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L’épiscopat au Burundi dénoncent les récentes élections générales et soulignent "de nombreuses irrégularités".

Les évêques du Burundi avec le pape François lors de leur visite ad limina à Rome en 2018. Domaine public Les évêques du Burundi avec le pape François lors de leur visite ad limina à Rome en 2018.
Domaine public

Les membres de la Conférence des évêques catholiques du Burundi (CECAB) ont dénoncé les récentes élections générales dans leur pays en invoquant "de nombreuses irrégularités", qui, selon eux, remettent en cause le résultat du scrutin annoncé lundi 25 mai.

Les anomalies dans le scrutin du 20 mai, affirment les évêques dans leur déclaration collective publiée le mardi 26 mai, vont des événements avant, pendant et après le dépôt des bulletins de vote.

"L'Eglise catholique déplore notamment la contrainte exercée sur certains mandataires à signer d’avance les procès-verbaux du dépouillement du contenu des urnes; le bourrage de certaines urnes ; le vote à la place des défunts et des réfugiés ; les procurations multiples et donc invalides ; le fait que dans certains bureaux de vote, il y ait eu des électeurs qui ont voté plus d’une fois," ont souligné les évêques du Burundi.

Ils ajoutent dans leur déclaration signée par le président du CECAB, Mgr Joachim Ntahondereye, "Nous déplorons beaucoup d’irrégularités quant à la liberté et à la transparence du processus électoral ainsi qu’à l’équité dans le traitement des candidats et des électeurs, tous ces éléments devant aussi caractériser des élections vraiment démocratiques".

Ils condamnent également "l’exclusion des mandataires et des observateurs des lieux de dépouillement du scrutin ; les intimidations et contraintes exercées sur des électeurs par certains administratifs qui les accompagnaient jusques dans les isoloirs ; l’intrusion des personnes non autorisées dans les lieux de comptage des voix ; le secret du scrutin qui n’était pas garanti partout ;la confiscation des accréditations et des téléphones de certains observateurs".

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Lundi, la Commission électorale du Burundi a déclaré Evariste Ndayishimiye, un candidat du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces (CNDDFDD), au pouvoir, vainqueur de l'élection présidentielle, ayant obtenu 68,72 % des voix, soit plus du double du leader de l'opposition, Agathon Rwasa, qui a recueilli 24,19 %.

Le parti d'opposition, le Conseil national pour la liberté (CNL), a qualifié le processus de "mascarade électorale" et a promis de faire appel devant la Cour constitutionnelle cette semaine. Si l'appel de l'opposition est rejeté, Ndayishimiye prêtera serment en août, conformément à la constitution du pays.

Pendant les élections, l'Église catholique a déployé 2 716 observateurs pour surveiller les bureaux de vote. Bien que le nombre d'observateurs ait été inférieur au nombre de bureaux, ils ont pu analyser les bureaux de vote dans l'ensemble des 119 communes du Burundi.

"Face à ces irrégularités et à d'autres, nous nous demandons si elles ne compromettent pas les résultats (définitifs) qui seront proclamés par la Cour constitutionnelle le 4 juin", sondent les membres de la CECAB dans leur déclaration collective.

Les évêques catholiques du Burundi appellent également au calme et recommandent à tous ceux qui estiment que leurs droits ont été violés de privilégier les voies autorisées pour être rétablis dans leurs droits.

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"Nous condamnons toutes les injustices autant que nous refusons tout recours à la voie de la violence", disent les prélats.

Ils ajoutent : "Nous recommandons que les autorités publiques punissent tous ceux qui, après le vote, persécutent leurs voisins ou découragent ceux qui pourraient être tentés de les tourmenter pour avoir manifesté des tendances politiques différentes des leurs".

"A partir du moment où la loi a permis à plusieurs candidats de participer à la campagne, chaque citoyen a eu le droit d'exprimer sa préférence pour le candidat de son choix", observent-ils.

Pendant ce temps, le chef de la commission électorale, Pierre Claver Kazihise, s'est dit, jeudi,"surpris" par les conclusions du CECAB. Il a déclaré que les observateurs nationaux de 38 autres groupes de la société civile et religieux n'avaient "pas vu la même chose".

Les observateurs étrangers n'ont pas été autorisés à superviser le processus électoral.

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Le principal parti d'opposition du Burundi a déposé jeudi sa requête auprès de la Cour constitutionnelle pour contester les résultats de l'élection présidentielle.

Avant les élections, les évêques du Burundi ont exprimé leur préoccupation concernant la violence liée aux élections dans leur pays. Ils ont appelé tous les Burundais à être prêts à "accepter les résultats des élections et à s'assurer que personne ne provoque l'instabilité ou la guerre".

Ils ont également exhorté les responsables du processus électoral et les autres autorités à rester vigilants et à garantir la liberté de tous.

Le Burundi est en proie à des troubles depuis avril 2015, date à laquelle le président Pierre Nkurunziza a annoncé sa candidature pour un troisième mandat contesté. Cependant, en juin 2018, le président Nkurunziza a déclaré qu'il ne briguerait pas un autre mandat.

Les relations entre l'Église et l'État sont tendues depuis 2015.

L'année dernière, les évêques ont souligné la violence politique de l'administration et ont averti que l'Imbonerakure - la branche jeunesse du parti au pouvoir - avait remplacé les forces de sécurité dans le pays.

En réponse, le gouvernement a déclaré que certains évêques devraient être défroqués et a affirmé que ces hommes crachaient "une haine venimeuse par le biais de messages incendiaires", selon un tweet du porte-parole présidentiel Willy Nyamitwe.

Dans leur déclaration collective du 26 mai, les évêques ont appelé le peuple de Dieu au Burundi "à mettre sa confiance dans le Seigneur qui reste le seul Maître dans l'histoire et à garder son calme".