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En Éthiopie, un évêque souhaite que le pacte de paix de Pretoria soit mis en œuvre vue les souffrances et les morts

L'évêque de l'éparchie catholique éthiopienne d'Adigrat, qui couvre la région du Tigré, a été le témoin direct des "souffrances indicibles" et même de la mort du peuple de Dieu dans cette région de la Corne de l'Afrique.

Dans une déclaration que ACI Afrique a obtenue vendredi 19 avril, Mgr Tesfasellassie Medhin plaide pour la mise en œuvre de l'accord de paix du 2 novembre 2022 à Pretoria, en Afrique du Sud, dans lequel le gouvernement éthiopien et le Front populaire de libération du Tigré (TPLF) se sont engagés à "faire taire définitivement les armes et à mettre fin à deux années de conflit dans le nord de l'Éthiopie".

"Je vous écris en tant que chef religieux, avec une profonde inquiétude et une grande sensibilité pour la douleur de dizaines de millions de personnes dans le pays, en particulier les enfants, les personnes âgées et les femmes du Tigré", déclare Mgr Medhin.

Il brosse un tableau sombre de la situation du peuple de Dieu dans le Tigré : "Je suis témoin d'une souffrance indicible, du désespoir, de la maladie et de la mort autour de moi en raison d'années de conflit, de sécheresse et de manque de pluie localisé, ainsi que d'un manque d'attention pour répondre aux besoins fondamentaux.

Le violent conflit dans la région du Tigré a commencé en novembre 2020 lorsque le TPLF a prétendument lancé une attaque contre la base de l'armée du gouvernement fédéral éthiopien dans la région.

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Le TPLF et les habitants de la région du Tigré se seraient opposés à la tentative du Premier ministre Abiy Ahmed de centraliser le pouvoir dans le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique.

Dans sa déclaration que ACI Afrique a obtenue le 19 avril, Mgr Medhin déclare que des millions de personnes et des centaines de milliers de réfugiés ont été déplacés à la suite des conflits non seulement dans la région du Tigré, mais aussi dans les régions voisines de l'Afar, de l'Amhara et de l'Oromia.

Selon lui, les efforts concertés de son siège épiscopal, en partenariat avec d'autres entités, pour venir en aide aux nécessiteux sont insuffisants.

"Nous voyons le visage humain des statistiques que nous recevons tous par le biais des rapports : malnutrition croissante, moins de la moitié des besoins satisfaits l'année dernière, et encore moins d'engagement pour répondre aux besoins dans le Tigré cette année", déclare Mgr Medhin.

Il souligne l'apostolat des agents pastoraux de l'éparchie d'Adigrat : "Nous accueillons des enfants si mal nourris qu'ils n'ont plus que la peau sur les os, nous écoutons des familles qui luttent pour fournir ne serait-ce qu'une partie d'un seul repas par jour et, chaque mois, nous voyons des centaines de membres bien-aimés de la communauté mourir de maladies auxquelles ils n'auraient peut-être pas succombé s'ils n'avaient pas souffert d'une faim sévère.

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"Notre problème est global - social, politique, économique, psychologique et spirituel - pour l'ensemble du Tigré et aussi pour les populations voisines qui se trouvent dans une situation similaire", déclare l'évêque catholique d'origine éthiopienne, âgé de 71 ans, qui est à la tête de son éparchie d'Adigrat depuis son ordination épiscopale en janvier 2002.

Il souligne l'importance de l'enseignement de l'Église catholique sur la dignité humaine et insiste sur la nécessité de protéger les personnes vulnérables. Mgr Medhin déclare : "Chaque être humain est un enfant bien-aimé de Dieu, qui mérite une égale dignité et une égale attention."

Il poursuit en décriant les effets négatifs de la dégradation de l'environnement : "Dans les mois à venir, nous devrons faire face à de très graves conséquences du changement climatique qui nous toucheront cette année, annonçant des pluies imprévisibles, des sécheresses et des inondations".

Tout en reconnaissant avec satisfaction les efforts entrepris pour atténuer les souffrances de la population du Tigré, Mgr Medhin met en garde : "Nous ne devons pas attendre qu'une situation véritablement catastrophique se produise pour tirer la sonnette d'alarme - c'est maintenant que nous tirons la sonnette d'alarme".

"La population du Tigré et des régions voisines a subi des années de guerre, de sécheresse et de maladie, et a fait preuve d'une résilience que peu de gens peuvent imaginer ; nous prions pour que nous puissions traverser cette crise".

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Mgr Medhin lance un appel à la mise en œuvre de la paix : "Je lance cet appel aux gouvernements nationaux et internationaux respectifs et à la communauté pour qu'ils soulagent les souffrances et réduisent le nombre de morts dans ces situations désastreuses - et pour qu'ils accélèrent la mise en œuvre de l'accord de paix de Pretoria pour la paix".