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"Le Nigeria redeviendra grand", déclare un évêque catholique dans son message de Pâques

Mgr Matthew Hassan Kukah, évêque du diocèse catholique de Sokoto au Nigeria. Crédit : Diocèse catholique de Sokoto Mgr Matthew Hassan Kukah, évêque du diocèse catholique de Sokoto au Nigeria. Crédit : Diocèse catholique de Sokoto

Mgr Matthew Hassan Kukah, évêque du diocèse catholique de Sokoto au Nigeria, a exprimé son optimisme quant à l'avenir de la nation ouest-africaine.

Dans son message de Pâques 2024, publié dimanche 31 mars, Mgr Kukah déplore l'état actuel du pays et exhorte le gouvernement dirigé par le président Bola Ahmed Tinubu à élaborer une stratégie pour passer du "Golgotha de la douleur" à "l'aube de la résurrection".

"Depuis plus de soixante ans, nos dirigeants ressemblent à des hommes en état d'ébriété, titubant, trébuchant et tâtonnant, s'exprimant mal, avec des visions floues cherchant le chemin de la maison", déplore l'évêque catholique nigérian.

Les dirigeants politiques du Nigeria ont, au fil des ans, choisi "la fête plutôt que le jeûne", dit-il, et il ajoute : "Nous récoltons aujourd'hui ce que nous avons semé hier".

L'évêque catholique nigérian, qui est également connu pour son action en faveur de la bonne gouvernance, reproche aux dirigeants politiques nigérians de s'être livrés à la corruption, en déclarant : "La corruption engendrée par des années de vie immorale et de débauche sordide s'est répandue comme un cancer qui détruit tous nos organes vitaux. Le résultat est un état de gueule de bois qui a laissé notre nation dans le coma".

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Dans son message de Pâques 2024, l'évêque catholique de 70 ans, qui est à la tête du diocèse de Sokoto depuis sa consécration épiscopale en septembre 2011, exprime son optimisme et appelle à l'espoir.

"Pâques est l'occasion de réfléchir davantage au chemin qui n'a pas été parcouru. C'est le moment de voir si ce Golgotha de douleur peut nous conduire à l'aube nouvelle de la résurrection. Le Nigeria peut redevenir grand et le sera. Remontons cette vague ensemble dans l'espoir", déclare Mgr Kukah.

Cet espoir peut être entretenu si le gouvernement met en place des stratégies pour mettre le pays sur la voie de la guérison, ajoute-t-il, en soulignant que "le gouvernement fédéral doit proposer un modèle solide sur la manière dont il souhaite inverser la tendance et nous mettre sur la voie de la guérison nationale".

Le chef de l'Église catholique nigériane appelle également à des stratégies pour mettre fin au favoritisme : "Il devrait y avoir une politique délibérée d'inclusion qui mettrait radicalement fin à la culture immorale du népotisme".

"Le gouvernement doit concevoir une méthode de recrutement plus complète et plus large, qui soit transparente, afin de susciter le patriotisme et d'inverser le visage hideux du féodalisme et du prébendalisme", ajoute Mgr Kukah dans son message de Pâques du 31 mars.

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Dans la planification stratégique du gouvernement, poursuit-il, "il est nécessaire d'avoir une stratégie de communication claire qui servira à inspirer et à créer des calendriers d'attente des résultats des politiques".

"Il est nécessaire de clarifier les questions de qui, quoi, quand et comment les objectifs nationaux doivent être atteints et qui peut en être tenu pour responsable", ajoute-t-il.

L'ordinaire de Sokoto reproche ensuite aux agences de sécurité de la nation la plus peuplée d'Afrique d'employer continuellement des stratégies qui ne portent pas leurs fruits.

Il déclare : "La notion de réorganisation de l'architecture de la sécurité est un cliché éculé qui est aujourd'hui, au mieux, un oxymore. Il est difficile de comprendre notre situation actuelle en ce qui concerne l'omniprésence de l'armée dans notre vie nationale".

"Il est impossible d'expliquer comment nous pouvons dire que nous sommes dans une démocratie civile alors que l'armée ressemble littéralement à une armée d'occupation avec une pieuvre répartie dans les 36 États et à Abuja", déclare Mgr Kukah.

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Le chef de l'Église catholique nigériane trouve regrettable que "des milliers de milliards de nairas continuent d'être engloutis dans des puits sans fond avec peu de bénéfices mesurables". Le professionnalisme de notre armée ne peut être dilué par le recrutement de chasseurs, de groupes d'autodéfense et d'autres groupes non professionnels et non formés.

"Cette situation n'est pas viable, car elle expose l'armée au ridicule et à des perceptions de capitulation. La lutte contre l'insécurité est désormais une entreprise. Je pense que nos hommes et femmes de sécurité peuvent vaincre ces criminels en quelques mois. Tout ce que nous entendons et voyons, ce sont des doigts pointés vers le sommet. Non, cela doit cesser", déclare Mgr Kukah.

Il remercie le président Tinubu d'avoir annoncé que les enlèvements et le banditisme seraient désormais considérés comme des actes de terrorisme et ajoute : "Si c'est le cas, nous avons besoin d'un plan implacable pour mettre fin à cette menace, avec un délai précis pour mettre ces terroristes à genoux, quel que soit le prix à payer".

L'évêque catholique de Sokoto exhorte le président nigérian à "poursuivre sur la voie de la probité, à prendre des mesures supplémentaires pour réduire les coûts écrasants de la gouvernance et à mettre en place des plans plus complets pour assurer la sécurité alimentaire et physique dans tout le pays".

"Se contenter de distribuer de l'argent par le biais de structures déjà gangrenées par la corruption n'est pas suffisant et porte atteinte à la dignité des citoyens", déclare Mgr Kukah.

Il appelle les autorités compétentes à "rendre à nos concitoyens leurs fermes et à élaborer un plan agricole global pour remettre notre pays sur la voie de l'honneur et de la dignité humaine".