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« Il est temps d’agir » : un évêque nigérian presse le gouvernement d’arrêter les attaques meurtrières au Benue

Mgr William Amove Avenya, évêque du diocèse catholique de Gboko au Nigeria, a lancé un appel pressant en faveur d'une action urgente pour mettre fin à ce qu’il décrit comme des « attaques non provoquées et des meurtres de personnes innocentes » dans l’État de Benue, au Nigeria.

Dans une déclaration publiée le mardi 17 juin, Mgr Avenya dresse un sombre tableau de près de deux décennies de violence incessante, de déplacements et de souffrances dans l’une des régions les plus troublées du Nigeria.

« Depuis environ 20 ans, l’État de Benue est témoin de meurtres en série, de mutilations et de l’expulsion de milliers d’autochtones de leurs terres ancestrales, avec la destruction complète de leurs moyens de subsistance », déplore l’évêque nigérian dans une déclaration intitulée « Un cri d’angoisse de la vallée du Benue ».

Il ajoute : « Beaucoup de ceux qui ont été contraints de fuir leurs maisons vivent dans des camps pour personnes déplacées internes (PDI), dans des conditions extrêmement inhumaines, pris en charge essentiellement par des organisations caritatives, tandis que d’autres sont hébergés par des proches. »

Malgré ce tableau alarmant, Mgr Avenya affirme : « Ce dont nous avons besoin, c’est de la paix, et ce n’est pas trop demander. Le jeu des reproches a assez duré. Il est temps d’agir. »

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« Nous avons déjà pleuré à maintes reprises, et nous continuerons à pleurer. Même si rien n’est fait à la fin, il restera au moins une trace de notre appel à l’aide, mais les autorités compétentes seront reconnues coupables de négligence face à notre détresse », poursuit-il.

Le 13 juin, des militants islamistes peuls ont attaqué la ville de Yelewata, dans l’État de Benue, tuant au moins 200 personnes selon les rapports, dans ce que des organisations humanitaires internationales ont qualifié de « pire massacre » dans cette région du Nigeria.

Lors de cette attaque largement condamnée — et pour laquelle le pape Léon XIV a exprimé sa proximité spirituelle avec les victimes — les assaillants auraient ciblé des chrétiens déplacés, incendié les bâtiments où des familles s’étaient réfugiées, et attaqué à la machette ceux qui tentaient de fuir.

Dans son message du 17 juin, Mgr Avenya affirme que la prière de solidarité du pape Léon XIV lors de l’Angélus du dimanche 15 juin « est à la fois une consolation et un encouragement ».

« Nous n’oublierons pas de mentionner les nombreuses personnes et groupes qui ont témoigné de leur solidarité envers l’État et les victimes de cette insécurité accablante », déclare le prélat.

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Il poursuit en évoquant les gestes de générosité : « Beaucoup ont fait don de ressources — argent, vivres, produits de première nécessité — en réponse à l’aggravation de la crise humanitaire causée par ces attaques, tandis que d’autres ont offert bénévolement leurs services dans les différents camps. »

« Tous ces efforts, nés de la solidarité avec les plus démunis, constituent un appel collectif à la paix dans notre État, et dans tout le pays », poursuit l’Ordinaire local du diocèse de Gboko, en poste depuis son installation en février 2013.

Il exhorte les autorités nigérianes à « assumer pleinement leur responsabilité première de protection des vies et des biens des citoyens ».

Tout en reconnaissant certains efforts du gouvernement, Mgr Avenya les juge « largement insuffisants, pour dire le moins ».

Il dénonce ce qu’il appelle un « théâtre de complications », faisant référence aux accusations et contre-accusations entre différents groupes, et au manque apparent de volonté politique pour mettre fin à la violence :

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« Un crime reste un crime, peu importe qui le commet, et le meurtre de personnes innocentes, sous quelque prétexte que ce soit, est totalement inacceptable », affirme-t-il.

Dans sa déclaration, Mgr Avenya pointe particulièrement du doigt les attaques continues des éleveurs peuls qui, selon lui, « ont envahi des communautés du Benue et d’autres États de la région du Middle Belt et au-delà, tuant, déplaçant les survivants et occupant sans gêne leurs terres ancestrales ».

L’évêque catholique nigérian met également en lumière les efforts inlassables de l’Église catholique et d’autres acteurs préoccupés qui, rappelle-t-il, ont toujours condamné la violence.

Il se souvient d’une lettre pastorale conjointe publiée en 2015 par les évêques catholiques sur l’État de Benue, intitulée « Que la paix règne », qui mettait en garde contre la montée de la violence politique et de l’anarchie, ainsi que des nombreuses visites et appels adressés aux dirigeants nigérians, y compris aux présidents successifs.

« Au fil du temps, la situation n’a fait qu’empirer, et les assaillants sont devenus de plus en plus audacieux. Aujourd’hui, un citoyen moyen du Benue se réveille en se demandant non pas s’il y aura de mauvaises nouvelles, mais de quelle partie de l’État elles viendront », déplore-t-il.

Malgré les souffrances, le diocèse catholique de Gboko, selon Mgr Avenya, continue de rester solidaire du peuple du Benue et des autres victimes dans toute la région du Middle Belt.

« Bien que nous soyons blessés nous-mêmes, nous tendons la main aux autres dans une fraternelle solidarité », affirme-t-il.

Exprimant l’espérance chrétienne avec les paroles de saint Paul (2 Corinthiens 4, 8-9), l’évêque de 69 ans, qui a commencé son ministère épiscopal en janvier 2009 en tant qu’évêque auxiliaire du diocèse de Makurdi, déclare : « Nous sommes accablés de toutes parts, mais non écrasés ; déconcertés, mais non désespérés ; persécutés, mais non abandonnés ; terrassés, mais non anéantis. »

Mgr Avenya appelle tous les Nigérians à unir leurs efforts pour construire la paix, invoquant l’intercession de la Vierge Marie :

« Que la Bienheureuse Vierge Marie, consolatrice des affligés, intercède pour nous dans sa sollicitude maternelle, et que Dieu, pour qui rien n’est impossible, nous accorde la paix et la joie durables. Amen », implore l’évêque nigérian dans sa déclaration du 17 juin.

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.