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La peine de mort est dégradante et "incompatible avec l'Évangile" : Les évêques catholiques de la RDC

Les membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO). Crédit : CENCO Les membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO). Crédit : CENCO

Les évêques catholiques de la République démocratique du Congo (RDC) ont condamné la décision du gouvernement de la nation centrafricaine de lever l'interdiction de la peine de mort qui datait de 2003, déclarant qu'il s'agit d'un "traitement dégradant" qui n'est pas conforme à l'Évangile.

Dans une déclaration publiée le 13 mars, le ministre de la justice de la RDC, Rose Mutombo, a annoncé la levée du moratoire de deux décennies sur la peine de mort dans la nation centrafricaine.

Le ministre Mutombo aurait déclaré que "les actes de trahison ou d'espionnage ont fait des ravages au sein de la population et de la République" et que le rétablissement de la peine de mort visait à "débarrasser l'armée de notre pays des traîtres... et à freiner la recrudescence des actes de terrorisme et de banditisme urbain entraînant la mort".

Dans une déclaration du vendredi 22 mars, les membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) ont réaffirmé leur "engagement inconditionnel pour la défense de la vie et l'abolition de la peine de mort dans notre pays".

"La peine de mort et sa logique de rétribution ne sont pas compatibles avec l'Evangile. Quelle que soit la manière dont elle est appliquée, la peine de mort implique un traitement cruel, inhumain et dégradant. Jésus ne ferme pas la porte de la vie aux condamnés. Il est celui qui donne toujours une chance à chacun", ont déclaré les membres de la CENCO.

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Ils ont ajouté que "l'amour infini de Dieu donne à chaque être humain une dignité que même les crimes ne peuvent lui enlever".

"Bientôt, nous célébrerons Pâques, l'apogée des fêtes chrétiennes. La résurrection de Jésus, le triomphe de la vie, montre que Dieu s'oppose à la peine de mort pour son Fils. Il ne permet pas non plus que l'on ôte une vie humaine", ont déclaré les évêques catholiques de la RDC.

Ils ont exhorté le gouvernement à "lutter contre les différentes facettes de la culture de la mort dans notre société".

Les membres de la CENCO ont également demandé au gouvernement d'abolir la peine capitale pour tous les crimes, mais de mettre en place des systèmes de détention plus efficaces et d'améliorer les conditions de détention des prisonniers.

Les évêques catholiques ont encouragé le peuple congolais à se former et à s'éduquer au respect et à la promotion de la dignité humaine, en déclarant : "Éduquer les enfants et les jeunes en les faisant passer de la culture de la mort à la culture de l'attention et de la protection de la vie".

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Avec la levée du moratoire en RDC, la peine de mort doit être appliquée à la suite de toute condamnation judiciaire pour des infractions telles que l'association de malfaiteurs, la trahison, l'espionnage, la participation à des bandes armées, la participation à un soulèvement, les crimes contre l'humanité, le complot militaire et la rébellion, entre autres.

Dans une interview accordée le 17 mars à la chaîne de télévision catholique francophone KTO, le cardinal Fridolin Ambongo a déclaré que la décision de lever l'interdiction de la peine de mort, prise en 2003, était rétrograde.

"C'est un pas en arrière ! Je ne pense pas qu'un gouvernement responsable puisse évoquer une telle option pour punir des gens qu'on appelle des traîtres", a-t-il déclaré, ajoutant : "Tout d'abord, sur la notion de traîtres, nous devons d'abord nous mettre d'accord sur ce que cela signifie. Et quand je regarde la réalité ici au Congo, les grands traîtres au pays sont justement ceux qui sont au pouvoir."