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Des chercheurs explorent des moyens de pérenniser les monastères de religieuses catholiques en Afrique

Une étude sur la situation des monastères répartis à travers l’Afrique a révélé une grave pénurie, certaines religieuses vivant dans des communautés sous des toits qui fuient, incapables de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires.

Les résultats de l’étude intitulée « Évaluation des besoins des monastères de religieuses catholiques en Afrique subsaharienne : le cas de la Conférence des communautés contemplatives du Kenya (CCCK) et de ses monastères affiliés dans l’Afrique anglophone », ont été présentés lors du symposium de recherche tenu du 10 au 12 juin, organisé par le Centre pour la recherche sur la vie religieuse et l’apostolat (CERRA-Africa), basé au Kenya.

Présentant les résultats, le Dr Jacob Jeketule Soko, membre du comité de gestion de la recherche de CERRA-Africa, a reconnu le rôle spirituel essentiel des monastères et souligné la nécessité de trouver des moyens pour soutenir leur développement.

Le Dr Jeketule a noté que, depuis longtemps, les monastères en Afrique ont reçu peu d’attention dans la recherche, ce qui les a fait accuser un retard en matière de développement.

Maître de conférences à l’Université Tangaza (TU), une institution catholique d’enseignement supérieur basée au Kenya et co-gérée par 22 congrégations religieuses, le chercheur a expliqué que l’objectif de l’étude menée dans 26 communautés cloîtrées de personnes consacrées en Afrique subsaharienne était « d’identifier les besoins des monastères et les solutions potentielles. »

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« Nous avons compris que les monastères jouent un rôle spirituel fondamental dans l’Église. Ceux qui y vivent sont considérés comme des guerriers spirituels. Malgré leur grande contribution à la prière pour nous, très peu de recherches ont été faites sur les monastères », a déclaré le Dr Jeketule dans sa présentation du mercredi 11 juin.

Il a ajouté : « L’étude montre qu’au fil des années, les monastères ont été essentiellement laissés de côté, non pas intentionnellement, mais probablement parce qu’ils étaient dans l’ombre. »

Parmi les 26 monastères étudiés, 18 se trouvent au Kenya, les autres étant situés dans d’autres pays mais en lien avec le Kenya.

Les chercheurs ont découvert que, outre les problèmes d’infrastructure et d’accès aux services de base tels que la santé, la majorité des monastères rencontrent des difficultés pour recruter de nouveaux membres.

« Nous avons constaté que les monastères sont vides à 43 %, ce qui appelle à promouvoir les vocations à la vie monastique », a déclaré le Dr Jeketule, ajoutant que la plupart des religieuses dans ces monastères ont entre 26 et 35 ans.

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Selon l’étude, 60 % des religieuses ont prononcé des vœux solennels, tandis que 17 % sont encore sous vœux temporaires.

« Le nombre de novices dans les monastères reste très faible », a précisé le chercheur.

L’étude révèle également que les religieuses utilisent des équipements obsolètes et donc inefficaces pour la production d’hosties et d’autres produits destinés à leur subsistance.

Des problèmes d’entretien des bâtiments ont aussi été signalés, notamment des toits qui fuient, des blocs de monastères inachevés, et l’absence d’assurance médicale dans la majorité des cas — 15 des 26 monastères interrogés ont déclaré ne pas avoir d’assurance santé.

« Imaginez, lorsqu’une sœur tombe malade, que se passe-t-il ? », s’est interrogé le Dr Jeketule.

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Il a aussi mentionné les murs d’enceinte qui s’écroulent dans plusieurs monastères, exposant les religieuses à des risques sécuritaires.

Par ailleurs, les religieuses ne possèdent pas de compétences en marketing pour vendre leurs produits. « Elles fabriquent de belles bougies, hosties et autres produits artisanaux, mais leur commercialisation reste un défi », a-t-il noté.

Certains monastères manquent également de structures de base comme des infirmeries, des bibliothèques, voire même des chapelles. L’électricité fait souvent défaut, tout comme les moyens de transport, et les religieuses utilisent encore du bois de chauffe pour cuisiner.

Le chercheur a aussi relevé des problèmes d’approvisionnement en eau et d’évacuation des eaux usées, ainsi que des infrastructures inadaptées aux personnes âgées ou handicapées.

« Nous avons observé des toitures qui fuient, un nombre insuffisant de forages, et l’absence de systèmes de collecte des eaux de pluie. Les infrastructures ne sont pas adaptées aux personnes âgées ou malades », a-t-il souligné.

Les chercheurs ont recommandé l’installation de panneaux solaires et de systèmes de biogaz pour réduire les coûts énergétiques.

« Il est aussi nécessaire de trouver une couverture médicale adéquate pour nos sœurs dans les monastères », a proposé le Dr Jeketule.

Il a suggéré une spécialisation des monastères pour éviter la concurrence entre eux et renforcer leur autonomie.

Il a également plaidé pour la formation des religieuses à la commercialisation de leurs produits.

Le symposium, tenu à l’Université catholique d’Afrique de l’Est (CUEA) à Nairobi, a réuni des chercheurs de divers Instituts de Vie Consacrée et Sociétés de Vie Apostolique (IVCSVA) du continent, ainsi que des partenaires de CERRA-Africa venus d’autres continents, partageant leurs expériences apostoliques.

Ce symposium, le tout premier du genre en Afrique, a permis aux religieuses chercheuses de collaborer entre elles et avec d’autres, afin d’identifier les défis liés à la vie religieuse pour initier des projets futurs.

Les participants ont présenté des expériences dans les domaines de la formation religieuse, de l’éducation, des soins pastoraux, de la santé, de la prise en charge des personnes âgées, et d’autres services sociaux.

Agnes Aineah