Johannesburg, 09 juin, 2025 / 9:41 (ACI Africa).
Le don des langues manifesté le jour de la Pentecôte n’est pas seulement un symbole d’unité à travers la diversité linguistique, mais aussi un appel divin à transcender les différences fondées sur la culture, la nationalité et l’ethnie, a déclaré le Cardinal Stephen Brislin de l’Archidiocèse catholique de Johannesburg en Afrique du Sud.
Dans son homélie du dimanche de la Pentecôte, prononcée à la Cathédrale Christ-Roi de son siège métropolitain, le Cardinal Brislin a insisté sur la nécessité de comprendre le sens plus large de ce que l’Esprit Saint peut permettre aux croyants d’accomplir.
« Le don des langues, et l’unité qu’il a suscitée, ne doit pas être interprété de manière restrictive comme un simple don de parler diverses langues », a-t-il affirmé au cours de la messe du dimanche 8 juin, célébrée avec la communauté zimbabwéenne de Johannesburg.
Le don des langues, a-t-il expliqué, « est bien plus vaste et implique que, par le seul Esprit Saint, les différences culturelles, nationales et ethniques sont surmontées, et la diversité est réunie dans l’unité par la foi en Jésus-Christ. »
Le Cardinal sud-africain a déploré que, malgré l’intention initiale de Dieu d’établir l’harmonie dans sa création, le monde soit « souvent marqué par la division, les conflits et la discorde. »
« Dans le livre de la Genèse, nous voyons l’humanité créée à l’image de Dieu et appelée à vivre en communion avec Dieu, avec elle-même, avec les autres, et même avec la création », a-t-il déclaré, ajoutant que « les luttes politiques, les divisions sociales et les désaccords personnels menacent le tissu de nos communautés. »
Le Cardinal Brislin a lancé un défi aux chrétiens : prendre les devants dans la promotion de l’unité, soulignant que « comme disciples du Christ, nous sommes appelés à un standard plus élevé – un appel divin à rechercher activement et à incarner l’unité. »
« L’unité ne signifie pas l’uniformité », a-t-il poursuivi, avant d’ajouter : « La beauté de l’Église réside dans la diversité de ses membres, chacun doté de dons uniques de l’Esprit Saint. C’est une richesse donnée à l’humanité et à l’Église. »
L’individualité de chaque personne, y compris « votre origine, votre langue, votre culture, vos expériences et vos dons, fait partie intégrante du Corps du Christ », a déclaré le Cardinal Brislin, en se référant à la Première Lettre de saint Paul aux Corinthiens.
« C’est précisément cette diversité qui enrichit notre communauté, nous permettant de refléter la nature multiforme de l’amour de Dieu », a affirmé l’Ordinaire local de Johannesburg, qui est également président de la Conférence des évêques catholiques d’Afrique australe (SACBC).
Il a poursuivi : « Dans notre quête d’unité, nous devons reconnaître et honorer ces différences. Plutôt que de les laisser nous diviser, nous devons les célébrer. »
Il a mis en garde contre « les ennemis de l’unité », tels que « l’orgueil, les préjugés, l’incapacité à pardonner ou à demander pardon, et l’incompréhension », affirmant que ces attitudes « ne doivent pas avoir leur place dans nos cœurs. »
« Au contraire, nous devons aspirer à une compréhension plus profonde, en accueillant le dialogue et la compassion, et en apprenant les uns des autres », a déclaré le cardinal sud-africain de 68 ans, qui a commencé son ministère épiscopal en janvier 2007 en tant qu’évêque du diocèse catholique de Kroonstad.
Dans son homélie de la Pentecôte, le Cardinal Brislin a également souligné la nécessité de relations fondées sur l’humilité et l’amour comme moyen de promouvoir une véritable unité.
« Demandons-nous : comment pouvons-nous manifester l’amour du Christ envers ceux avec qui nous sommes en désaccord ? Comment pouvons-nous être des artisans de paix dans nos communautés ? » a-t-il interrogé, expliquant que l’amour du Christ « commence par l’écoute, la compréhension et la reconnaissance de notre dignité commune en tant qu’enfants de Dieu. Il exige aussi la volonté de rechercher l’unité. »
Le cardinal sud-africain a rappelé aux chrétiens que la recherche de l’unité comporte souvent un prix à payer. Cette quête « exige le sacrifice, l’humilité et la disposition à mettre les autres avant nous-mêmes », a-t-il dit.
Poursuivant, il a reconnu que la recherche de l’unité peut être inconfortable, notamment lorsqu’il s’agit de renoncer aux rancunes, mais il a ajouté que « lorsque nous centrons notre regard sur le Christ notre Sauveur et sur notre mission commune d’aimer et de servir, nos différences deviennent moins importantes. »
« Nous pouvons puiser notre force dans nos luttes, car elles peuvent approfondir notre vie spirituelle et notre communion avec Dieu », a déclaré le responsable de l’Église catholique sud-africaine, l’un des 21 nouveaux cardinaux nommés par le pape François après la prière de l’Angélus le 9 juillet 2023, et créés cardinaux lors du consistoire du 30 septembre 2023.
Il a expliqué : « Aussi difficiles que puissent être les relations, surtout lorsqu’il s’agit de respecter et d’accepter ceux qui sont différents de nous, le combat pour y parvenir affine notre caractère et approfondit notre christianisme. Lorsque nous affrontons les défis ensemble, nous devenons plus résilients et unis dans notre mission. »
« Alors que nous réfléchissons à l’unité, envisageons des moyens concrets de l’incarner dans nos vies. Comme toujours, nous devons commencer par ceux qui nous sont les plus proches — notre famille, nos amis et notre communauté », a déclaré le Cardinal Brislin dans son homélie du 8 juin.
Il a lancé un appel à des initiatives en faveur de l’unité parmi le peuple de Dieu, déclarant : « Alors que nous célébrons la Pentecôte, le jour où les divisions de Babel dans l’Ancien Testament sont renversées, réfléchissons à ce que nous pouvons faire pour promouvoir l’unité et bâtir des ponts avec les autres. »
Construire des ponts demande du courage, a reconnu le Cardinal Brislin, ajoutant : « Aller vers ceux qui ont pu nous offenser, offrir le pardon ou le demander lorsque nous avons tort, est une étape essentielle vers la promotion de l’unité. »
« Trop souvent, c’est l’orgueil qui nous freine et nous empêche de nous abaisser. Pourtant, la communion et les bonnes relations avec les autres exigent de l’humilité », a-t-il conclu.