Advertisement

« Ce carnage doit cesser » : Les évêques du Nigeria dénoncent les massacres et inondations comme un « affront à Dieu »

Les membres de la Conférence épiscopale catholique du Nigeria (CBCN) ont dénoncé les meurtres signalés dans l’État de Benue ainsi que les crises humanitaires dans les États de Benue et du Niger, qu’ils qualifient d’échec moral et constitutionnel des autorités et de trahison envers les membres sans défense des communautés concernées.

Dans une déclaration partagée avec ACI Afrique le vendredi 6 juin, les membres de la CBCN appellent à la fin des atrocités. Dans cette déclaration signée par le président de la CBCN, Mgr Lucius Iwejuru Ugorji, les évêques catholiques du Nigeria expriment également leur tristesse face aux inondations meurtrières qui ont frappé Mokwa et les zones environnantes dans l’État du Niger.

« Le cœur lourd et l’âme profondément meurtrie, nous, les membres de la Conférence épiscopale catholique du Nigeria (CBCN), condamnons avec la plus grande fermeté le massacre barbare de citoyens innocents dans l’État de Benue », déclarent-ils dans le communiqué daté du 6 juin.

Ils ajoutent : « Ces attaques de sang-froid contre des communautés sans défense, où d’innombrables personnes ont été massacrées, des maisons détruites et des familles plongées dans la détresse, constituent un affront à Dieu, une tache sur notre humanité commune et un effrayant rappel de l’effondrement total de la sécurité dans notre pays. »

« Rien ne peut justifier les effusions de sang continues devenues la réalité quotidienne pour de nombreuses personnes dans l’État de Benue et à travers le Nigeria. Les attaques incessantes contre des communautés innocentes et sans défense, sous le regard des autorités civiles, constituent un grave échec moral et constitutionnel. Ce carnage doit cesser », insistent les évêques catholiques du Nigeria.

Advertisement

Tout en reconnaissant les efforts du gouvernement de l’État de Benue en matière d’infrastructures, notamment la construction de routes et le paiement régulier des salaires, les membres de la CBCN notent que « peu importe à quel point un gouvernement paie bien les salaires ou construit des routes, son incapacité à protéger les vies humaines rend ses réalisations vaines ».

« La sainteté de la vie humaine est suprême. Elle est sacrée. Elle est inviolable », insistent-ils, avant d’ajouter : « Tout gouvernement qui ne fait pas de la sécurité et de la protection de ses citoyens et de leurs biens sa priorité absolue abdique sa responsabilité fondamentale et sa légitimité morale. »

Dans leur déclaration du 6 juin, les dirigeants de l’Église catholique appellent à une action immédiate et exhortent les gouvernements fédéral et étatiques à « aller au-delà des discours et à prendre des mesures immédiates, fermes et durables pour sécuriser les vies humaines et redonner espoir à notre peuple ».

Ils exigent que les auteurs soient identifiés et traduits en justice, soulignant que « chaque vie nigériane compte » et que « chaque mort dans de telles circonstances est une tragédie nationale et un scandale contre notre humanité commune ».

Plusieurs communautés de l’État de Benue au Nigeria sont en deuil après une nouvelle vague d’attaques attribuées à des éleveurs peuls présumés.

Plus en Afrique

Plus de 170 chrétiens auraient été tués pendant la période de Carême et la Semaine Sainte dans la ceinture centrale du Nigeria, avec au moins 72 décès signalés dans l’État de Benue uniquement durant le Triduum pascal, entre le 18 et le 20 avril.

Les attaques, attribuées à des militants peuls, ont visé des communautés agricoles chrétiennes dans les comtés d’Ukum et de Logo, suscitant des inquiétudes quant à une persécution religieuse et à l’inaction du gouvernement dans cette nation d’Afrique de l’Ouest.

Dans une interview accordée à ACI Africa le 4 juin, Mgr Wilfred Chikpa Anagbe, évêque du diocèse catholique de Makurdi au Nigeria, a dénoncé la poursuite de ces attaques meurtrières dans son diocèse, les qualifiant de « génocide ».

Les récentes vagues de violence comprennent le massacre de plus de 20 personnes le 25 mai et l’attaque meurtrière du 1er juin qui a fait au moins 13 morts.

Ces attaques perpétuent un schéma de violence qui, selon Mgr Anagbe, vise à modifier la composition démographique de l’État de Benue, où la population musulmane est faible.

Advertisement

Le 1er juin, les membres de l’Association des prêtres diocésains catholiques du Nigeria (NCDPA) du diocèse de Makurdi ont condamné cette vague d’attaques ciblées, les qualifiant de « persécution systématique des chrétiens », délibérément orchestrée pour déstabiliser et affliger leur évêque, Mgr Anagbe.

Dans leur déclaration du 6 juin, les évêques catholiques du Nigeria se prononcent également sur la crise humanitaire à Mokwa, dans l’État du Niger, où de graves inondations ont causé des décès, des déplacements de population et la destruction d’infrastructures.

« L’ampleur de cette catastrophe exige des efforts de secours et de réhabilitation urgents et coordonnés pour redonner espoir et dignité aux communautés touchées », déclarent les membres de la CBCN.

Ils ajoutent : « Nous saluons la réponse du gouvernement jusqu’à présent, mais appelons à une action plus globale et empreinte de compassion pour soutenir les victimes, alléger leurs souffrances et reconstruire les zones sinistrées. »

Les évêques catholiques du Nigeria appellent également les autorités à « prendre des mesures proactives et préventives pour réduire le risque de futures catastrophes et mieux protéger les communautés vulnérables ».

« Aux endeuillés, déplacés, traumatisés et blessés, nous adressons la plus profonde sympathie et la proximité spirituelle de l’Église catholique du Nigeria. Nos cœurs saignent avec vous », déclarent-ils.

Les dirigeants de l’Église catholique implorent : « Nous prions pour que la miséricorde du Christ accorde le repos aux âmes des défunts et la consolation à tous ceux qui souffrent. Amen. »

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.