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Espérance en détresse : un consultant kényan du Vatican défend le journalisme de l'espérance

L’appel lancé aux journalistes catholiques à être des sources d’espérance dans leur message et leur manière de transmettre l’information peut devenir un véritable défi si chaque communicateur est lui-même en détresse, a déclaré une consultante kényane du Dicastère pour la communication du Vatican.

Dans un entretien accordé à ACI Afrique en marge des célébrations de la Journée mondiale des communications sociales 2025 (JMCS), organisées par le réseau des médias catholiques de l’Archidiocèse de Nairobi (ADN) le dimanche 1er juin, Sœur Adelaide Félicitas Ndilu a mis en lumière certains des défis qui pèsent sur les professionnels des médias catholiques au Kenya et qui nuisent à leur capacité à transmettre l’espérance.

« En tant que communicateurs catholiques, nous sommes appelés à donner de l’espérance aux gens. Mais parfois, c’est difficile, car nous avons aussi besoin que quelqu’un nous en donne », a confié Sœur Ndilu au cours de l’interview tenue à la paroisse catholique Saint Patrick de Thika, lieu de la célébration de la JMCS.

Elle a poursuivi : « En tant que journaliste catholique, peut-être que vous avez des problèmes dans votre mariage, peut-être qu’il y a des tensions au travail, peut-être aussi que quelque chose vous ronge intérieurement, et pourtant, vous êtes appelé à donner de l’espérance. »

Elle a également évoqué la faible rémunération des journalistes catholiques au Kenya comme un autre défi majeur qui freine la pratique du « journalisme de l’espérance ».

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Directrice de Radio Waumini, basée à Nairobi et gérée par la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB), elle a reconnu : « Les salaires que nous offrons à nos journalistes et au personnel des médias catholiques sont très bas. C’est pour cela que beaucoup ne restent pas ; ils arrivent, trouvent de meilleures opportunités ailleurs, et s’en vont. »

Elle a lancé cette interrogation : « Comment ce journaliste catholique peut-il donner de l’espérance quand lui-même est troublé, se sent déprimé, sans motivation ? Comment transmettre l’espérance dans de telles conditions ? »

Sœur Ndilu, membre des Sœurs du Cœur Immaculé de Marie (IHM), a par ailleurs dénoncé la pratique du journalisme traditionnel dominé par les mauvaises nouvelles, qui prévaut dans les médias grand public kenyans, et qui nuit au bien-être des consommateurs d’information, y compris des journalistes catholiques eux-mêmes.

« Quand je regarde les journaux télévisés sur les chaînes commerciales, du début à la fin, ce ne sont que de mauvaises nouvelles, rien qui donne de l’espérance », a-t-elle déploré. Depuis sa nomination en juillet 2022, elle siège également au conseil de SIGNIS Afrique, la branche africaine de l’Association catholique mondiale pour la communication.

Les drames et catastrophes sociales sont racontés, selon elle, « avec tant de négativité » que l’on se couche « le cœur lourd », se demandant : « Y a-t-il encore de l’espérance dans ce monde ? »

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« Je ne peux pas regarder les informations quand il n’y a que de la négativité », a-t-elle avoué. Soulignant l’urgence de passer du journalisme traditionnel à un journalisme constructif qui propose aussi des solutions, elle a ajouté : « C’est pourquoi nous, communicateurs catholiques, sommes appelés à donner de l’espérance. »

Pour elle, le professionnel des médias catholiques doit faire un effort conscient pour « communiquer un message d’espérance, surtout lorsque le monde autour de nous semble totalement négatif ».

Ancienne Secrétaire Exécutive nationale de la Commission pour les communications sociales de la KCCB, elle a souligné que les publics servis par les journalistes catholiques sont en quête d’espérance – y compris ceux qui pensent que « Dieu n’écoute pas mes prières », ou encore « cela fait longtemps que je prie pour un bon partenaire, mais rien ne vient ». Ce sont ces personnes, a-t-elle insisté, qui ont besoin d’un journalisme porteur d’espérance.

« Nous sommes appelés à être des porteurs d’espérance. Et même si je ne ressens pas cette espérance en moi, je crois toujours – et j’invite les jeunes à y croire – qu’il y a un lendemain lumineux », a affirmé Sœur Ndilu. Et d’ajouter : « Quand on parle d’espérance, c’est en réalité se projeter vers demain, croire que demain sera meilleur qu’aujourd’hui. »

Elle a lancé un appel : « Ne baissons pas les bras, même face à tant de négativité. »

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La consultante kényane du Dicastère pour la communication a souligné la nécessité pour le peuple de Dieu au Kenya de soutenir les médias catholiques du pays.

« Les médias catholiques ont besoin de soutien. Beaucoup de gens ne nous écoutent pas encore parce que nous ne les avons pas encore atteints. Nous ne sommes pas encore capables de rivaliser avec les médias commerciaux, car nous luttons encore », a-t-elle déclaré.

Et de conclure, en tant que membre du conseil de SIGNIS Afrique : « Nous lançons un appel à l’Église – l’Église au Kenya, l’Église en Afrique, l’Église dans le monde – pour qu’elle soutienne les médias, en particulier la communication en Afrique. »

ACI Afrique