Un souvenir personnel qui m’accompagne toujours et guide ma vie spirituelle vient d’un message du pape François donné au début de son pontificat, lors de la Journée de la Vie Consacrée en 2014. S’adressant aux religieuses, il disait : « Une religieuse devrait passer au moins 30 minutes chaque jour à dire à Jésus combien elle l’aime. » Cet appel simple mais profond a façonné ma vie de prière. Il me rappelle qu’avant tout ministère ou toute mission, notre plus grande vocation est l'amour — un amour intime et joyeux pour le Christ. C’est cet amour qui donne sens à notre service, profondeur à notre consécration et feu à notre engagement envers les pauvres et les marginalisés.
Le pape François avait une place spéciale dans son cœur pour les religieuses. Il a affirmé notre rôle de mères, de sœurs, de guérisseuses et de prophètes dans un monde blessé. Il nous appelait à être audacieuses, à aller vers les périphéries, et à incarner la tendresse de Dieu là où elle fait le plus défaut. Ses paroles n’étaient jamais de simples instructions : elles étaient des invitations à vivre l’Évangile avec une authenticité radicale.
Il voyait et valorisait la contribution unique des religieuses, qui naviguent quotidiennement entre foi, culture et justice. Il a donné de la voix à nos récits, nos espérances et nos luttes, surtout dans le cheminement synodal, où nos voix ont été entendues, respectées et intégrées au cœur de l'Église.
Cette citation du pape François : « Vous êtes des femmes de l’Église… féminines, comme Marie. C'est votre place. Être Église, former l'Église, être avec Jésus, avec tendresse, pour accompagner l'Église et l’aider à grandir », est pour moi un message profondément réconfortant et valorisant. Elle me dit que je ne suis pas en marge de l’Église ; je suis l’Église. Comme Marie, ma féminité n’est pas secondaire, mais sacrée et centrale. Ma culture, ma foi, et ma présence sont vitales pour le cœur et la vie de l’Église.
Il fut un défenseur infatigable des marginalisés, notamment des migrants et réfugiés, qu’il portait au plus profond de son cœur.
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En l’honneur du pape François, je renouvelle mon engagement à la prière
Ma première rencontre personnelle avec le pape François eut lieu en 2015, avant sa visite au Kenya. Nous nous sommes rencontrés lors d’un rassemblement pour migrants et réfugiés. J’ai eu l’immense grâce de lui serrer la main. Il a souri et m’a demandé avec douceur de lui apprendre quelques mots en kiswahili, disant qu’il souhaitait saluer les Kényans dans leur langue. Plus tard, je lui ai écrit un petit mot en kiswahili contenant un salut et des remerciements. Ce simple mais significatif échange reste gravé dans mon cœur. Il m’a rappelé son humilité, son amour sincère pour les personnes en déplacement, et son désir de les accompagner comme un véritable pasteur.
Face aux défis, il nous rappelait de garder notre regard fixé sur notre mission. Ces paroles me réconfortent, notamment dans les moments de résistance ou d'invisibilité. Elles me rappellent que mon service désintéressé, bien que souvent caché, porte la force de l’amour du Christ. Son encouragement m’aide à rester enracinée, constante et joyeuse dans ma vocation.
Ce qui demeure en moi aujourd'hui, dans le deuil, ce n’est pas seulement son sourire ou ses paroles, mais l’héritage de son amour — un amour à l’image du Christ : compatissant, humble et courageux. En son honneur, je renouvelle mon engagement à la prière, à la vie communautaire et à la justice, particulièrement en faveur des marginalisés. Comme il nous le rappelait souvent : « Laissez-vous aimer par Jésus. » Plus que tout, c’est ce qu’il incarnait — un berger qui s’est laissé aimer et qui a appris au monde comment aimer à son tour.
En réfléchissant au décès du pape François, nous sommes rappelés que son héritage ne réside pas dans les grands bâtiments ou les discours éloquents, mais dans les innombrables vies qu’il a touchées, particulièrement celles vivant aux marges. Sa vie fut un témoignage vivant de ce que signifie aimer comme le Christ : de manière désintéressée, humble et radicale.
Le pape souriant n’est plus parmi nous mais…
Bien que le pape souriant ne soit plus avec nous, son esprit continue de vivre en chacun de nous qui portons son message en avant. Dans nos ministères, dans notre service et dans notre espérance, nous sommes appelés à poursuivre son œuvre — apporter la guérison là où il y a douleur, la justice là où règne l’oppression, et l’amour là où il y a division.
Le pape François sera toujours une lumière guide, et en son honneur, nous restons engagés à suivre le chemin qu’il a tracé pour nous : marcher dans l’amour, vivre avec compassion, et bâtir une Église qui embrasse tous.
Que sa mémoire continue de nous inspirer à aimer avec audace et à servir avec fidélité, nous rappelant toujours ces paroles qu’il aimait répéter : « Laissez-vous aimer par Jésus. » Car c’est dans cet amour que nous trouvons notre force et notre but, et c’est à travers lui que nous sommes appelés à transformer le monde.