Advertisement

Le gouvernement kenyan engage les dirigeants de l'église catholique à reprendre la messe publique

Le cardinal John Njue (à droite), Mgr Philip Anyolo (au centre) et le Dr Fred Matiang'i (à gauche) lors de la réunion de mardi à la Basilique de la Sainte Famille à Nairobi, au Kenya. KCCB Le cardinal John Njue (à droite), Mgr Philip Anyolo (au centre) et le Dr Fred Matiang'i (à gauche) lors de la réunion de mardi à la Basilique de la Sainte Famille à Nairobi, au Kenya.
KCCB

Les évêques catholiques du Kenya se réuniront dans les "prochains jours". L'objectif étant de définir une voie qui permettra la levée de l'interdiction des cultes publics dans ce pays d'Afrique de l'Est. Ceci, après un engagement fructueux avec le gouvernement qui a eu lieu en début de semaine.

Lors de la réunion du mardi 26 mai, des représentants du gouvernement kenyan, parmi lesquels des secrétaires de cabinet chargés de la santé, de l'éducation et de l'intérieur, ainsi que, de la coordination du gouvernement national, ont demandé aux évêques de faire des propositions sur la réouverture des églises en toute sécurité.

Le secrétaire de cabinet du Kenya pour l'intérieur et la coordination du gouvernement national, le Dr Fred Matiang'i, a rapporté la réunion qui s'est tenue à la Basilique de la Sainte Famille dans la capitale du pays, Nairobi, sur Twitter. 

"CS Mutahi Kagwe, le professeur George Magoha et moi-même avons rencontré les représentants des évêques catholiques, sous la direction du cardinal John Njue, à la basilique de la Sainte-Famille cet après-midi dans le cadre du programme gouvernemental de sensibilisation des parties prenantes, conformément aux instructions de S.E. le président Uhuru Kenyatta", a tweeté le Dr Matiang'i le mardi 26 mai. 

Advertisement

Il a ajouté en faisant référence aux réunions avec d'autres leaders religieux au Kenya: "J'ai réitéré l'engagement du gouvernement à continuer à travailler avec l'église par l'intermédiaire de ses dirigeants alors que nous continuons à prendre des mesures, et à prendre des décisions, en ce qui concerne la situation de la COVID-19 de notre pays".

Dans une interview accordée à ACI Afrique le lendemain de la réunion, le président de la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB), Mgr Philip Anyolo, a déclaré que dans un ensemble de sujets qui ont été discutés entre les représentants des dirigeants de l'Église catholique dans le pays et les responsables gouvernementaux, la question de la levée de la suspension de la messe public a émergé.

"Nous étions tous d'accord sur le fait que le culte public est l'un des services essentiels au Kenya", a déclaré Mgr Anyolo à l'ACI Afrique mercredi 27 mai. Avant d'ajouter : "Nous avons parlé de la nécessité d'ouvrir lentement, progressivement et avec beaucoup de prudence les églises pour la messe publique. Il n'y aura pas de précipitation pour tracer cette voie".

Cependant, en annonçant le couvre-feu du crépuscule à l'aube le 25 mars, le président Uhuru Kenyatta a exempté un certain nombre de fournisseurs de services du couvre-feu, les qualifiant d'essentiels. Il s'agit notamment de professionnels de la santé et de travailleurs de la santé, d'agents de la sécurité nationale, de diffuseurs et de médias autorisés.

Selon l'ordinaire du lieu de l'archidiocèse de Kisumu au Kenya, parmi les autres fournisseurs de services essentiels, on trouve les pharmacies et les drogueries agréées, les marchands de produits alimentaires, les distributeurs, les grossistes et les transporteurs de produits agricoles, les opérateurs de télécommunications et les fournisseurs de services agréés, les supermarchés, les mini-marchés et les hypermarchés agréés, les banques agréées, les institutions financières et les services financiers de paiement.

More in Afrique

Il est important de préciser que la messe public est également l'un des services essentiels dans le pays, une nécessité pour le peuple de Dieu. Il doit être autorisé avec "beaucoup de prudence".

"Nos églises auront besoin de beaucoup de discipline, même si nous commençons à penser à autoriser la messe publique. De nombreuses paroisses au Kenya comptent plus de 2 000 chrétiens et nous ne pouvons donc pas nous réveiller un jour et dire à tout le monde d'aller à l'église. Nous devrons être très prudents", a déclaré le prélat d'origine kenyane, qui a ajouté : "Il faudra beaucoup de préparation pour cela".

Il a affirmé que les cinq évêques qui ont participé à la réunion du 26 mai ont décidé de tendre la main à d'autres dirigeants de l'Eglise lors d'une réunion qui les verra rédiger un ensemble de propositions à présenter au gouvernement.

"Nous allons nous réunir dans les prochains jours pour faire une proposition au gouvernement sur la façon dont nous pouvons ouvrir des églises", a évoqué Mgr Anyolo à l'ACI Afrique.

Advertisement

La réunion du 26 mai a également abordé le rôle de l'Eglise dans la lutte contre la propagation de la COVID-19, a révélé l'archevêque de 64 ans.

"L'Église et le gouvernement sont partenaires pour atténuer les effets du virus. Le gouvernement comprend le rôle central de l'Eglise dans l'éducation du public", a-t-il soutenu. Il poursuit : "les Africains ont tendance à écouter davantage les questions qui sont mises en avant dans une perspective de foi que de gouvernance".

"Notre rôle est d'éduquer les masses sur les dangers de la COVID-19. Nous devons faire comprendre aux gens que le virus est une réalité et qu'il se trouve à un stade critique. Çar, les cas d'infection augmentent de jour en jour", a déploré l’archevêque qui est également l'administrateur apostolique du diocèse de Homabay au Kenya. Avant de poursuivre : "C'est une véritable apocalypse tant que nous n'avons pas encore de médicament ou de vaccin. Ce sont des choses que notre peuple doit comprendre. ”

Le Kenya a signalé un nombre record de 123 nouveaux cas de la COVID-19 le mercredi 27 mai, ce qui porte le nombre total d'infections dans ce pays d'Afrique de l'Est à 1 471 avec 55 décès liés et 408 guérisons.

Afin de contenir la propagation du virus, le gouvernement kenyan a suspendu en mars le culte public et ordonné la fermeture des écoles. 

Mais le 23 mai, alors qu'il allouait des fonds au registre de l'éducation pour soutenir le recrutement de tuteurs ainsi que l'embauche de stagiaires en TIC pour soutenir l'apprentissage numérique, le président Uhuru Kenyatta a laissé entendre qu'il fallait rouvrir les écoles. Une décision qui a suscité des réactions mitigées de la part de divers groupes dans le pays.

"Nous allons très prochainement communiquer les plans et programmes que nous avons pour le secteur de l'éducation. À cet égard, nous avons alloué un budget supplémentaire de 6,5 milliards de KES (60 millions de dollars US) au ministère de l'éducation", a affirmé le président Kenyatta. Il a ajouté qu'il était conscient de l'anxiété qui pesait sur l'esprit des parents et de leurs enfants quant à la date de réouverture des écoles. 

Le secrétaire général du Kenya National Union of Teachers (KNUT), Wilson Sossion, a toutefois déclaré aux médias locaux que les écoles ne devraient rouvrir qu'une fois la maladie maîtrisée.

"Qu'ils reprennent d'abord les programmes sociaux avant l'école. La sécurité des élèves et des enseignants est primordiale. Elle n'est toujours pas garantie par une ouverture précipitée", a reconnu le patron du syndicat des enseignants au Kenya.

Le Kenya Union of Post Primary Education Teachers (KUPPET), en revanche, a proposé la réouverture partielle des écoles d'ici le 15 juin pour les candidats aux examens nationaux.

"Bien que ces recommandations soient tirées des expériences d'autres pays, le ministère de la santé devrait avoir l'autorité finale sur la réouverture partielle des établissements d'enseignement", a proposé le secrétaire général de la KUPPET, Akelo Misori.

Faisant référence aux plans contestés de réouverture des écoles, Mgr Anyolo a soutenu que le gouvernement prenait des précautions pour s'assurer que l'exercice se déroule en toute sécurité.

"L'approche du gouvernement concernant la réouverture éventuelle des écoles et même la suspension de l'interdiction des cultes publics est louable. Ils ont adopté l'engagement des parties prenantes. Toutes les parties prenantes concernées ont reçu une proposition à étudier et à exprimer leurs points de vue avant qu'une quelconque action ne soit entreprise", pourvoit-t-il déclaré. Avant de poursuivre : les cinq évêques qui ont participé à la réunion du 26 mai sont repartis avec une proposition du gouvernement en faveur de la réouverture des écoles.

"Nous allons lire la proposition et y réagir", a-t-il déclaré.

La question des expulsions forcées à Nairobi a également été soulevée lors de la réunion. Les évêques ont exhorté le gouvernement à ne pas expulser de force les pauvres habitants de Nairobi de leurs maisons.

"Nous avons tous compris que ce n'est pas le moment de démolir les maisons des gens et de laisser des centaines de personnes sans abri ; pas quand le même gouvernement préconise que les gens restent chez eux comme mesure pour contenir la propagation du virus", a conclu Mgr Anyolo.