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Au Nigeria, un évêque catholique met en garde contre la montée de la "décadence morale des jeunes"

L'augmentation du nombre de jeunes gens activement impliqués dans les vices est une source de préoccupation pour la société nigériane, a averti Mgr Emmanuel Adetoyese Badejo, évêque du diocèse catholique d'Oyo.

S'exprimant lors d'une conférence de presse organisée à l'occasion de la fête de Pâques dans son siège épiscopal le mardi 23 avril, Mgr Badejo a mis en exergue certains des vices dans lesquels les jeunes sont fréquemment engagés et a appelé à une approche multidimensionnelle pour les remettre sur la bonne voie.

"Un nombre croissant de jeunes s'adonnent aujourd'hui au banditisme, aux enlèvements, aux vols, aux meurtres rituels, à la promiscuité, à la toxicomanie et aux jeux d'argent", a-t-il déploré.

Mgr Badejo a qualifié de "décadence morale de la jeunesse" l'implication des jeunes dans ces vices et habitudes négatives.

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Il s'adressait aux participants à la conférence de presse de Pâques organisée sur le thème de la collaboration entre l'Église et l'État pour le bien-être des citoyens et le développement de la société, dans la salle Bishop Adelakun de la cathédrale catholique Notre-Dame de l'Assomption de son siège épiscopal.

Selon l'évêque catholique du diocèse d'Oyo, qui est également président du Comité épiscopal panafricain pour les communications sociales (CEPACS), une entité du Symposium de la Conférence épiscopale d'Afrique et de Madagascar (SCEAM), il est nécessaire de mettre en place une "méthodologie globale" pour aider les jeunes à surmonter les vices et les mauvaises habitudes.

Une telle stratégie à plusieurs volets impliquerait diverses parties prenantes, notamment "les familles, les communautés, les établissements d'enseignement, les institutions religieuses, les médias et le gouvernement".

Les parties prenantes devront adopter une approche collaborative, "avec des politiques visant à promouvoir des valeurs positives, des mentors positifs et des modèles positifs avec des systèmes de soutien qui offrent des opportunités de développement personnel et social", a déclaré Mgr Badejo, qui a souligné que la "collaboration entre l'Église, les médias et le gouvernement" était "décisive pour lutter contre la décadence morale des jeunes".

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"Une telle collaboration peut améliorer la qualité des services de conseil, des groupes de soutien et des programmes d'intervention pour les jeunes qui luttent contre des problèmes tels que l'abus de substances, les problèmes de santé mentale ou les problèmes familiaux, en promouvant des valeurs positives, le développement du caractère et les aptitudes à la vie quotidienne", a-t-il déclaré.

Le membre du Dicastère du Vatican pour la Communication depuis sa nomination en décembre 2021 a souligné le besoin "de plus de politiques et de législations qui promeuvent le bien-être des jeunes et s'attaquent aux causes profondes de la décadence morale telles que les familles divisées, la pauvreté, l'inégalité et le manque d'accès à une éducation holistique et à des opportunités d'emploi".

Il a ensuite appelé "tous les niveaux" du gouvernement nigérian à "impliquer les jeunes eux-mêmes dans les processus de prise de décision, les initiatives de développement communautaire et les projets axés sur la jeunesse".

Cette participation, a déclaré l'évêque catholique nigérian, permettrait aux jeunes de devenir des agents de changement positif.

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Il a plaidé en faveur d'une stratégie fondée sur la recherche et les faits, déclarant : "Le gouvernement doit mieux contrôler l'efficacité de ses programmes d'intervention auprès des jeunes, collecter des données et procéder à des évaluations afin d'éclairer les stratégies et les actions futures."

Cette stratégie permettrait de motiver les familles "à créer des liens, notamment par le biais de cours sur l'art d'être parent, de séances de conseil familial et de la mise en commun des services sociaux afin de promouvoir un environnement propice à l'épanouissement des jeunes", a déclaré Mgr Badejo, ajoutant que "les médias ont un rôle essentiel à jouer à cet égard".

Le chef de l'Église catholique nigériane, qui a commencé son ministère épiscopal en octobre 2007 en tant qu'évêque coadjuteur du diocèse d'Oyo, s'est également exprimé sur les effets des médias sociaux, y compris sur les jeunes, et a plaidé en faveur d'une "orientation éthique".

Il a décrit les médias sociaux comme "l'une des bénédictions de la technologie à notre époque" qui va "au-delà des limites de la presse écrite et audiovisuelle".

L'espace numérique et la technologie qui y est associée, a noté Mgr Badejo, "ont amené la gestion de l'information sur une autoroute où ce qui est envoyé et ce qui est reçu a une audience plus large et où tout le monde peut y avoir accès".

Bien que "l'Église considère ces nouveaux développements comme une bénédiction de Dieu", Mgr Badejo a mis en garde contre la manipulation de la culture numérique.

Nous devons souligner que le mode démocratique des médias sociaux et de l'espace numérique, qui permet à chacun de manipuler et de publier à peu près n'importe quoi, peut être exploité de manière effrayante par certains, pour des motifs inavoués et préjudiciables", a-t-il déclaré.

Cette manipulation, a poursuivi le chef de l'Église catholique, "a déjà été à l'origine de dangers, de douleurs et de pertes dans la vie de nombreuses personnes".

"Nous appelons donc tous ceux qui utilisent les médias sociaux à promouvoir des valeurs saines telles que le caractère sacré de la vie humaine, le respect de l'État de droit, la dignité du travail, la dignité des femmes, l'attention portée aux personnes âgées et la solidarité avec les plus faibles", a-t-il déclaré.

 

"Si nous saisissons l'occasion, l'espace numérique peut être un lieu propice à la régénération morale et sociale visant le bien commun", a déclaré Mgr Badejo, avant de poursuivre : "Nous enjoignons tous ceux qui ont accès aux médias sociaux d'éviter les activités et le langage nocifs, dommageables et injurieux et d'être plus constructifs afin de stimuler les autres vers des actions ennoblissantes et appropriées."

Il a souligné que "l'espace numérique et ses gadgets ne doivent jamais devenir toxiques pour nous. Il est important d'y veiller, afin de ne pas perdre le contact avec les autres ou avec notre humanité."

Le président de la CEPACS a mis au défi les parties prenantes d'offrir des "conseils éthiques" pour favoriser un engagement responsable avec les médias sociaux et leurs divers périphériques.

"Le gouvernement, les organisations confessionnelles et les autres institutions éducatives, y compris les médias, ne doivent pas attendre le jugement dernier pour exercer leur responsabilité et offrir des conseils éthiques, en particulier aux jeunes, dans le cadre du programme éducatif sur le nouvel espace numérique et l'intelligence artificielle", a-t-il déclaré lors de son allocution à la conférence de presse du 23 avril, à l'occasion de la fête de Pâques.