opèrent presque partout, ce qui rend les déplacements extrêmement difficiles, surtout en dehors de la capitale".

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L'Église n'a pas été épargnée par la violence. Le père Mésidor a déploré les nombreux enlèvements de prêtres, de religieux et de religieuses : "En 2021, les premiers prêtres et religieux ont été enlevés. En cette année 2024, il y a eu six religieuses en janvier, six religieuses et un prêtre en février, et un autre prêtre le 1er mars".

Selon Mésidor, la "dictature de l'enlèvement" est une réalité qui se répand comme "un fléau". Cependant, malgré les dangers, a-t-il dit, il "faut lutter" et l'Église restera ferme dans sa mission et "n'abandonnera pas nos frères et sœurs".

Interrogé sur les défis auxquels il est confronté dans son ministère épiscopal, l'archevêque a répondu : "La vie quotidienne est faite de souffrance, de violence, de fusillades, de pauvreté et de privations", ajoutant que son travail pastoral est très limité par la situation : "Je ne peux pas visiter les deux tiers de mon diocèse parce que les routes sont bloquées.

"Cela fait deux ans que je ne suis pas allé à la cathédrale", a déploré l'archevêque. "Une fois, alors que j'étais dans mon bureau, il y a eu beaucoup de coups de feu et j'ai dû rester là pendant quatre heures avant de pouvoir sortir pour célébrer la messe. Des balles ont frappé la fenêtre de mon bureau. La dernière célébration que j'ai pu faire dans la cathédrale a été la messe chrismale".

Les gens, cependant, vivent leur foi dans ces circonstances et en dépit de ces circonstances. "Il y a peut-être eu des coups de feu dans le quartier la nuit précédente. Mais le lendemain, même à 6 heures du matin, l'église est pleine. Il y a des gens qui vont visiter les malades, malgré le danger".

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Mésidor souligne que le plus important "est que l'Église continue à rassembler les gens malgré toutes les difficultés".

"Nous essayons de raviver leur espoir, de les amener à s'organiser et à ne pas sombrer dans la résignation", a-t-il déclaré. "Chaque fois que c'est possible, l'Église poursuit sa mission. Mais ce n'est pas facile. La devise est la suivante : un jour à la fois : Un jour à la fois".

Cet article a été publié pour la première fois par ACI Prensa, le partenaire d'information en langue espagnole de CNA. Il a été traduit et adapté par CNA.