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Égypte : Tollé après une décision jugée comme une « altération » du système millénaire du monastère Sainte-Catherine

Une cour d'appel de la ville égyptienne d'Ismaïlia a statué que les moines du monastère Sainte-Catherine, dans la péninsule du Sinaï, avaient le droit d'utiliser le monastère et les sites du patrimoine religieux qui l'entourent. Toutefois, le tribunal a également réaffirmé que ces sites restaient la propriété de l'État et faisaient partie du domaine public égyptien.

Cette décision a suscité de vives inquiétudes au sein de l'Église orthodoxe grecque, qui a dénoncé ce qu'elle a décrit comme « une tentative de modifier un système en place depuis 15 siècles ».

En revanche, l'État égyptien s'est montré rassurant quant au statut du monastère.

Sa Béatitude Ieronymos II, archevêque d'Athènes et de toute la Grèce, a condamné le verdict comme une grave violation des libertés humaines, en particulier religieuses, déclarant que le monastère « subit une grande épreuve qui rappelle les périodes les plus sombres de l'histoire ».


Dans une déclaration officielle, l'archevêque a lancé un avertissement : « Les biens du monastère sont saisis et confisqués. Ce phare spirituel de l'orthodoxie et de l'hellénisme est aujourd'hui confronté à une véritable menace pour son existence. C'est avec une profonde tristesse et une grande indignation que j'appelle le gouvernement grec et les organismes internationaux à reconnaître l'ampleur de ce danger et à prendre des mesures urgentes pour sauvegarder les libertés religieuses fondamentales dans le monastère sacré du Sinaï ».

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En réponse, le bureau présidentiel égyptien a réaffirmé l'engagement total du pays à préserver le statut religieux et sacré unique du monastère Sainte-Catherine, soulignant que cette décision ne fait que renforcer son importance. La déclaration fait également référence aux récentes assurances données par le président égyptien Abdel Fattah El-Sisi lors de sa visite à Athènes au début du mois.

Un porte-parole du ministère égyptien des affaires étrangères a démenti les allégations selon lesquelles le monastère ou les terres environnantes auraient été confisqués. S'adressant à l'agence de presse Middle East News Agency, le porte-parole a précisé que la décision ne faisait qu'officialiser le statut juridique du monastère.

« Conformément à la décision du tribunal, et en reconnaissance de l'importance spirituelle et historique du monastère, les moines conserveront le plein usage du monastère et des sites religieux et archéologiques avoisinants. Les zones de réserve naturelle éloignées et inhabitées dont les documents de propriété n'ont pas été prouvés resteront sous la juridiction de l'État.


Le 30 mai, le patriarcat grec orthodoxe de Jérusalem a exprimé sa profonde inquiétude concernant ce qu'il a appelé la « saisie des terres entourant le monastère ». Dans une déclaration publique, le patriarcat a réaffirmé sa pleine autorité ecclésiastique et sa protection sur le site. Il a également salué les communications officielles des autorités égyptiennes, qui soulignent le respect de la sainteté et de la sécurité du monastère et rejettent toute idée d'empiètement.

Le monastère Sainte-Catherine est considéré comme l'un des sites chrétiens les plus importants d'Égypte, non seulement en raison de son héritage antique et de sa signification biblique, mais aussi de son symbolisme spirituel et culturel global. Fondé il y a plus de 1 500 ans, le monastère est toujours en activité et abrite une collection inestimable d'icônes byzantines et une bibliothèque de manuscrits rares et anciens.

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Cet article a d'abord été publié par ACI MENA, le partenaire d'information en langue arabe de CNA, et a été traduit et adapté par CNA.

Souheil Lawand