Le prédécesseur du pape Léon XIV, le pape François, avait déjà intégré certains éléments de la doctrine sociale catholique dans l’approche de l’Église sur les questions liées à l’intelligence artificielle.
En décembre 2023, François avait exhorté les dirigeants du monde à réglementer l’IA dans un esprit de « recherche de la paix et du bien commun » et soulignait que l’innovation devait éviter une « dictature technologique » pour être mise au service de « la fraternité humaine et de la paix ».
En janvier, le Dicastère pour la Doctrine de la Foi a publié une note de 30 pages expliquant que l’IA manquait de « la richesse de la corporéité, de la relation, et de l’ouverture du cœur humain » et que l’innovation devait susciter « un regain d’estime pour tout ce qui est humain ».
Grabowski a déclaré à CNA qu’alors que l’IA continue de progresser et que l’Église formalise son enseignement sur cette nouvelle technologie, Léon XIV devra faire face à des problématiques similaires à celles rencontrées par Léon XIII au tournant du XXe siècle.
« La question demeure : comment utiliser les machines dans la production économique de manière à servir l’homme, sans le réduire à l’asservissement par la machine ? », a-t-il dit.
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L’IA est déjà intégrée dans de nombreux secteurs professionnels, notamment le marketing, la banque, la santé et le codage. Si son adoption peut améliorer l’exactitude et l’efficacité, elle suscite aussi des inquiétudes quant au remplacement potentiel de l’humain dans certaines tâches.
Un article du New York Times du 25 mai rapporte que certains développeurs de logiciels chez Amazon se plaignent que leur travail devienne routinier et vide de sens, une grande partie du codage étant désormais automatisée grâce à l’IA, tandis que d’autres employés se réjouissent de la productivité accrue.
En revanche, dans le domaine de la santé, un article publié en octobre 2024 par Forbes note que l’IA aide les médecins à détecter des anomalies chez les patients et à relier des symptômes pour améliorer la rapidité et la précision des diagnostics médicaux.
Concernant l’aide apportée par l’IA en médecine, Grabowski reconnaît : « Il peut y avoir des avantages », la technologie pouvant aider les médecins à « analyser les symptômes et peut-être identifier des éléments qu’un médecin humain ne remarquerait pas ».
« Nous n’y sommes pas opposés, mais comme toujours, il faut trouver un équilibre », a-t-il ajouté.
À l’image des plaintes rapportées chez Amazon, Grabowski a noté que le travail « de plus en plus mécanisé » suscite des préoccupations, et qu’avec l’IA, il y a une externalisation significative du « processus créatif » et de la « génération d’idées », notamment avec la capacité de produire de l’art ou des romans, ce qu’il qualifie de « quelque peu alarmant ».
« Il y a, dans les écrits de Léon XIII, cette notion du droit à un emploi significatif », a-t-il poursuivi. « Un travail qui permet l’épanouissement de la personne. »
Un autre principe de Rerum Novarum pertinent pour encadrer l’enseignement sur l’IA est celui du « respect de la propriété, notamment de la propriété productive », selon Grabowski, qui souligne qu’un enjeu actuel avec l’IA est le « respect des droits de propriété intellectuelle ».
« Il y a une grande inquiétude liée au fait que l’IA ne produit pas réellement de contenu original, mais recycle les mots et images créés par de vraies personnes, souvent sans les créditer », dit-il.
Grabowski considère que le choix du pape de prendre le nom de Léon est « enthousiasmant », étant donné que le monde traverse « une période charnière de l’histoire économique ». Il espère que les gens seront réceptifs à l’orientation morale attendue du Saint-Siège, et cite une phrase de G.K. Chesterton dans Ce qui ne va pas dans le monde :
« L’idéal chrétien n’a pas été essayé et jugé insuffisant ; il a été jugé difficile et laissé de côté. »